Dimanche j'avais rendez-vous dans un parc parisien.

J'aurais pu m'arrêter là où ma ligne de métro m'accompagnait au plus près et finir à pieds.

Mais saisie d'une cosse du dimanche, j'ai pris une correspondance d'une station, pour me rapprocher encore un peu plus.

A voir la longueur de la correspondance, je me suis maudite ! J'y serais déjà !! me disais-je in petto.

Mais bon. J'étais assez en avance pour compenser par une étude ethnologique des couloirs de cette station que je fréquente peu, ou jamais.

J'ai croisé au détour d'un couloir un jeune saxophoniste qui m'a mis le sourire aux lèvres, aussi.

Et puis arrivée sur le quai, Bach.

Pas Bach lui-même, évidemment. Un musicien de métro qui jouait Bach, à l'accordéon.

Vous verriez ma tête juste quand on prononce le mot accordéon, vous sauriez que j'aurais pu frémir d'horreur.

Sauf que c'était magnifique. Que l'accordéon bien exécuté arrive à faire ressentir la profondeur de Bach, autant que sa rigueur qui touche au céleste.

Le métro tardait à arriver et au lieu de regarder ma montre, comme je fais habituellement, j'étais tout simplement happée par le moment, par la beauté, par ce qu'il bouleversait au fond de mes tripes.

Je n'avais fait ce long périple souterrain que pour vivre ce moment.

Quand la rame s'est fait entendre, le musicien regardait vers moi. Je lui ai souri, ai articulé un silencieux merci. Il m'a souri en retour, a hoché la tête. Et le moment était fini, mais j'ai la sensation qu'il restera longtemps dans un coin de mon coeur.

Comme la jolie journée qui a suivi.