MONOCLE
Par Chiboum le lundi 18 septembre 2006, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
J'avais deux oncles, un de chaque côté de la famille, je n'en ai plus.
Le plus jeune avait 19 ans (pas tout à fait) quand je suis née.
Il devait trouver que c'était un peu étrange ce machin gesticulant. Je me souviens d'une photo où il avait l'air un peu empêtré avec moi dans les bras.
Je crois qu'il n'avait pas tellement l'intention de s'adapter à ce qu'est un enfant, ce qui fait qu'il a décrété assez rapidement que c'était moi qui devait m'intéresser au monde des grands. C'est ainsi qu'il m'a offert mon premier album de "grande musique" quand j'avais 7 ou 8 ans, je crois. C'était Carmen, avec Julia Migenes-Johnson, Placido Domingo et Ruggiero Raimondi.
Du coup je chantais "Sous les remparts de Seville" dans la cour de récré. De toute façon, je n'aimais pas Chantal Goya.
En même temps, on était pas forcément très proches, lui et moi. De fait, nos univers étaient un peu lointains.
Puis quand j'ai eu une quinzaine d'années, ça c'est décoincé. On s'est mis à se parler beaucoup, c'était le seul adulte de ma famille à ne pas vivre trop loin et à ne pas se prendre pour un vieux, d'une certaine manière. D'ailleurs c'est précisemment ce que lui reprochait le reste de la famille ! Je l'appelais Monocle, par dérision envers une tante qui voulait que ses filles appellent mes parents "Mon oncle (Monocle) et ma tante". Lui me répondait "Ma niaise" (ma nièce).
Il travaillait dans la pub avec ce que ça pouvait donner de pire dans les années 80, la fête, la flambe.
Il est mort quand j'avais dix huit ans. Et ça ne fait pas si longtemps que j'ai perdu le réflexe de prendre le téléphone pour lui raconter mes histoires (vous savez, le geste qu'on retient juste à temps, parce qu'on avait oublié qu'il n'y a plus personne à ce numéro... ).
J'y pensais l'autre jour en me disant qu'en décembre prochain, il aurait eu 50 ans. Je crois que ça ne lui aurait pas plu tant que ça. Ou alors qu'il aurait été un quinqua bien déjanté. Je n'en sais rien, je m'en fous. Je souris entre les larmes en pensant à une fameuse balade dans sa 205 décapotable, pendant laquelle on a vitupéré sur tous ceux qui nous faisaient des misères.
C'était bien. Trop court, mais bien.
Commentaires
comment ça se fait que tu ne sois pas devenue chanteuse d'opéra ? J(
c'est chouette d'avoir eu un oncle comme ça, même trop brièvement. J'ai bcp plus d'oncles que toi, ils sont tous vivants, mais je ne leur dirais rien qui ne soit pas superficiel, même si on s'aime bien et que les réunions de famille sont agréables de chaleur familiale.
tirui, oui c'est chouette. Mais je trouve qu'à mon jeune âge, il y a déjà tellement de gens que j'aimais si fort et pour qui ça a été trop court...
Pour ma carrière, je pense que le monde entier est passé unanimement à côté de mon talent. J'envisage de me couper l'oreille l'an prochain et de mourir dans une pauvreté sans nom afin qu'ENFIN, on reconnaisse mes dons à leur juste valeur. Il faudra aussi que je prenne quelques cours de chant, peut-être :-E
Il avait l'air bien sympa, dans le genre des garçons de ma génération, du temps où on trouvait encore des hommes, des vrais ! ;-))
Il m'aurait plu, je crois...
Samantdi, oui, il était très dans l'air de son temps ! Je pense qu'une partie de lui t'aurait plu, probablement. En même temps, même si c'est très drôle à raconter, sa totale irresponsabilité conjuguée avec un talent certain pour se coller dans des ennuis sans fond étaient un peu difficiles pour l'entourage !
Bon, j'ai une tonne et demi de boulot et pas encore commencé à m'y mettre, hop, je ferme cet agrégateur de la tentation pour le moment...
Oui, c'est bien cette relation, même si ça n'a été que furtif, c'est bien d'en avoir le souvenir quand même.
T'arrêtes de me mettre la larme à l'oeil ? :-? C'est très beau...
Petite larme à te lire :-( ... Et tendresse :) ... Et sourire aussi ^^ ... Tu transmets et je reçois tes émotions ... bises (k) !
FD , oui c'est dans ces cas là qu'on se trouve chanceux de n'être pas amnésique :-)
L'Amoureux, gniark ! Et merci.
Tendre Luciole, comme l'inverse est vrai aussi, j'imagine que nous sommes sur la même longueur d'ondes... et j'en suis ravie ! (k)
Te voilà d'humeur mélancolique en ce moment ?
J'ai l'impression que -pourvu que la famille soit suffisement nombreuse- il y a souvent un Tonton ou une Tata pas comme les autres, et qu'on aime rien que pour ça.
Tu veux bien nous podcaster "les remparts de Séville" dis ? :-x T-T :)
Pour le podcast, t'as qu'à croire, LaVitaNuda ;-))
Je ne sais pas vraiment dans quelle humeur je suis, en fait. J'ai mis tout un tas de choses à décanter sur le côté en me disant "on verra bien".
Mais je crois que c'est à Junko que je répondais ça vendredi, depuis que Cro-Mi' est née, je me sens vraiment maillon de la chaîne et c'est vrai que j'ai une sorte de nostalgie ou de goût de trop peu de choses douces et belles d'antan. Je me rends compte que j'ai vécu plus longtemps sans mon grand-père qu'avec, par exemple, et c'est dur, comme constat, alors qu'il a tant compté (Comté !) dans ce que je suis devenue.
Pour autant, je ne suis pas sûre d'être d'humeur triste ou mélancolique ces jours-ci. Ou peut-être que si mais que je ne me le suis pas encore dit, alors mes doigts parlent à ma place ?
Bah. On s'en fout, mélancolique ou pas, de toute façon, il faudra se lever demain, non ?
Moi aussi, comme L'amoureux, toutémue je suis...
On a toutes les deux des approches semblables de la musique : toi Carmen à 7 ans, moi Chopin à 9... Et si j'avais été de la génération "Chantal Goya" je suis certaine que je l'aurais détestée tout pareil ! ppppp
Un gros bisou
Va voir chez Gilda, on y parle de Bach et de comme il est facile d'en tomber raide quand on a dix ou douze ans, alors, Véro !
"Mon oncle", ça me fait toujours penser à Tati (oui, la référence est antédiluvienne)… Dans le genre de l'oncle fantaisiste et plus jeune que les autres vieux, c'était pas mal aussi… J(
Oh....Tu dresses des portraits vraiment merveilleux tu sais... C'est peut-être aussi parce que la période a été courte, et dense, qu'elle est si merveilleuse, ce qui ne veut pas dire que si ça avait continué, elle ne le serait pas....Et puis je pense aussi que ton nouveau rôle de mère exacerbe, comme tu le dis toi-même, le sentiment d'appartenance à un clan ("famille" c'est plus dur, on va dire famille choisie)...
Et pour te redonner le sourire (encore qu'à mon avis, il n'y en a pas besoin, tu dois toujours avoir le sourire) j'ai vu (et senti!!!) pour la première fois aujourd'hui le fameux Durian!!! Loin de moi de remettre ce débat sur la table, mais j'ai éclaté de rire toute seule dans ce magasin: ce fruit est absolument terrible, et mon homme qui m'accompagnait m'a demandé si un rat était mort dans le coin: c'est là que d'un coup, la lumière s'est faite à mon esprit, et je me suis dit que je ne pouvais pas le taire en venant quotidiennement sur ce blog! :))
J'aime cette tendresse. J'ai l'impression que l'on croit toujours que les gens qui prennent la vie comme une blague, sont éternels... Et puis non, hélas. Quelle déception cruelle. Je t'embrasse.
Il avait raison. Si tu n'en profites pas et ne t'amuses pas maintenant, pour toi et pour las autres, tu ne le feras pas dans 10 ans et encore moins dans 20.
Fazou, jolie référence, n'empêche !
Flloh, j'ai plus l'impression que c'est un reflet de lui que vous voyez sur mon oeil qu'un véritable portrait, mais merci ! Pour le coup du rat crevé, L'Amoureux ne veux pas me croire (ni nam-nam, ni Sambuccuciu), mais c'est pourtant vrai !!
Fauvette, oui, cruelle déception... Moi ausi je t'embrasse.
Maurice, parfois il a quand même poussé le bouchon un petit peu loin (huhu pas pu m'empêcher). Mais oui, dans le fond, il était dans le vrai !