Il y a chez nous une stagiaire, qui travaille pour un tout autre département que le mien mais que j'ai eu l'occasion de côtoyer mercredi.

Elle est toute jeune, même pas vingt ans je pense, et ses parents sont indiens hindous viennent de l'Inde. Toute fière de ma culture par procuration, je lui dit que je connais quelqu'un qui part bientôt et qui avait assisté l'an dernier à un grand mariage là-bas, tout ça tout ça.

S'ensuit une discussion sur les divers rites, habitudes, quand elle me dit : "mon père, souvent, a des idées pour mon mariage".

Un peu étonnée car elle est vraiment pitchoune, je lui demande si c'est à l'ordre du jour, elle me répond que non, juste, depuis trois ou quatre ans, il en parle pour noter les idées.

J'ai ri en lui disant qu'elle avait là une drôle de pression et que pour coller à toutes les idées qu'a son papa, elle avait intérêt à trouver un amoureux indien hindou local de là-bas, ou tout au moins originaire de.

Et là, elle me répond que ça ne fera aucun doute puisque ses parents choisiront pour elle.

A ce stade, j'avais déjà la mâchoire sur les genoux. Je scrute sa bonne mine souriante en lui demandant si elle ne préférerait pas laisser le hasard faire, faire confiance à la vie...

Mais non. Elle est persuadée que les mariages arrangés c'est beaucoup mieux, que ses parents lui trouveront quelqu'un de gentil, qu'elle se sent incapable de bien choisir pour elle-même.

J'ai beau comprendre l'attachement qu'on peut avoir pour ses racines, le respect qu'on a pour ses parents, je suis perplexe devant cette jeune femme, née, élevée, scolarisée dans un pays où le mariage arrangé se pratique assez peu de nos jours.

Et si elle tombe amoureuse ? Et si elle était malheureuse toute sa vie ? Et si ? Et si ? Alors, je ne la connais que très peu et elle est suffisamment grande pour prendre son destin en main, je me suis sans doute mêlée de ce qui ne me regarde pas.

Mais quand même, ça m'a aussi semblé comme une grande baffe pour toutes celles qui se sont battues pour qu'on puisse l'avoir, cette liberté de choisir... Mais est-ce qu'on est libre de ne pas se servir de notre liberté ? Oui sans doute, à l'en croire.

(Estomaquée je suis, quand même...)

N'hésitez pas à aller continuer le conte de décembre, tant que vous êtes dans les parages !