L'état du monde en ce moment me touche, me bouleverse, me terrifie.

L'idée d'un avenir pour l'humain encore plus sombre que son présent m'angoisse.

Du coup, je me retranche derrière mes petits bonheurs pour garder entière la vitalité nécessaire à toutes choses. A survivre.

Ces introspections m'amènent, forcément, à des constats tristes : ce trou béant encore récent, le manque qui l'entoure. Les manques des absents, des blessures plus ou moins anciennes.

Mais aussi les pleins. Les rares mais précieuses choses pour lesquelles je ne pourrais rêver mieux. Quelques moments d'humanité tellement intenses qu'ils donnent confiance pour le reste. Pour l'égo et pour le genre humain.

Tant que je peux contempler ces bonheurs, fugaces ou persistants, tant que j'ai plaisir à un certain nombre de choses, aligner des mots, embrasser ceux qui comptent et qui sont encore présents, bien vivants et non déserteurs, manger du fromage ou du chocolat, rire des conneries joyeuses, je me compterai parmi les nantis du bonheur. Vaille que vaille, et quels que soient les creux de vague.