ON NE S'EN SOUVIENT JAMAIS...
Par Chiboum le jeudi 3 janvier 2008, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
Le fait d'être maman me fait prendre conscience de façon aiguë de notre humaine amnésie.
Que reste-t-il dans notre mémoire de ces premiers mois, premières années ? Rien, sinon sans doute des choses trop profondément enfouies pour qu'on leur mette le doigt dessus. Tout, mais impalpable.
Je vois Cro-Mignonne rire, sourire, chanter, danser, jacasser, nous faire des blagues, jouer, se construire. Je la vois nous aimer comme jamais plus elle ne nous aimera plus grande, si inconditionnellement, si pleinement. Et elle ne s'en souviendra pas.
Nous aussi avons été des enfants et il ne nous reste en mémoire vive que ce qu'on nous en raconte. Pas un souvenir du moment où nous avons marché la première fois, construit notre première tour de cubes. Evidemment toutes ces choses sont présentes en nous, dans ce que nous sommes, diffuses, mais il nous est impossible de parler de souvenirs.
On apprend, ensuite. Que tout le monde est faillible, de même que (surtout) les parents. Qu'il y a des ombres dans notre monde, des au revoir, des adieux, des désaccords plus ou moins définitifs.
On quitte l'amour sans conditions, on aime toujours ses parents, mais pas de la même façon. Peut-être que c'est mieux de les aimer tels qu'ils sont que comme des héros imaginaires, bien sûr. Mais cette intensité, où est-elle ? Peut-être aussi que c'est indispensable pour apprendre à aimer d'autres personnes que de faire l'apprentissage de la déconstruction de l'amour absolu de papa et maman. Evidemment ça l'est.
Mais on ne s'en souvient jamais.
Commentaires
Joli ... et sûrement vrai, en grande partie. Sauf que je crois qu'on réapprend à aimer inconditionnellement ... Est-ce que c'est le cas avec Cro-Mignonne ? (vraie question, pas rhétorique)
Même si on s'en souvient plus, cela restera à tout jamais graver dans notre mémoire ! Car c'est à ce moment qu'on se construit (k)
Zelda, je ne sais pas si c'est le même inconditionnellement de tout petit enfant et d'adulte, en fait ! Mais oui, nos enfants, on les aime sans condition, c'est sûr. Sauf qu'on en a conscience (je n'arrive pas à dire clairement la nuance !).
L'Amoureux, bien sûr, ça fait partie des fondations ! (k)
Comme Zelda, je me dis que cette trace laissé en nous de cet amour inconditionnel que nous avons voué à nos parents, c'est certainement la base de l'amour que nous éprouvons en tant que parent. La base mais pas la même chose; parce que d'autres traces sont venues s'empiler par dessus, il y a eu des abandons, des trahisons, nous avons appris que nous n'étions pas le centre du monde. Parce que cet amour inconditionnel de l'enfant vis à vis de ses parents est fait aussi d'un certain despotisme, bien naturel pour un enfant qui ne sait pas encore, intolérable de la part d'un adulte qui est censé savoir. Nous oublions donc cette confiance absolue de même que nous oublions cette exigence absolue (k) .
Quoi Luciole ? Nous ne sommes pas le centre du monde ? On ne me dit rien, aussi !! :-E
Je t'embrasse bien fort.
Bonjour et bonne année encore.
Ton billet délicat et délicieux touche le fondamental, effleure le définitif, caresse l'essentiel. Il me donne envie d'un commentaire de deux mille caractères à endormir un névrosé sous caféine.
Je n'en ferai rien. Je me le mets dans un coin de mon tiroir à idées, le temps de l'oublier...
Puis d'en faire un long discours dans dix ans sur le thème opposé que ton billet fait surgir dans ma tête contradictoire, cet espoir fou dont le nom savant ne me reviens pas et que nous a donné Boris Cyrulnik pour les enfants qui n'ont pas eu comme Cro-Mi et beaucoup d'autres la fondation de l'amour absolu.
J'en serai redevable à cet homme pour le restant de mes jours, bien que cela ne concerne pas ma petite vie à moi. Et j'en fonds d'autant mieux devant ce que tu cherches à découvrir au fond de toi en voyant s'agiter la charmante, juste au moment où elle va commencer à marcher à travers les porcelaines de la maison 8-I
Bonjour, je te souhaite de bonnes et agréables fêtes de fin d'année avec ceux que tu aimes et qui t'aiment. J'espère que 2008 sera pour toi une année riche en émotion, que tu connaitras la santé mais aussi la réussite, enfin que ton blog continura à nous réjouir que tu auras la visite fidèle de nombreux lecteurs.
Merci andrem. Et j'ai hâte de lire tes rebonds sur le sujet, j'aime bien quand une discussion "fait des petits" !
Merci beaucoup, Pierre. Tous mes voeux également. Mais c'est bizarre de spammer des voeux, quand même...
Arf, même chez moi ! Mais bon, on va dire que ça part d'un bon sentiment...
On va dire que c'est notre mansuétude du Nouvel An, sLeAbO ^^
C'est exactement ça ! :)) D'ailleurs, tant que j'y pense, je vais aller causer à ma boite mail...
Bien vu, cette affaire de sédiments enfouis, là, pas bien loin, mais pas très près, comme dormants et pas là non plus... Et parfois, sur certains plans, on ne se souvient pas, parce qu'il n'y a pas matière...
sLeAbO, tu vas lui montrer qui c'est Raoul, à ton mail ?!! :-E (je rigole, j'ai vu).
K., pas matière à sédiments, ça fait une drôle d'image, je trouve ;-)
Raison de plus pour les martyriser petits, ils ne s'en souviendront plus... dès ce soir, je lui mets sa couche sur la tête.
Sa couche pleine, bien sûr, Le Papa de Sigmund ? :-E
cela m'inquiète parfois, cette amnésie dont nous sommes pris une fois devenus adultes. je me demande, ce que mes enfants garderont en mémoire.