(Billet semi automatique en rebond au "pourquoi on a un cerveau ?" de Madeleine, l'autre jour).

Plus j'avance dans la vie, moins j'ai de certitudes. Il paraît que c'est un chemin normal, que tout ce à quoi on croit avec ferveur quand on est ado, jeune adulte, se nuance peu à peu du fruit de nos expériences, les heureuses, les malheureuses.

Plus j'avance dans la vie, mieux je me connais. Ça aussi, ça semble assez normal. Je sais quand ça déborde, je sais quand ça va bien. Je sais quand tous les petits morceaux qui composent "moi" frétillent de bonheur. Je sais quand j'en délaisse trop l'un ou l'autre, je peux mettre des mots dessus. Je sais faire en sorte d'aller au-delà, je sais déplacer le fardeau pour arriver à le porter encore, si nécessaire.

Et parfois je me demande à quoi ça sert.

Parce que plus on avance, dans la vie, plus on est lié à des choses multiples. Plus on est responsable, de ceux avec qui on s'est liés, notamment.

Quand on est seul avec soi, on peut, si on en a l'envie, le courage, balayer ce qui nous pèse d'un revers de main et partir sur quelque chose d'autre.

Après c'est plus compliqué, il faut continuer à assurer le matériel quoi qu'il arrive, concilier (conjuguer) ses désirs avec ceux des autres, penser à ce qu'on veut pour soi dans la vie, mais tenir compte de ceux qui nous accompagnent. On se dilue, souvent avec un bonheur immense, mais on se dilue quand même, dans la somme des envies du noyau auquel on appartient.

Pour revenir à l'idée de se connaître, au fond, ça aide peut-être un peu à vivre moins mal les moments difficiles, à profiter des bons. Mais sinon ? Parfois, se connaître, c'est faire un constat : je ne serais jamais capable de faire ça ou ça. Je ne veux pas prendre sur moi de décider que je vais suivre tel chemin plutôt qu'un autre. Et du coup, s'en vouloir, un peu.

J'ai parfois un regard d'entomologiste sur des gens qui me disent "je ne pouvais pas vivre sans avoir vécu cette expérience, quoi qu'il m'en coûte". Ok, mais ce que ça a coûté aux autres, aussi ? Ca rentre en ligne de compte ? Comment on peut s'en foutre ? (ou faire comme si...).

Bref. Tout ça pour dire qu'on est là, à négocier avec nos démons, nos défauts, nos qualités. Et que pour autant et aussi bien qu'on se connaisse, on ne sait jamais ce qui va nous tomber sur la tronche. Alors à quoi bon ?