Ce matin.

Sur chaque trottoir, des voitures garées. Certains grattent, d’autres manœuvrent, on est dans les heures de départ au travail.

Et puis une, qui attire mon attention. Son moteur tourne, avec le froid, le pot d’échappement semble déverser une quantité de fumée impressionnante. Mais pas de feux qui signalent une marche arrière. Coup d’œil. Siège conducteur baissé, une tête dessus.

Signal d’alerte ?

Je me trouve con. Je vais chercher ma voiture, repasse près de l’autre sur mon chemin. Rien de changé. Le signal d’alerte clignote plus fort dans ma tête.

Frein à main. Je prends mon sac. Vais frapper à la vitre.

Un homme qui dort. La quarantaine. Je lui demande s’il va bien et me trouve d’autant plus bête qu’il sort de sa voiture. Hébété par le réveil, mais aimable, toutefois.

Je lui dis que j’étais inquiète pour lui, qu’avec la voiture qui tourne et lui dedans, j’avais peur qu’il ait eu un malaise, que c’est dangereux, de laisser une voiture tourner, comme ça.

Il me répond qu’il vient de loin (sa plaque indique un endroit où on dit Qüick pour Quick), qu’il s’est levé tôt, qu’il attend quelqu’un et s’est endormi.

Je lui présente des excuses de l’avoir réveillé, il me dit que non, ce n’est pas grave. Qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

On se salue, je m’en vais.

Plus les minutes passent, plus je me sens con. Je ne sais même pas si on peut mourir en dormant dans une voiture qui tourne en plein air. Je sais que le monoxyde de carbone, c’est dangereux, mais là ? Dehors ? Que peut-être les minutes de sommeil que je lui ai volées, il en aura besoin pour ne pas avoir d’accident, sur la route. (On me souffle dans l'oreillette que non, il ne craignait rien...)

J’espère qu’il n’attendra pas trop, que celui qu’il est venu chercher sera en été état de conduire pendant que lui dort. Enfin. Après avoir raconté comment une qui se mêle de tout est venue le réveiller ce matin alors qu’il était peinard, dans ses rêves, au chaud dans sa voiture.