Fille de
Par Sacrip'Anne le mardi 27 octobre 2009, 09:00 - All about Chiboum - Lien permanent
Maintenant que la polémique est retombée un peu, me voilà partie sur mon expérience de "fille de", bien différente de celle de gens qui font l'actualité ces derniers temps.
Ca a commencé tôt puisque de la 6ème à la 3ème, j'ai été "fille de" prof du collège dans lequel j'étais élève !
La cohabitation s'est plutôt bien passée, dans la mesure de quelques choix stratégiques faits de part et d'autre pour s'éviter au maximum !
Plus tard, à mes débuts dans la vie professionnelle, j'ai été, cette fois-ci "fille de" mon père, le patron. Enfin dans un premier temps, le numéro 2.
Je cotoyais également les enfants de patron numéro 1.
Et je dois dire que l'école a été rude. Il fallait être exemplaire tout le temps, faire ses preuves trois fois plutôt qu'une. Etre crédible professionnellement auprès de gens qui m'avaient connue enfant (et pas que papa). Ca a duré 4 ans, dans deux entreprises différentes, et je dois dire que si le recul a permis une meilleure compréhension de nos rapports père-fille (notamment sur le droit de se dire qu'on était pas d'accord en partant de bases dépassionnées), il m'en reste quelques souvenirs douloureux.
Dernière à avoir son CDI, dernière sur la liste des augmentations, première à devoir montrer que je les valais, parfois à côté de gens dont les compétences étaient inversement proportionnelles à leurs salaires.
Alors je ne crie pas "haro" sur les enfants de. Après tout on est les enfants de qui on peut, pas de qui on choisit. Et il faut faire avec, avec plus ou moins de bonheur.
En revanche, j'ai du mal à comprendre les privilèges liés au nom. Sans doute à cause de mon expérience et de mon éducation. Mais quand même.
Aujourd'hui il me reste surtout des bons souvenirs, n'empêche. Mais quand même. Ca n'a pas été facile tous les jours !
Commentaires
Je n'ai connu que "fille de prof", et encore, pas dans le même collège. Ca m'a largement suffi!
Et puis les "débats dépassionnés" n'auraient, je crois, pas été possibles avec mon père.
Je t'admire, j'imagine la difficulté. Et cela dit, j'abonde dans ton sens: on ne peut pas choisir ses parents, et ce n'est pas "à cause d'eux" qu'il faut renoncer à une voie qui nous attire. Il ne faut pas faire de discrimination dans le sens inverse, mais les privilèges du nom, ça non!
Bonne journée :kiss
Exactement, ma Floh. Mais s'il faut suivre la même voie, il ne faut pas s'attendre à ce que le chemin soit toujours parsemé de pétales de roses !!!
Bonne journée aussi :kiss
Il faut croire que si nous résonnons (et raisonnons :p ) si souvent de concert, c'est qu'on est sans doute passé par bien des chemins communs.
Ce que tu racontes ici fait pleinement écho à mon propre parcours, à ceci près que j'ai fini par choisir la branche maternelle plutôt que la branche paternelle (encore que...).
Certains de mes amis, fils de postier ou nièce d'ouvrier qualifié n'ont pas eu à prouver quoi que ce soit pour obtenir des jobs d'été ou des stages; ça ne leur enlève pas le mérite d'avoir fait consciencieusement leur boulot. D'autres de mes amis, rejetons de "gens de responsabilité" ont bien davantage galéré pour avoir ce même genre d'expérience pro, leurs parents leur refusant la possibilité de postuler au prestigieux stage de photocopie-café dans leur boîte par peur d'être taxé de népotisme.
Pour quelques glandus arrivés à un poste au piston, combien de soupçons et de mépris pour "les filles et fils de" qui bossent sérieusement ? L'injustice n'est pas toujours du côté qu'on pense...
Je crois qu'il y a beaucoup de faux-culs qui crient "haro" sur ce sujet. :p
La question des stratégies éducatives familiales est complexe et passionnante et vaut bien mieux que les polémiques sans nuance de la récente actualité ;-)
heidi, je vais finir par ne plus être étonnée ! Et effectivement, l'arbre ne tombe jamais loin de la pomme (huhu) en matière de comportement par rapport à l'éducation reçue... ahem.
Oh, mais tu n'as pas renoncé à un siège, toi! ;-)
J'ai renoncé à des choses plus immatérielles, Fazou !
Presque pareil que toi, sauf que c'était difficile d'éviter mes (deux!) parents puisqu'ils ont été mes profs quelques années, et je n'en garde aucun bon souvenir. Certains (autres) profs me "protégaient" un peu à cause de mes parents et je détestais ça parce que mes camarades de classe me le faisaient payer très cher!
Ensuite, j'ai travaillé dans la même école que mes parents pendant trois ans, mais là ça allait mieux parce qu'ils n'étaient pas directeurs ou chefs ou quoi que ce soit. On travaillait juste ensemble dans la même école, et on ne peut pas dire que j'aie été privilégiée de quelque façon que ce soit parce que j'étais payée trois sous (et eux aussi d'ailleurs). Après ça, je me suis complètement détachée de cette école et ce boulot et j'ai trouvé ma vie bien plus facile!
Une de mes meilleures copines au collège était la fille de notre prof de français. Je l'enviais car elle avait l'air de bien le vivre. Peut-être que non finalement !
Dr Caso, de toute façon, c'est bien de se détacher à un moment ou à un autre, quand on suit la même voie. Histoire d'avoir malgré tout son identité entière !
Madeleine, d'expérience, l'air qu'on a n'est pas forcément complètement la vérité. La cohabitation avec Maman était plutôt indolore, mais les incessants "et tu peux savoir quelle note j'ai eue ?" ça m'a un peu gavée, l'air de rien !
Oui mais comme tu le soulignes, ce qui a révulsé pas mal de gens ces derniers jours, c'est l'aspect "privilège".
Donc rien à voir avec ton expérience.