Depuis un peu plus d'un an, je partage mon bureau (je devrais dire mes bureaux successifs) avec une améwouicaine.

Elle est blonde, fait de la télé, un sourire à 58 dents.

Elle est aussi "girlie" que je ne le suis pas.

Elle parle fort, vous raconte sa vie en moins d'une demi-journée, ne comprend pas en quoi on a peur de la précarité, vu que chez elle, si tu veux bosser, tu bosses.

Bref, une améwouicaine.

Au début je prenais un malin plaisir à lui raconter les pires jurons appris avec mes copains irlandais, et elle à me montrer que même sapée comme une vraie fille, elle n'hésitait pas à mettre la main à la pâte (y a des jours où le bureau, on dirait un atelier clandestin).

Je dois bien dire qu'à la fin de la semaine, quand elle partira pour se préparer à mettre au monde son p'tit garçon, je serai contente pour elle et triste pour l'atmosphère du bureau.

Parce que malgré toutes nos différences, c'est l'une des seules personnes avec qui j'ai créé un vrai lien de sympathie dans ma boîte. Je veux dire : pas politique, pas intéressé, juste de l'intérêt l'une pour l'autre.

Alors je tâcherai d'être aussi fidèle et présente avec elle qu'elle l'a été avec moi, de lui dire que nos "five minutes break" de papotage dans des journées archi denses, nos petites attentions l'une pour l'autre, au milieu de ce monde de brutes, vont me manquer et que j'espère qu'on se verra ailleurs...

(Sans être obligée de mater la Bou*ygues télévision à sept heures du mat le samedi, je veux dire).