Je m'émerveille jour après jour de ma petite fille déjà un peu grandie.

Elle est à l'aise dans son corps et dans sa tête, fait de la vie un jeu et je lui envie son insouciance relative (bien sûr tempérée de quelques inquiétudes concernant un certain Monsieur Pomme que je ne connaissais pas, mais que nous avons expédié illico en séjour long dans sa maison de campagne, pour le plus grand soulagement de notre Cro-Mignonne).

A côté de ça, elle montre des qualités qui m'étonnent. Devant le petit monstre avec qui elle est gardée, elle comprend son rôle d'aînée plus autonome et accepte sans broncher, et même avec une grande patience, de passer "en second". Sans doute est-elle sûre aussi de la préférence de Mary Poppins pour leurs moments à deux, ça lui donne la confiance d'attendre son tour. Mais j'admire, elle la "tout tout de suite", son application à ne pas rajouter à la tâche.

Elle est capable aussi de beaucoup d'empathie et d'attention aux autres, pleine de sollicitude pour les bobos des grands, presque autant que nous pour les siens.

Et je la vois grandir à la vitesse de la lumière. Heureuse pour elle, de sa bonne santé, de son équilibre.

Mais, car il faut bien un mais, pleine d'inquiétudes toutes maternelles.

La première sur sa capacité à sociabiliser à l'école dans quelques mois. Elle a vraiment beaucoup de mal avec les groupes d'enfants, il ne lui est pas naturel ni d'aller vers eux, ni de faire la même activité en même temps. Lors des séances bi mensuelles à la PMI, s'il ne s'agit pas de bricolage (peinture, gommettes, dessins, découpages...) elle reste en retrait, accrochée à Mary Poppins, refuse de chanter ou de danser avec les autres.

Certes elle est petite encore, mais je lutte pour ne pas y trouver de prémices à une certaine forme d'exclusion que j'ai trop bien connu, ne pas la pousser trop, mais un peu quand même en lui expliquant les délices qu'elle y trouvera.

Et les couches ! Bon sang de bois, cette enfant a tout compris à l'art de nous faire tourner en bourrique. En fait elle a tout compris au principe mais refuse absolument tout ce qui ressemble à autre chose que ses couches comme réceptacle de ses pipi-cacas.

Là aussi, rationnellement, je sais qu'elle ne doit pas être tout à fait mûre pour passer ce cap, qu'elle s'en sortira sans doute haut la main et à la vitesse de l'éclair quand elle aura décidé. Mais quand ? Je n'ai pas envie de provoquer un apprentissage accéléré juste avant l'école, j'ai beau me dire qu'il reste du temps, je stresse.

En fait, je découvre le monde à deux vitesses des petits. Jusqu'à un an - 18 mois, elle a tout fait en même temps : langage, motricité, éveil. Et maintenant sa tête est largement en avance sur son cul.

Voilà, c'est tout. Et au vu de son insolente bonne santé physique et intellectuel, parfaitement normal.

En même temps, à relire la phrase un peu plus haut, j'espère que dans quelques années je serais cette fois ravie de l'avance de sa tête sur son cul, et espérerais qu'elle ne décide pas d'inverser la tendance.

Quoi qu'il en soit elle me ravit de son amour, de ses câlins, de ses blagues, de ses analyses enfantines, de ses bisous en rafale et cette montagne d'amour m'est source de bien des remises en selle que je n'aurais pas si bien affrontées sinon.

Et à vous parler d'elle, je n'ai qu'une hâte : la retrouver ce soir pour retrouver nos instants complices. Et admirer ensemble sa première peinture qui trône en bonne place encadrée dans le couloir (mais qu'elle est belle, cette peinture, si vous saviez !).