Ma participation au jeu d'Akynou, à partir des 5 titres suivants : "Les mémoires d'Adrien", "La main gauche de la Nuit", "A L'est d'Eden", "L'avalée des Avalées", "Le Cantique des Plaines".

Circonvolutions des mémoires d’Adrien

La première fois qu’il m’a réveillée en pleine nuit, avec l’une de ses exclamations terrifiantes, Adrien, j’ai bien cru que j’allais mourir de peur. Le pire, c’est qu’on s’y fait, mais pas complètement. On sait qu’on va se retrouver assise dans le lit avec le cœur qui bat, mais on ne sait pas comment ni pourquoi.

Au début, j’ai cru que c’était des cauchemars, du genre de ceux qui vous emmènent à l’est d’Eden et qui au réveil vous infligent cinq bonnes minutes à vous demander d’où vous venez.

Mais non, pour Adrien, ce ne sont pas des cauchemars. Ce sont ses mémoires qui se réveillent. Parce qu’il en a plusieurs. Il est nombreux, Adrien, au moins trois qui cohabitent dans son petit corps gringalet. Ca fait du monde.

Donc, les mémoires d’Adrien le font hurler la nuit et ça me fait sauter au plafond de trouille par la même occasion. Quand il raconte ce qui se passe, c’est carrément morbide, parfois. L’autre jour il m’a secouée dans le lit en hurlant que la main gauche de la Nuit venait le prendre. Pourquoi la main gauche, j’en sais rien, mais ça avait l’air bien flippant. Alors je me suis souvenue de la nuit d’avant et je lui ai dit « chante-lui le Cantique des Plaines, ça va la calmer ».

Il s’est collé dans un coin et s’est mis à psalmodier, ça a eu l’air de le calmer.

Mais ça, ça va encore.

Le pire c’est quand c’est sa mémoire de cannibale qui se réveille.

Là, c’est son regard de fou posé sur moi qui me tire du sommeil. Il attend que je sois bien réveillée, et il me dit des choses horribles avec une voix que je ne reconnais pas. La dernière fois, c’était « tu es l’avalée des Avalées, maintenant c’est à moi de te bouffer ». Avec des yeux qui roulent.

Parfois, je me demande si je ne devrais pas me tirer, quand même. Parce que dormir avec Adrien, c’est pas reposant. Surtout sous une tente. Les colos, ça craint, surtout quand les monos veulent nous pourrir les nuits.