Résilience
Par Sacrip'Anne le jeudi 24 mars 2011, 07:00 - All about Chiboum - Lien permanent
Je lis en ce moment pour des motifs professionnels un livre écrit par une salariée en souffrance.
(Ca m'arrive souvent, notez).
Il se trouve que celle-là, je la connais, et quand on connaît la personne derrière les mots, ça change un peu le regard.
Mais pour le coup, ça ne change pas des masses : ce qui m'agace chez elle à l'oral est la même chose qu'à l'écrit. Le jargonnage psycho truc. Mais je comprends le besoin qu'elle a eu de s'en emparer pour combattre ses souffrances, les surmonter, en faire autre chose.
Et ce qu'elle a vécu est vraiment accablant, alors il lui sera beaucoup pardonné (notamment le fait que mes soirées passées à la lire ne sont pas dans un genre grand comique troupier !).
Un mot qui lui est cher, un concept important pour elle, est celui de résilience.
En gros, cette faculté à absorber les chocs de la vie, à les transformer en quelque chose qui nous permet de surmonter et continuer.
Ca m'envoie sur des rebonds. Sur nombre de personnes que je connais et qui tentent, avec plus ou moins de succès, de surmonter des caps plus ou moins difficiles.
Je me disais aussi, dans ce que j'ai vécu, qui n'a quand même pas grand chose de commun avec des traumatismes profonds, mais quand même, dans mes quelques moments bien difficiles, j'ai cette chance d'être, par nature, je pense, quelqu'un qui va trouver de la ressource pour avancer, digérer, passer à autre chose.
Et j'espère que cette "nature", en cas de coup vraiment vraiment dur, répondrait présente.
Et puis y a des fois où j'aimerais bien pouvoir faire un petit paquet de résilience à offrir, à des gens qui en auraient besoin...
Commentaires
"Et j'espère que cette "nature", en cas de coup vraiment vraiment dur, répondrait présente." Tu n'es pas seulement une bonne nature, tu t'es construite dans un milieu aimant, qui continue de l'être. Je ne pense pas que le premier découle totalement du second, mais en tout cas, il aide à son développement. La résilience, c'est l'anti thèse de la fatalité et de la permanence de l'écroulement. En cas de coup dur, c'est cette chance qui nous est offerte, de sortir de l'obscurité. Elle ne tient pas qu'à nous cette chance, elle tient aussi beaucoup aux personnes qui nous entoure. Oui, nous avons besoin des autres. L'accepter fait parfois partie de la difficulté à surmonter. Moi je dirai à mon propos que je sais qu'en cas de coup dur, j'aurai la force de m'en sortir, je l'ai déjà fait et pas qu'une fois, mais bon sang, j'espère que j'aurai à nouveau la chance d'avoir sur ma route à ce moment là, les bonnes personnes qui me tendront les bonnes mains. :kiss
... (trouve pas les mots - mais très touchée par la note, par le comment de Luce et beaucoup de trucs - surtout en ce moment).
Te fais confiance et je fais confiance à ton entourage pour t'y aider dans le pire des cas - car jamais personne n'est à l'abri :-(
Luce a déjà tout dit .
Ouh là... Résilience... J'ai droit à un joker sur ce coup-là ?
Ca peut s'appeler résilience ou plein d'autre chose, Cyrulnik a écrit de fort belles choses à ce sujet. Et je suis profondément persuadée que tu fais partie de ces gens qui parviennent à positiver tout ce que tu traverses, et c'est très précieux...
Plein de bises :kiss
luce, oui, je suis parfaitement, entièrement d'accord avec toi, jusque dans la moindre virgule. :kiss
Ma nam, y avait une pensée pour toi, là dedans, évidemment. Je t'embrasse.
charlottine, ou l'essentiel en tout cas !
Eric, oui oui oui. Parfaitement. Mais seulement si tu me fais des bisous !
Floh, je relativise parce qu'à la base, Cyrulnik observait les enfants sortis des camps de concentration et que rien de ce que nous avons vécu ne s'en approche. Alors... mais tout, non, peut-être pas. Un grand bout. Bises
Bien sûr que je te fais mille bisous doux dans le cou.
Juste pour rebondir sur ta réponse à Floh : Tu ne peux pas hiérarchiser selon ton propre référentiel les traumatismes subits par d'autres. Non que je mette en doute l'importance du traumatisme des camps, mais une relation toxique et perverse au sein de la famille ou du couple ou sur le lieu de travail peut être extrêmement destructrice. Chacun est seul juge de l'importance de son traumatisme, ou plutôt de celle qu'il lui accorde.
Eric, miam ! Je ne hiérarchise pas, je relativise. OK, j'ai eu des coups durs, mais rien qui me mette en danger de mort immédiate et prématurée, on va dire. Mais c'est peut-être ma nature résiliente qui veut ça ! LOL
J'avoue que mon actualité personnel, me fais remettre en doute l'idée que j'avais de la capacité de certaine personne à toujours rebondir, à encaisser, à absorber et transformer !
il n'a fallu que quelques secondes, certainement très réfléchis, pour que le granit ne soit plus que poussière !
L'humain est bien étrange et il en faut finalement peu pour basculer d'un bord ou l'autre, que l'on soit roc ou fétus de paille !
"Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Magnifique résilience.
Bon pas cool, elle semble me fuir. J'ai été assommé, j'en ai encore la tête qui raisonne et je ne crois pas être devenu plus fort grâce à cela... au contraire...
Très d'accord avec Luce et Gilsoub.
La résilience j'y croyais jusqu'à il y a 5 ans. Puis j'ai appris que certains coups durs, qui logiquement ne devraient pas tant l'être (personne ne fut physiquement en péril, ni soumis à d'horrible traitement) atteignent si profond que si l'on y survit on n'est plus la même personne. Ce qui fait que nos mécanismes "habituels" de relancer vers l'avant ne fonctionnent plus non plus. Impossible alors de s'en sortir sans l'aide des autres. Luce l'exprime mieux que moi.
PS : Au sujet de la souffrance au travail, bel article ce matin de Frédéric Fanchette dans Libé sur "Des clous" de Tatiana Arfel. Il faudrait que puisse lire ce bouquin tous les salariés en souffrance.
Gilsoub et Gilda, mais personne ne prétend qu'être résilient, ça se fait seul, du tout. Je pense qu'il s'agit justement de s'appuyer sur tout ce que la vie nous offre, dont un entourage présent, quand ça existe, pour digérer et transformer. Et puis oui, selon ce qui nous tombe (ou pas) sur la tête, parfois, notre système intérieur se modifie, et parfois "on en peut plus". Juste ça. Quoi qu'il en soit, ça ne modifie pas tant la définition de la chose...
Je pense à Primo Lévi, qui a consacré sa vie à transformer son expérience des camps en choses utiles pour les autres et reconstructrices pour lui. Jusqu'à ce qu'il se suicide, parce qu'à ce moment là, ce n'était plus possible pour lui d'aller de l'avant.
Tout ça pour dire que la résilience, ce n'est pas forcément un acquis, ni même à vie. Juste une faculté qui apparait de façon plus ou moins récurrente. Et parfois, pas.
z..., joli, la tête qui raisonne / résonne. Je te souhaite, ainsi qu'à tous ceux qui en ont besoin, de trouver des clés pour que ça aille mieux. Non, en fait. Pour que ça aille bien.
Je ne sais pas quoi dire mais je tenais quand même à la dire. On va bien voir :-)
La résilience, pour moi, c'est continuer à aimer la vie dans ce qu'elle a de merveilleux même quand on a compris dans sa chair qu'elle est aussi terrible et hideuse parfois.
Et d'instinct, même si je te souhaite de ne jamais traverser pire que ce tu as déjà vécu (quoi que ce soit), je pense que non seulement tu es une personne résiliente mais aussi une personne qui aide à la résilience des autres, par le regard profond, tendre et "jouissif" que tu poses sur le quotidien.
La résilience est la capacité d'un matériau d'emmagasiner de l'énergie quand il se déforme d'une manière élastique et de libérer cette énergie quand la charge est supprimée (wikipédia). D'abord nos âmes (et nos corps) sont de très frêles matériaux ; et en tout cas, cette énergie emmagasinée peut être libérée de beaucoup de façons, positives et créatrices, ou négatives et destructrices. Il y a aussi les tremblements de Terre.
Gilda : La résilience n'est pas une foi, il n'y a pas à y croire ou pas. C'est un phénomène possible, qui n'a rien de systématique, décrit par Cyrulnik.
Comme le dis Anne, personne ne prétend que la résilience, ça se fait tout seul, car c'est même exactement le contraire. Cyrulnik, dans ses exemples, cite souvent les rencontres, un prof, un ami, un livre.
Comme tous les mots devenu à la mode, il est souvent détourné mais ce n'est pas un don, ni un talent, ni une capacité, c'est un phénomène qui se produit dans certaines circonstances, avec certaines personnes. Ce que la description de ce phénomène a apporté, c'est un autre éclairage sur la psychanalyse, notamment sur la mode qui sévissait dans les années 90 du " tout se joue entre 0 et 6 ans". C'est ça que je voulais dire par l'anti thèse de la fatalité et de la permanence de l'écroulement. La résilience offre à nos perceptions du traumatisme, la possibilité de s'en sortir, pas la certitude. La certitude de ne pas se remettre d'un traumatisme appartient bien d'avantage à la croyance, que la résilience...
Après, on peut se demander, c'est quoi, s'en sortir ? Mais c'est un autre débat ;-)
Oh zelda... c'est un des plus beaux compliments qu'on m'ait jamais fait. Je vais tâcher de le mériter. Merci, merci merci. :kiss
Pablo, j'adore ton : "il y a aussi les tremblements de terre". Je pourrais quasi faire des variations à l'infini sur le sens de ta phrase dans ce contexte.
luce, t'es sûre que c'est de théâtre, que tu es prof ?! S'en sortir... tout un programme, hein ? Un billet chez toi à venir ? ;-)
Anne : Pour rebondir sur le rebond d'Eric, j'ai remarqué souvent chez toi, cette façon de "relativiser", "il y a pire" je crois que c'est un système de défense qui en vaut un autre, mais comme tous les systèmes de défense il a ses dangers. C'est de ne pas s'autoriser la souffrance sous le prétexte qu'elle ne serait pas légitime. Hors la souffrance est, légitime ou pas, elle nous traverse. A force de la minimiser, elle s'entasse, un jour elle explose et fait de grand ravage.
Je suppose que tu lui laisses sa place dans une intimité qui ne s'expose pas, pas ici en tout cas.
Mais il m'arrive parfois de me dire à ton sujet, que tu as le droit d'éprouver de la souffrance, et même de te plaindre, quand bien même ce n'est pas une question de vie ou de mort et j'espère que tu utilises ce droit pleinement "dans tes quelques moments bien difficiles"
Bon je m'étale chez toi aujourd'hui. Mais j'ai pas le courage de pondre un texte chez moi, merci de m'accueillir ;-)
Anne : j'adore quand on se croise comme ça, autant sur le timing que sur les mots ;-)
Moi aussi, Luce, moi aussi :(
luce, oh, j'avais vu que le dernier mais pas le précédent.
Je ne sais pas si c'est de la défense, ou de la confiance. Tu sais, je sais être triste, ronchon, et même parfois de mauvaise humeur ! Et même, ça transparait ici, même si moins que dans des échanges plus privés.
En tout cas, so far, so good, plus ou moins :kiss
La résilience: j'ai lu le billet puis j'ai lu les commentaires, en guettant le moment où l'on dirait le nom. Et le nom est venu, et je ne suis pas surpris c'est Luce qui l'a écrit. Boris Cyrulnik.
C'est lui qui m'a fait découvrir ce mot. C'est lui qui m'a rendu l'espoir qu'on pouvait repartir, clopin clopant, après chutes et dérives. Je ne parle pas de moi ici, mais d'autres gens dont j'aurais été désespéré qu'ils ne repartissent point, et avant Boris je l'étais, désespéré.
Bon, ils ne sont pas vraiment repartis, ces gens là, mais quand même un peu, et du regard aussi fort que je peux les aimer je les pousse, et clopin clopant, ils avancent. Toute seule comme une grande.
andrem, je crois même que c'est lui qui l'a employé en premier dans ce contexte (mais je peux me tromper). Parfois, le "quand même un peu", ça fait toute une différence, hein ?
Anne: Oui, c'était le condensé de quelques réflexions que j'avais faites à la lecture de ton billet ; content que ça en provoque d'autres chez toi.
Anne : Non,tu ne te trompes pas, il est l'inventeur de se détournement et ce n'est pas étonnant vu son parcours atypique.
"Tu sais, je sais être triste, ronchon, et même parfois de mauvaise humeur !" Ah ben me voilà rassurée ! LOL Un comble non ?
Andrem : C'est pas moi qui est prononcé le nom en premier c'est Floh ;-) . Mais je comprends ce que tu voulais dire, par le détails que j'y ai mis ;-)
Qui ait, pas qui est grrrr
luce, huhu. Ca me touche infiniment, tu sais ? Je t'embrasse
Du coup je me mets à songer sérieusement au concept de résilience secondaire...Je sors.
K, excellent !
Travaille fort sur le sujet depuis 2 mois même si j'utilise peu le mot en soi. Je n'aime pas apprendre dans la souffrance mais lorqu'il le faut autant souffrir pour renaitre que dépérir. C'est une question d'instinct plus que de choix...
Oui, je crois comme toi, Etolane, que c'est une question d'instinct. Courage, alors...