(En ricochet du ricochet de Luciole)

A notre époque, c'est souvent quand on le veut qu'on décide d'essayer de mettre un bébé en route. Et c'est plutôt une chance, surtout quand tout se passe bien.

Mais par quel atavisme étrange se retrouve-t-on avec cette sensation de peur et d'exaltation mêlée quand on cesse de prendre "ses précautions" pour tenter de le fabriquer, ce bébé ?

Un côté trouille au ventre qui doit remonter aux peurs adolescentes de "tomber" enceinte. Et envie de plonger dans l'aventure.

Tout ça pour dire que mi juillet 2005, je finissais ma dernière plaquette de pilules (par quelle bizarrerie ai-je voulu aller jusqu'au bout, d'ailleurs, je me le demande seulement maintenant).

L'Amoureux tannait tout ce qu'il connaissait de jeunes pères pour savoir combien de temps ça avait pris pour eux, de devenir des pré papas. Il faisait des moyennes pondérées par la qualité de (je cite) "ses spermatozoïdes de compétition".

Rien que d'y repenser, je me marre.

J'essayais de lui enseigner un brin de patience, histoire de ne pas tomber moi non plus dans l'attente forcément frustrante et de garder ma zénitude.

Août rien. Septembre. Mal au bide. Oui mais c'est normal, j'ai fait une fiesta d'enfer chez mes parents, pour mes trente ans. Trop mangé, trop bu pendant trois jours. Et puis ce salon qui approche et Face de Cul qui me gave.

Enfin quand même, j'ai mal au ventre bizarre. Deux trois jours de retard, menfin, on est pas obligées d'être des pendules non plus.

"Fais un test", me dit L'Amoureux.

"Bah tu parles, y a peu de chances".

Et puis quand même, je passe par hasard devant une pharmacie, j'achète le test. En me disant, radine que je suis parfois, qu'à ce tarif là, on va peut-être devenir patient plutôt que de s'énerver tous les mois, hein !

J'appelle L'Amoureux. "Je le fais maintenant ou ce soir ?"

"Ah mais ce soir, ce soir !!" me répond-il indigné que je puisse même imaginer faire ça en loucedé.

Qui n'a jamais connu cette scène merveilleuse du "je fais pipi sur le stylo" ne connaîtra jamais l'ultime glamour de la vie de couple.

Et le "alors, alors" ?

Et la fille qui sort des chiottes à moitié en vrac, hallucinée par la netteté de la croix bleue sur le machin et qui dit "regarde, on va être parents". A un garçon qui se met à sauter partout, à empoigner le zinzin en oubliant que bon, ça marche au pipi, quand même et le prendre en photo sous toutes ses coutures.

Et puis encore le truc bizarre dans le ventre. Entre la trouille et la plus grande excitation du monde.

"T'es content ?" "Ah oui oui oui" "Alors je suis contente aussi".

(Conclusion qui fera sourire Luciole et son Il, sans doute)