La vie est étonnante.

Un jour vous partez de chez vous un peu (beaucoup) alourdie mais parfaitement identique, à quelques détails anatomiques près, à ce que vous étiez toutes les années précédentes. A ce que vous avez mis trente ans à devenir.

Et moins d'une semaine plus tard vous passez des heures à observer naître une série de mimiques, pas encore coordonnées mais pleines de sourires sur le visage d'un bébé qui s'est installé dans la chambre du fond. En vous foutant à peu près totalement des changements irrémédiables survenus à votre pauvre enveloppe corporelle légèrement malmenée.

D'aucuns diront qu'en neuf mois, il y avait le temps de s'y préparer. Et pourtant c'est drôle comme j'arrive à peine à faire le lien entre cet état transitoire de grossesse et la petite bestiole odorante (pour le meilleur et pour le pire), gesticulante, parfois bruyante (ah satanées coliques du nourrisson) et surtout remplie d'une instinctive et absolue confiance en ses parents. Etre enceinte, c'était attendre un enfant encore très abstrait. Maintenant nous sommes parents d'un bébé qui est une personne à part entière, avec une bouille, un nom, des besoins déjà affirmés, j'en passe...

Tout est changé et pourtant nous sommes les mêmes. (D'ailleurs, pour les incrédules, pour notre premier dimanche en famille, première semaine de Cro-Mignonne, nous avons même réussi à maintenir les oeufs brouillés au saumon. Une organisation sans faille, je disais d'ailleurs l'autre jour à un blogueur avec qui nous pratiquons le même genre de métier que c'était un avantage certain dans la gestion du quotidien un peu bouleversé que de pratiquer l'art du bordel hyper organisé à titre professionnel quand on devient parent !).

La fatigue un peu, pas tant. Disons qu'en faisant le pro-rata entre le nombre d'heures dormies cette dernière semaine et notre état, on est en super forme tous les deux. S'attendre à une petite baisse de tension, sans doute. S'émerveiller devant les capacités d'adaptation du corps humain, aussi.

Et un vague étonnement à se dire qu'on a jamais autant parlé de texture de caca de sa vie (c'est un vrai sujet initiatique de parents confirmés à jeunes parents, il semblerait). Ce qui, quand on connait mon père et mon frère, est un exploit certain, que de trouver qu'on en parle beaucoup :-D