Le manque de ma grand-mère me titille, ces jours-ci.

Entendons-nous bien, serait-elle encore de ce monde que je soupirerais à voir son numéro de téléphone s'afficher sur le mien et me savoir partie pour une heure de "hinhin", "oui oui", "non ???". Je râlerais à certains de ses partis pris et hurlerais devant des mesquineries dont elle avait le secret.

Mais c'est ainsi que le monde est fait, absents, même les défauts de nos aimés deviennent un manque, et il faut faire avec.

Certes le temps apaise, mais rien ne comble complètement l'absence.

C'est ainsi que samedi matin, j'ai empoigné résolument la "boîte magique" des recettes et me suis mise d'accord avec moi-même (et surtout L'Amoureux) pour concocter un boeuf bourguignon selon la recette qu'elle avait jugée la meilleure. J'étais vierge de confection de ce plat, c'était donc une agréable nouveauté en plus d'une promesse de repas délicieux.

Alors oui, j'ai pleuré des rivières en épluchant les oignons et oui, ça cuit longtemps, très longtemps. Mais le résultat... bon sang de bois, jamais mangé un truc aussi bon sous le nom de boeuf bourguignon.

Quant à la cuisson longue, elle m'a permis de relire l'un de ses bouquins, dans lequel quelques anecdotes familiales à peines déguisées ont bonnes place, j'ai ainsi ri "avec" ma grand-mère, ai présenté sa photo à ma fille, nous nous sommes régalés de sa sélection gourmande...

Oui, le temps apaise. Et il permet de passer des moments doux avec son manque, plutôt que de se le hurler à en rendre malade.