On lit, on entend, beaucoup de profs (et quelques proviseurs !) s'interroger sur la circulaire ministérielle leur demandant de lire à leurs élèves la fameuse lettre de Guy Môquet.

Beaucoup s'interrogent et c'est bien normal. Outre le fait que la lecture de cette lettre porte la poisse à nos joueurs de rugby (hinhin, je voulais absolument la caser, celle-là), on peut s'interroger sur la pertinence d'une telle lecture sans mise en perspective.

De la mise en perspective, j'ai eu la chance d'en avoir la semaine dernière.

J'ai assisté à la lecture publique d'une pièce, je vous passe les circonstances précises pour éviter de relier ma vie professionnelle à celle céans, qui me semble une formidable opportunité de réflexion, de dialogues, de débats autour de la question de l'engagement.

L'auteur (encore une fois, pardon pour les approximations, goo*gle n'est pas mon ami sur ce coup !) nous embarque en 1944, à Chartres.

Un résistant pense trouver refuge chez son ami d'enfance, qui, terrorisé à l'idée d'être fusillé pour complicité avec un terroriste, va, par le biais de sa femme, le dénoncer.

La pièce est écrite comme un film, les flash-backs succèdent aux dialogues entre personnages morts et vivants, amis ou anciens amis, amants et aimants. Aucun d'entre eux n'est d'un bloc, et c'est bien tout l'intérêt de cette pièce que de nous montrer quelles failles, quelles raisons ont fait que certains ont considéré qu'il est des causes plus nobles que leur vie et d'autres pas.

Une phrase me revient en tête, "aucune mère ne me condamnera pour ce que j'ai fait". Bien sûr ça me touche, mais chaque réplique de cette pièce est une incitation au questionnement, à la réflexion sur la question de l'engagement.

Et en plus c'est beau.

J'ai mis deux bonnes heures à revenir sur terre après cette lecture, alors que la mise en scène était encore à l'état embryonnaire, alors que le lieu, la lumière, les circonstances étaient loin de favoriser ma capacité à me laisser embarquer.

Pour tous les profs qui passent ici et qui se demanderaient quelle sortie pédagogique ils pourraient bien faire en février (la pièce sera jouée à Montreuil), pour tous ceux qui veulent découvrir ce texte incroyable de modernité, pour tous ceux qui voudraient encourager un théâtre engagé, pour le coup, n'hésitez pas. Le prix des places est modique, en plus.

Alors de tout mon coeur je vous incite à aller voir la pièce dont je ne peux pas citer le nom, en espérant que vous passerez un excellent moment là-bas.

Et j'ai des tas d'infos à vous faire passer par mail pour ceux qui souhaitent !