Les histoires familiales me font penser à cet énervant jeu où les cases mêlées doivent après de savantes manipulation reconstituer un tableau, le taquin.

A chaque personne qui meurt, à chaque enfant qui naît, les pièces de la tribu que nous sommes changent de place. Parfois ceux qui se trouvaient côte à côte sont dispersés à chaque angle du taquin, alors que d'autres méconnus jusqu'alors se rapprochent considérablement.

Il arrive que le tableau d'ensemble soit harmonieux, que chacune des pièces soit satisfaite de son sort, j'imagine. Et puis, souvent, le résultat ressemble à un tableau de Picasso, l'oeil de l'un, la bouche de l'autre ne sont pas vraiment à la place à laquelle on les attend.

Et quoi qu'il en soit il faut composer avec.

Nous sommes, dans nos deux familles, en plein mouvements de pièces. Il est encore probablement trop tôt pour savoir à quoi ressemblera le nouveau tableau, et comment il faudra s'y faire.

Une chose est sûre, nous savons déjà qui occupe la place centrale à nos yeux. Et c'est bien là le plus important. D'ailleurs, je vous laisse, je vais la regarder dormir un peu...

(Une autre pièce du taquin il y a presque 31 ans)