Quand on s'est installés dans notre grande maison de N. sur Oise, j'avais presque 6 ans et mon frère 1 et quelques mois.

J'avais l'impression de vivre dans un manoir, avec le deuxième étage "pièce à tout le monde", des rabicoins partout... Je l'ai quittée 18 ans plus tard.

J'aime cette maison de façon pas forcément proportionnée avec ses qualités, d'ailleurs L'Amoureux et moi avons failli la racheter quand mes parents ont quitté la région parisienne, ça ne s'est pas fait et il m'arrive encore parfois de le regretter.

Bref tout ça pour dire qu'en arrivant, j'ai fait la connaissance de V., qui était un tout petit plus jeune que moi et avec qui nous allions passer des années de copineries de voisinage. C'est avec elle, d'ailleurs, que nous avons vendu le muguet du premier mai !

Avec V, donc, nous habitions à quelques dizaines de mètres l'une de l'autre et avions mis au point une technique infaillible ou presque pour prolonger les moments que nous passions ensemble.

On se raccompagnait.

Inlassablement.

Des dizaines de fois s'il le fallait.

Jusqu'à ce que nos mamans craquent et autorisent l'une à inviter l'autre à dormir chez elle.

S'ensuivait alors un dernier aller-retour pour caser dans un sac poubelle couette, pyjama, nounours, bouquins, jouets et plus tard cassettes vidéos et disques, bref, tout le nécessaire pour passer une bonne soirée).

Et elles l'étaient, bonnes, ces soirées obtenues à l'usure (à moins que nos mamans complices ne nous aient caché qu'elles rigolaient en douce à voire notre petit manège, allez savoir, c'est parfois taquin-moqueur, une maman...)