PORTRAIT
Par Chiboum le lundi 31 juillet 2006, 08:59 - All about Chiboum - Lien permanent
Il y a quelques années je suis partie en vacances en Tunisie, toute seule, en plein mois d'octobre, pour raison de jours à solder et de peine de coeur à divertir.
J'y ai rencontré un photographe qui gagnait sa vie en tirant le portrait des touristes de passage. Ne voyez pas dans cette rencontre quelque aventure exotiquement amoureuse, je suis surtout tombée face à face avec une manière de grand frère, qui m'a fait visiter Tunis, découvrir les bonheurs infinis d'un complet de poisson à la Goulette et remis quelques idées en place.
On en parlait avec Gilda il y a quelques jours, il y a des rencontres comme ça qui, pour brèves qu'elles puissent être, vous apparaissent comme des révélations sur les rails à emprunter, les chemins à suivre.
Bref, à l'époque je me demandais si je n'allais pas me mettre plus sérieusement à la photo et Khaled m'a alors expliqué sa conception du portrait.
Il disait que dans un portrait, on voit tout de suite quel oeil le photographe pose sur son sujet. Il disait que quand la personne était belle sur la photo, quand le cadrage était impeccable du premier coup, la lumière et ses jeux parfaits, l'expression spontanée autant qu'agréable, on savait à coup sûr que le photographe aimait son sujet. Et inversement.
Il disait que ses portraits de touristes n'étaient pas bons parce qu'il ne les regardait pas vraiment, que lui ce qu'il aimait, c'était prendre son pays en photo, les gens dans les rues affairés à leur vraie vie, mais qu'il fallait bien manger, aussi.
Je crois qu'il avait oublié une dimension. Le talent. Tout simplement. Peut-être parce qu'il en avait beaucoup ?
En tout cas j'aime cette explication pas très juste. Elle se rapproche de ce à quoi je crois, à la beauté dans l'oeil de celui qui aime. Et dont on a déjà parlé ici, d'ailleurs.
Commentaires
(preums!)
j'aime beaucoup ta conclusion chère Anne
Je sais, chère nam-nam. Non pas que je me glorifie de tout savoir, mais je sais qu'on vibre pareil ^^ et (k)
oui oui sans doute...
J'aime ta fin moi aussi... ^^
Oui, les plus belles photos sont faites avec le coeur. C'est pour ça que j'aime autant le travail de Richard ; parce qu'indépendamment d'un talent de photographe évident et foudroyant, il y a une telle sensibilité dans ses photos et une telle tendresse pour ses sujets, que ce soit un animal ou un vieil avion rouillé en train de mourir dans un pré.
Tu m'as l'air dubitatif, mon amour ! Pourtant que tu es beau, sur mes photos et dans mes yeux...
Merci Véronique. En ce qui concerne Richard, j'apprécie aussi son immense technicité, si je puis m'exprimer ainsi. Bref, c'est un bon !
Les yeux de l'amour en photographie, et dans la vie tout court, qu'est-ce que c'est bon ! Bonne journée.
Quelle jolie et pertinente conclusion vous donnez à ce billet. Je l'enregistre dans ce qui reste de mon neurone orphelin.
Ce billet et une petite conversation que j'ai eue hier avec une amie m'ont décidé à faire, dés que je serai revenu dans mon île de fous, cet automne, une chose à laquelle je songeais depuis quelques temps déjà. On l'aura remarqué, il y a actuellent dans les kiosques plusieurs revues qui parlent de la Corse. On y découvre de sublimes paysages. Mais ce sont tous ou presque des paysages… d'été. C'est dommage, car l'âme de mon pays se découvre aussi et surtout durant les autres saisons. Et qui n'a pas passé quelques jours en Corse au mileu de l'hiver ne peut prétendre la connaître.
Comme je vais m'accorder un petit trimestre sabatique, je vais donc en profiter pour me promener et photographier ma Corse, celle qu'en général on ne voit pas sur les pages en papier glacé des magazines. Je metttrai régulièrement en ligne ces shoots sur mon blog (ou sur un blog dédié, je ne sais pas encore).
Pour le talent, par contre, je ne garantis pas. :-)
Fauvette, le pire c'est d'en être convaincue pour les autres et jamais pour soi, mais ça c'est une toute autre histoire ! Je t'embrasse.
Sambuccuciu, la conclusion n'est en fait qu'une allusion à ce post un peu ancien. Et j'ai hâte de voir ça, je pense que l'oeil amoureux d'un pays, ça marche aussi bien pour les photos.
Alors moi je dirais, des fois on fait des photos avec le coeur et on les rate quand même. Mais celles, et particulièrement les portraits, qu'on réussi, c'est forcément qu'on y a mis notre âme.
De toute façon, l'amour et la passion se reflètent partout, et quel que soit le moyen utilisé.... Et pour ce qui est des rencontres marquantes, oui, elles jalonnent notre vie et sont d'autant plus précieuses quand on sait les reconnaître... Ca donnerait presque envie de se mettre vraiment à faire de la photo, ton billet :-P
Gilda, j'aime bien la pondération que tu apportes avec ce commentaire. (Et j'ai vu que j'avais de la lecture, j'attends une sieste de Cro-Mignonne pour lire attentivement, sinon je rate des mots avec elle qui fait le pitre à côté).
Flloh, chose que je n'ai pas faite !