(Préambule : Papa, Maman, si vous êtes dans les parages, vous n'avez peut-être pas envie de lire ce billet. Que les choses soient claires : ça ne me gêne pas plus que ça que vous le fassiez. Mais bon. Au cas où, quoi).

Alors tout de suite, je vous le dit clairement, il ne s'agira pas ici de techniques de galipettes ou autres récits échevelés de ma jeunesse dévergondée.

Mais d'une réflexion qui s'est assemblée au cours de déconnades du vendredi, de discussions de filles, et autres considérations hautement philosophiques. Et parfois un peu caricaturales.

Rappelons en préambule que le sexe est à la base un mécanisme de procréation. Un truc qui sert à faire des bébés, pour ceux qui sont tout émoustillés et n'arrivent pas à lire les mots de plus de deux syllabes.

Comme nous sommes des animaux marrants, les humains, on a quand même trouvé que c'était drôlement agréable, sur le principe, et que ça serait dommage de se limiter à cette fonction biologique. Et puis petit à petit, dans notre genre de pays et dans notre genre d'époque, c'est devenu un plaisir qu'on s'offre la plupart du temps pour le plaisir, justement, et occasionnellement pour faire un bébé.

Autant dire à ce point et pour finir ce préambule que, et c'est tout à fait personnel, je n'impose mon avis à personne, les envies de contact charnel sont, pour moi, absolument pas sacralisés ou soumis à des conditions draconiennes, juste une envie qu'on peut avoir et assouvir, dans le cadre d'un accord des deux parties concernées (je m'arrête à deux, on va faire simple, mais sinon vous faites comme vous voulez).

Toujours est-il qu'en entendant les coupines, célibs ou pas, parler, j'étais assez effarée. Peut-être que ça fait trop longtemps que je n'ai plus été en situation de réfléchir à comment aborder la question, mais mon dieu, quelle stratégie.

Pas le premier soir, pas si pas épilée au quart de poil près, pas si ceci, pas si cela, mais comme ceci et comme cela. Je vous passe le détail par respect pour la vie privée de mes copines, mais quand même, il y a du cahier des charges dans les envies de sexe des filles modernes, et pas qu'un peu. On dirait un appel d'offre de marchés publics (hinhinhin, si j'ose dire), pour un peu.

Du coup, j'ai un peu l'impression que, sortis d'années, de siècles, de millénaires, de peu de considération pour les envies des femmes, il y a une sorte de vengeance. Que les filles ont fait du sexe une sorte d'objet de chantage pour les garçons. La carotte qui va le rendre accro (tu y auras droit quand...), une façon de s'assurer d'une forme d'engagement (tu te rends compte, il a couché avec moi et IL N'A PAS RAPPELE !!), alors que bon, on peut s'envoyer en l'air pendant des décennies et puis partir quand même vers d'autres histoires, une sorte d'arme de guerre.

Et dans tout ça, le garçon, il n'a finalement pas grand chose à dire. On lui demande "juste" d'être performant. De remplir son rôle de grand machin poilu et couillon bon pour le service. On s'attend à ce qu'il soit éduqué, sache que les préliminaires, c'est 20 minutes, et puis qu'il lise dans les pensées ce qui pourrait bien nous faire plaisir et nous laisser, nous femelles, pantelantes sur l'oreiller. De préférence qu'il ne s'endorme pas dans la foulée, nous câline tendrement après. Et fasse sa demande en mariage dans les 24 heures.

J'exagère UN PEU. Mais si vous fouillez un peu votre entourage féminin, vous verrez qu'il y en a bien quelques unes pour lesquelles ça n'est pas DU TOUT exagéré.

Alors dans tout ça je me dis que parfois, il y a plus de spontanéités et de plaisir dans les rencontres de courte durée que dans les plans de bataille de filles pour mettre un homme dans leur lit / vie. Enfin certaines filles.

Peut-être parce que j'ai donné pas mal dans le délurage, assez pour m'amuser et avoir fait le tour de la question, peut-être parce que je suis seule et que je n'ai pas envie de me lancer dans cette grande guerre du rapprochement là, tout de suite, mais envie de quelque chose de plus... de moins... enfin de simple, quoi, j'ai envie d'autre chose que ce qu'on m'offre comme miroir de la sexualité moderne.

J'ai envie que ça soit l'idée de partage, d'intimité, de plaisir, qui soit au cœur de la question. Qu'on ait le droit d'explorer, de s'interroger, d'avoir copieusement la trouille de qui on est, de ce qu'on a à offrir à l'autre, et que ça soit dans la confiance et dans le plaisir que cette trouille soit rassurée. Qu'il y ait une envie de s'apprivoiser sans pression, sans objectif de grimpage aux rideaux obligatoire et immédiat. Et que la question soit d'être bien à deux (oui, j'en reste toujours à deux) et pas nécessairement dans une obligation de déchaînement des sens dignes des meilleurs récits de lendemain matin de mes copines.

Oui oui, qui ont toutes un orgasme automatique (faut bien, avec leurs hommes programmés pour), des tremblement infinis, après avoir épuisé leurs étalons au cours de démonstrations de savoirs-faire éblouissantes. Faut bien amortir les préparatifs (rappelez-vous l'épilation, le maquillage, les sous-vêtements sexy, tout ça).

Voilà, aujourd'hui, comme ça, je me dis, l'amour physique entre adultes consentants, ça peut n'être ni donner, ni prendre, mais partager quelque chose, et le faire selon les envies des deux concernés (toujours deux, je m'obstine), sans se mettre des pressions imaginaires ou réelles en plus là-dedans.

Naïve, va ! Entends-je du fond de la salle. On dirait que tu as tout oublié de ton précédent célibat, ricanent celles qui me connaissent le mieux. Est-ce qu'il/elle existe seulement ? soupirent ceux qui auraient envie de s'inscrire dans ce genre de réflexions ? Le, la bonne personne avec qui ont pourrait explorer ce volet de la sexualité détendue, si j'ose dire ? Celui, celle qui saura nous rassurer, se plaire de nos failles, de nos trouilles, de nos faiblesses, pour en arriver à cet apprivoisement / partage ?

Et ben vous savez quoi ? Je n'en sais rien. La seule chose que je peux vous promettre, c'est que s'il s'en trouve un sur ma route, non, je ne vous raconte pas, mais je promets solennellement de remiser ma devise : "Il est plus intime de dormir avec quelqu'un que de coucher avec".

Et toc.