C'est étrange comme certaines questions que l'on croyait résolues vous reviennent parfois, d'un coup.

Ou des sujets auxquels on pense beaucoup à un moment, plus du tout pendant longtemps, puis de nouveau.

On a pas forcément le même regard dessus non plus, avec le temps qui passe. Ou bien cruellement, si.

Mon point d'achoppement régulier, depuis toute petite, c'est le "plus jamais". Je n'aime pas les portes définitivement fermées, les renoncements définitifs.

Alors bien sûr, il y a ceux pour lesquels, comme j'écrivais à Junko hier, on ne vit pas les choses comme un renoncement. Parce qu'avec le choix qu'on a fait, on voit beaucoup plus ce qu'on a gagné que ce à quoi on a renoncé. Un enfant par exemple. Bien sûr qu'on ne sort plus comme avant, qu'on est responsable d'un autre être et qu'on ne peut plus boire comme des trous et prendre la voiture en toute inconscience, qu'on dort moins le matin, mais ce qu'on voit, ça n'est pas les choses en moins, mais les choses en plus.

Ca n'est pas vraiment une porte fermée fermée. Juste une autre ouverture.

Et puis celles auxquelles vraiment, on ne peut rien.

Ces temps-ci je pense avec un peu de tristesse que j'ai bien du mal à faire la chasse au gras, que j'ai vu un cheveux blanc, que les rides apparaissent. La tristesse ne vient pas du temps qui passe mais du "j'aurais pu". Jusqu'à avant la naissance de Cro-Mi, j'aurais pu essayer de me prendre en main et faire la paix avec mon corps. Sur un relatif moyen terme, au moins. Aujourd'hui c'est fini, d'une certaine manière c'est positif, ça veut dire qu'il faut que je vive le mieux possible avec moi. Mais plus jamais je n'aurais l'opportunité de savoir ce que c'est que d'être une bombasse de la mort qui tue.

Il y a des choses bien plus graves, et ça n'est qu'un exemple, mais c'est étrange quand même comme, dans la vie, ce sont toujours les mêmes choses qui coincent de loin en loin.

Les renoncements, donc. Apprendre à comprendre : "jamais". Et "pas (plus) possible".