Ce matin, arrivée au pied des ascenseurs. Deux autres personnes, qui ne répondent même pas au bonjour enjoué que je leur adresse.

Elle grande, choucroutée comme dans les années 80, fausse blonde, perchée sur des talons. A vrai dire avec ses épaulettes et sa chevelure, elle n'a pas dû changer de look depuis 30 ans.

Lui petit, sphérique, cheveux gris coupés très court. Un sac banane sur le ventre (alors qu'à l'inverse, j'ai une banane dans mon sac. Ok rien à voir mais ça me faisait rire).

J'entre en premier dans l'ascenseur, choisis mon étage.

Elle passe ensuite et appuie sur deux boutons. Cet homme qui l'ignore et qu'elle ignore lui est donc assez familier pour qu'elle sache qu'il officie l'étage au dessus du sien.

Pendant la montée, froid polaire. Elle lui adresse quelque regards peu amènes, qu'il ne voit pas, fixant le sol obstinément.

Au 29ème elle nous quitte, prononce un "bonne journée" de pure forme. Je réponds.

Alors qu'elle est presque hors de voix, il répond un "bonne journée" où perce une pointe d'humour. Mais quoi ? Ironie, perfidie ? Ou bien il vient de se réveiller ?

En écho j'entends un rire de sa part à elle. Un rire sans rire, si vous voyez ce que je veux dire.

L'étage d'après il sort et me laisse à mes questions.

Sont-il fâchés ? En pleine bouderie ? Amants contrariés ? Collègues (ça c'est sûr) en guerre personnelle ou de service ?

Me faudra-t-il surveiller leurs allées et venues dans l'ascenseur en espérant la concordance de leurs emplois du temps, et du mien, pour savoir enfin ?