HARPONNER OU SE FAIRE PRENDRE
Par Chiboum le vendredi 24 novembre 2006, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
C'est amusant comme la vie se charge de boucler les boucles parfois, et aussi de remettre sur le tapis quelques sujets récurrents.
Ainsi en écho au si joli billet de Samantdi qui s'interroge sur l'art et la manière de mettre le grappin sur un homme, nous avons dîné samedi dernier avec une "vieille" copine, du temps de la fac.
Précisons, car cela a, même si je ne l'ai pas relevé samedi, toute son importance dans sa vision de certaines choses, qu'elle appartenait au cercle "universitaire", qui connaissait mal et regardait avec défiance le cercle "anglo-celte". La réciproque était vraie et j'étais toute marrie à l'époque que mes amis ne soient pas amis entre eux, mais ça n'a rien à voir.
Bref, pour revenir au sujet, V. ironisait samedi sur le fait que je me laissais "avoir" par amour, que j'acceptais qu'on me fasse du mal parce que j'aimais. Que je laissais les gens abuser de moi. En l'occurrence, et étant donné la personne en particulier dont on parlait, je comprends qu'elle l'ait cru mais je crois qu'elle avait tort pour la partie "se laisser abuser". Elle a certainement, en revanche, raison pour "se laisser faire du mal".
Elle, elle dit que jamais au grand jamais, elle ne se laisserait faire du mal. Qu'elle préférait s'en faire seule plutôt qu'on lui en fasse.
Il faut dire que V. est un peu du genre amazone. Elle fait irruption, jette son dévolu sur un joli minois, le harponne, l'embarque, l'épuise, le jette. Du moins à l'époque. J'ai cru comprendre à quelques allusions que ça l'est toujours un peu. Et il y en avait, des garçons prêts à se damner pour elle. Des garçons rendus fous par son indifférence, par sa brusquerie, par son apparente absence de sentiments. Des garçons sur qui elle aurait pu mettre le grappin facilement.
Aujourd'hui elle se plaint qu'il n'y ait plus d'hommes, qu'ils ont cessé de tenir les portes, de céder le passage. Aujourd'hui on sent à travers de ses phrases qu'elle trouve sa vie un peu vide, qu'il lui manque, celui sur lequel elle pourra se poser ou se reposer.
Elle a toujours ses faux airs de Mylène Farmer, elle est toujours un peu abrupte et je ne suis pas sûre que nous soyons tant que ça à savoir ce qu'il y a derrière cette froideur.
Alors oui, elle a raison. J'ai morflé. (J'avoue j'en ai bavé pas vous, mon amour...)
Mais malgré la douleur, l'échec cuisant, malgré les peurs, les questions, malgré le désamour, malgré mon incapacité à jouer ce jeu de la séduction qui prétend ignorer l'autre pour l'appâter, malgré le fait qu'elle ait eu tous ceux qu'elle semblait vouloir et pas moi...
Je suis contente d'avoir toujours laissé mon coeur battre à son rythme. Mes chutes m'ont construite. Et j'ai avancé depuis, même si parfois je doute d'avoir fait de réels progrès.
Alors je ne regrette rien de ces moments. Ils m'ont conduite à aujourd'hui. Et même si certains jugements peuvent trouver mes errances absurdes, tant pis pour eux, je préfère mal manier le filet à papillon que de m'empaler le coeur sur un harpon pas trop violent...
Surtout quand la harponneuse se plaint de rentrer bredouille le soir à la maison, au bout du compte.
Commentaires
et moi je dis, vive l'Amoureux et la Cro'mignonne!
Lo, tu m'étonnes ! Quelle somme de hasards hasardeux il nous faut pour commencer à construire une vie amoureuse un peu épanouissante, c'est fou !
en plus, c'est tellement dommage de ne pas se laisser aller...
"Tu sais on est comme on est, on est jamais que ce qu'on est ..." Un autre refrain qui m'est venu en te lisant, que je compléterais en disant : "on n'a pas toujours l'air de ce qu'on est"... C'est un jeu d'équilibriste que de trouver la juste place entre laisser son coeur battre à son rythme et savoir aussi se protéger... ça s'apprend je crois et il n'y a pas qu'un seul chemin pour y parvenir... (k)
ce jeu de la séduction qui prétend ignorer l'autre pour l'appâter
Non, c'est quand même pas ça, la séduction, si ? Ou alors, l'image que j'ai de la (du) séductrice(teur) n'est pas la même. :))
Mais finalement, quand on fait le bilan comme tu dis, on n'est plutôt pas mal lotis...
Au vu du résultat que tu nous fais généreusement partager, le filet à papillons, y'a que ça de bon ! :-PP
jevli, je suis bien d'accord !
luciole, heureusement qu'il n'y a pas qu'un seul chemin. J'ai changé la phrase du jour de Cocteau sur le Post-It en haut, j'ai pensé à toi, je suis sûre qu'elle va te plaire !
sLeAbO, t'avais pas des potes qui te disaient "ignore là ! c'est comme ça qu'elle va s'intéresser à toi ?". C'est fou parce que c'est vraiment 50% du dialogue entre filles à propos d'un mec entre 14 et 24 ans, à peu près :-P Et pas forcément ce qu'elles sont capables de faire de mieux, au demeurant...
swahili, faut croire que ça m'a réussi, en tout cas... ^^
Ha en fait, c'est une tactique de fille, ce truc d'ignorer... Je te dis pas face à type timide, ça peut durer un moment sans qu'il ne se passe rien... :))
sLeAbO, je vais finir par croire que je ne suis pas une fille... LOL
Bah... Je crois surtout que dans ce domaine là (la séduction) rien n'est écrit et que bien souvent les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Je pense aussi que les filles ont la crainte de passer rapidement pour des "filles faciles" alors mieux vaut se cacher derrière un masque plutôt que montrer des sentiments qui seraient mal interprétés (surtout par des yeux extérieurs). Il faut que les garçons rament, dans le stéréotype des relations amoureuses des 14-24... ^^
sLeAbO, il y a de ça, oui. Et puis aussi sans doute un besoin de théâtraliser tout ça. Et puis des personnalités différentes.
Il faut dire que j'étais et suis toujours un ovni. Les gens qui me plaisent - au sens large - je les écoute, les regarde, intensément, à la hauteur du plaisir que je prends à leur compagnie. Et perdre du temps à faire croire que non, vous ne m'intéressez pas, pour moi c'était débile. C'est peut-être lié au fait que assez jeune j'ai été confrontée à la perte de gens chers et que j'en ressors avec cette urgence à vivre ce qui est bon.
Et puis c'est aussi un moment où on se construit. Et là, pas un hasard si j'ai choisi cette phrase du jour : "Il n'existe que deux manières de gagner la partie: jouer coeur ou tricher." ^^
Bon, Anne, quand est ce que vous déménagez sur Nantes, qu'on puisse se voir plus souvent ? :-E En plus on a une grosse grosse peluche à poil et grandes oreilles qui plairait certainement à CroMi... :))
En tout cas, très jolie maxime.
Ah toi aussi tu étais copine avec celles qui "harponnaient" sans harponner toi-même !
Celles là qui avaient besoin de faire-valoir ... :-(
(j'aurais besoin d'une explication de texte sur le 3ème § !)
sLeAbO, ah ça je ne sais pas ! Mais comme il ne faut jamais jurer de rien. C'est gentil en tout cas !
Madeleine, je ne sais pas si c'est une question de faire valoir, si, tu crois ?
Héhé. Quand j'étais étudiante j'avais mon grand cercle de potes de la fac (divisée en deux clans, d'ailleurs) et mon petit cercles de potes irlando-anglo-kiwis. Et les uns n'appréciaient pas beaucoup les autres qui le leur rendaient bien ! Voilou !
J'avoue que les harponneuses m'ont toujours fascinée. Mais je ne les enviais pas spécialement. C'est le côté "consommation" qui me rebute en fait. Je dois encore être romantique !
dois-je regretter ou ne pas regretter de n'avoir jamais été cible de harponneuse ? that is the question J(
j'ai entendu parler de la tactique de l'indifférence, moi aussi, sous couvert d'une autre maxime : "fuis-moi, je te suis; suis-moi, je te fuis"
Fauvette, romantique ou romanesque ? Ca c'est de la question, hein ! :-P
tirui, et "attrape-moi si tu peux", tant qu'à se courir après. C'est déjà tellement complexe et riche, la rencontre amoureuse, que pfff... pourquoi en faire une sorte de guerre compliquée ?
Brrrr... A force d'avoir peur de se faire attraper par leurs sentiments, certains / certaines finissent par ne rien rencontrer d'autre que leur propre carapace.
Ne pas vouloir souffrir c'est compréhensible, mais ne rien vivre vraiment c'est encore pire. :-(
Je trouve aussi, LaVitaNuda ^^
Je me reconnais assez dans la description de la "harponneuse" en fait. Ou en tout cas, dans l'incapacité de vivre une relation à fond, de s'investir jusqu'au bout. Par peur de souffrir, par peur d'être rejeté, par peur de tout et n'importe quoi. Comme le dit si bien LaVitaNuda, par peur de se faire attraper par ses propres sentiments. Mais ce n'est pas forcément un choix non plus, j'aimerai bien savoir me lancer à fond dans une histoire aussi, sans me poser plus de question, et accepter d'avoir mal à la fin. Et j'admire les gens capable de le faire...
Elise, je ne sais pas si ça va t'aider mais en ce qui me concerne, c'était une question de "balance" entre les deux. Avoir la certitude qu'on va souffrir, dans une vie, c'est quasiment une LaPalissade. Mais du coup se priver de tout ce qui est bon en plus, c'est une auto punition, non ? Mais peut-être qu'il faut rencontrer la ou les personnes qui nous permettent de nous laisser aller, aussi...
Il y a ceux et celles qui "harponnent", et ceux et celles qui ont du "charme"… Et ça, ça peut durer jusqu'à tard dans la vie et dans une relation!
Fazou, zy va, Madame, t'es charmante ! :-E
Anne > Oui, je pense que c'est aussi une question de rencontres. Et qu'ensuite il faut se lancer. Et c'est comme tout, ça s'apprend, donc rien n'est perdu ^^ Quoi qu'il en soit, merci de montrer que non seulement c'est possible, mais qu'en plus ça marche :)
Elise, merci merci, c'est bien de voir que ça tente d'être contagieux !
Indiscutablement je suis de celle qui ne se pose pas trop de question mais se laisse complétement guider par ses sentiments. Rien de réfléchis, rien de prémédité, justement beaucoup de "yahaaaaaaa allons-y gaiement", quitte à foncer dans le mur mais tant pis, je me dis qu'au moins je n'aurai jamais le regret de me dire "et si j'avais...?".
- Surtout quand la harponneuse se plaint de rentrer bredouille le soir à la maison, au bout du compte.
En ce moment je relis… Moby Dick. :-E
Et parfois on est comme toi, on laisse son coeur battre à son rythme et ses engouements nous faire parfois du mal, et on termine quand même comme elle...
J'aime particulièrement ce texte. Etrangement, je le lis précisément dans une période où j'admire les "amazones" dans ce genre (puisque je suis plutôt comme toi, tu t'en doutes certainement). Mais en te lisant, je suis (presque) convaincue que leur place n'est pas si enviable, et que la mienne n'est pas si regrettable...
Vroumette, ceci dit ça n'empêche pas parfois un "si jamais ??". Mais dans d'autres circonstances, dirons-nous ! :-P
Sambucucciu, mouarf !
euqinorev, j'ai tendance à penser que quand ça n'est pas "de naissance", c'est plus provisoire, en attendant la prochaine rencontre.
Junko, c'est rigolo parce que moi je ne l'aime pas beaucoup. J'ai failli ne pas le publier en fait, parce qu'il ne dit pas tout à fait ce que je voulais dire. Mais bon ! Pendant quelques mois, quelque part entre la vingtaine et un peu moins que ton âge, je l'ai tenté, ce mode de relation amazone et... je n'ai jamais été aussi malheureuse de ma vie. Alors oui, je crois qu'elle n'a pas que des inconvénients, ta place (même si parfois on en doute...) (k)