2400
Par Chiboum le mercredi 27 mai 2009, 09:38 - All about Chiboum - Lien permanent
Juste pour la journée d'hier, ce sont 2.400 "emplois" supprimés par quelques entreprises.
Pour moi, ce ne sont pas que des "emplois", au sens comptable du terme. Ce sont 2.400 personnes qui vont se retrouver sans travail, et partant, avec des moyens de subsistance encore réduits.
Ce sont 2.400 personnes qui vont rejoindre ceux qui ont déjà perdu leur boulot. Sans certitude d'en retrouver un. Quand la crise génère le manque d'emploi et s'ajoute au peu de qualifications, à l'âge, au nom de famille ou à je ne sais quel critère qui fera qu'il sera toujours plus dur de trouver du travail.
Même si sortie de crise il y a, si c'est pour repartir sur un monde identique, que ferons tous ces gens ? Cette masse de gens qui auront été sortis du "système" et dont on leur aura confisqué les clés ? A quoi ça sert, si c'est pour refaire la même chose et laisser à chaque fois un peu plus de monde sur le carreau ?
Le travail, me semble-t-il, sert de moins en moins à faire tourner l'économie et à nourrir les gens. On dirait que toute cette "richesse" s'en va grossir des capitaux lointains, irréels. Et que l'humain, dans sa grande majorité, n'y est vraiment plus qu'une variable d'ajustement.
Que se passera-t-il quand de plus en plus de gens ne participeront plus à cette mécanique ?
Je rêve d'un monde où il existerait autre chose. Qu'on s'invente un univers où le pointage à heures fixes pour une durée de travail légale ne sera pas la seule et unique façon de survivre, en se battant pour obtenir un minimum au passage.
Où l'échange d'humanité et entre humains sera plus fort que le reste.
You may say, I'm a dreamer...
(En attendant, quand Cro-Mi m'a demandé où j'allais ce matin et qu'elle m'a donné des pièces de sa caisse enregistreuse à ma réponse : "je vais travailler, pour gagner de l'argent pour faire les courses et parfois des cadeaux pour toi", mon coeur s'est tordu. De bonheur et d'une sourde angoisse à la fois).
Commentaires
Et pourtant, on fait tout pour rester dans le système et conserver notre emploi...Ceux qui y sont devraient peut-être être ceux qui vont le changer? Mais j'avoue, je suis très égoïste et nombriliste, et surtout, honte à moi, je n'ose trop pousser loin ce genre de pensées, au risque de sentir la dépression poindre, le "à quoi bon" et me sentir franchement très, très inutile.... Merci de nous ouvrir les yeux quand même!
Floh, bien sûr qu'on fait tout pour et qu'on veut le garder, dans la mesure où il n'y a pas d'alternative réaliste et viable !
Malheureusement, je ne peux qu'effleurer le sujet, mais il est évident que notre individualisme à tous n'aide pas à... ne pas accepter le deal.
Et oui c'est déprimant. Pour moi, plutôt en terme de "quoi d'autre", d'ailleurs. Mais ça me déprime de dire que non, y a rien d'autre...
T'as raison sur toute la ligne.
Après parallèlement à cela, tu verras jamais un actionnaire qui voit les cours de ses actions chutées et qui se dit : "il est hors de question que je vende quoique ce soit car sinon des familles vont se retrouver sur la paille". Si il les garde, c'est qu'il espère que ça va remonter par la suite
Quand l'humain rejoint les systèmes économiques, il y a aucune logique, il y a que des horreurs
Ca me donne des envies de communautés indépendantes et alternatives, tu peux même pas savoir, mon amour !
Et si on montait un kibboutz ?
Hé oui, dans ce système la variable d'ajustage est toujours l'humain, si facilement éjectable.
Cela dit, je crois que les pires suppressions d'emplois sont celles qu'on n'annonce pas : là où l'on pousse les gens à partir au besoin en les faisant craquer, pour ensuite ne plus les remplacer.
Et puis aussi, le travail c'est comme la famille : à priori c'est un coup dûr de le perdre, comme d'en perdre quelqu'un, mais parfois vu de plus près, c'est du soulagement qu'il y a. Peut-être que pour 240 de ces 2400 là, cette fin, si elle est effectuée dans des conditions décentes, sera une chance (ça ne console ou n'aide en rien les autres, j'en suis consciente).
On se disait l'autre jour avec mon homme que ce serait le pied, si on gagnait une somme énorme à un truc genre euromillions, de ne plus être obligé de travailler en pensant à la rentabilité, mais juste travailler pour le plaisir de rendre service, de donner, sans rien attendre en retour... Mais comme je n'ai jamais joué à aucun de ces jeux...
sLeAbO, on en parlait avec Gilda dimanche, justement. Je suis assez tentée, mais en version laïque, hein !
Gilda, à vrai dire, je pensais au pas d'après. Pas aux 2.400 d'hier qui s'ajoutent à celle des jours d'avant, etc. Mais il y a un moment où le "poids" des personnes qui n'ont pas de boulot et pas de moyen de subsistance autres sera trop lourd à porter pour l'Etat (et donc nous tous). Et alors quoi ? On explose le système social, sans doute... sans pour autant trouver d'autre modèle de vie que le fait d'aller au turbin.
Je connais quelqu'un pour qui c'est un soulagement, et à juste titre :-E Et à titre individuel, j'en suis ravie pour elle (re :-E ). Mais à l'échelle d'une société entière, ce n'est pas viable dans le système actuel. Et finalement, c'est ça que je déplore : qu'il n'y ait pas moyen de vivre autrement que comme ça, à long terme, pour la plupart des gens.
swahili, tout pareil !! Cela dit, ça réglerait nos questions existentielles, mais pas l'avenir du monde...
Ben à la bas c'est censé être laïque. Bon, ça s'est surtout fait dans un endroit du monde jusqu'à présent, mais on peut le refaire vraiment sans connotation religieuse et changer le nom du truc.
"La blogunauté" ? mais ça ne peut pas être que virtuel...
sLeAbO, oué, oué, on tient un concept !
SAns oublier que de nombreuses entreprises profitent de la crise pour faire des ajustements qui étaient déjà prévus avant l'arrivée de la crise, avant même que l'on sache qu'il y en avait une. Il y a même des entreprises qui ont tout prévu, le mouvement de mécontentement, la grève, les tours de passe passe pour isoler des délégués syndicaux. Une entreprise s'est fait prendre la main dans le caca et ça ne sentait pas bon du tout. Pour la majorité de ces gens, les 2400, perdre leur boulot signifie perdre leur maison à terme, ne pas pouvoir financer les études des enfants, et une vie de gagne petit avec la peur du lendemain, de la rue. Rare sont ceux qui quittent l'usine en soupirant de soulagement. :-(
Ce matin je papotais avec Là Bas, et nous disions notre contentement de ne plus aller au boulot 8-) ,d'enfin faire selon NOS priorités :-? ,nos enfants,la familles, le voisinage. (k) Hier soir j'écoutais,un jeune se plaignant de n'avoir pas assez de "sous" pour aller au pays avec sa femme :-| ,je comprends, mais il y est allé il y a 2 mois avec un copain.. :-? La CRISE, cette illusion des prestidigitateurs du grand capital. ;-)) Cette génération des 20-25 est complètement pervertie par la consommation à tout crin,s'endettant pour "paraitre" :-E Bon,je suis une vieille chose qui a connu le manque dans l'enfance,et à l'âge adulte. ppppp Avoir suffisamment pour payer la cantine des gamins,qu'ils aient au moins un bon repas dans la journée, je sais de quoi nous parlons quand on dit "misère" 8-I
Akynou, oui, c'est vraiment du cynisme poussé à l'extrême... et ces 2.400 et plus (bien plus, hélas), sortent souvent d'entreprises qui sont largement bénéficiaires...
mume, je ne sais pas si on peut leur lancer la pierre parce qu'ils ne savent pas ce qu'est la misère. Tant mieux pour eux, d'une certaine façon. Mais il ne faut pas oublier qu'ils sont les enfants de gens élevés par ceux qui ont connu la guerre et ses privations, ceux qui ont vécu les 30 glorieuses et l'ont vécu comme une "revanche" sur ce qu'avait vécu leurs parents... Bien sûr qu'il ne faut pas trop céder à la domination du paraître dans notre société, mais pour autant, on ne peut pas leur reprocher de vivre dans le monde tel qu'il existe ! Ceci dit, j'adore le surnom "Là Bas", c'est très très joli !