Je planque ce billet un samedi, jour silencieux d'ordinaire. Jour de moindre fréquentation. Et pourtant je l'écris. Pour poser ces mots. Besoin, là.

Il y a six ans, j'ai ouvert une porte et ma vie a changé. Derrière cette porte il y avait quelqu'un qui l'a changée.

C'est rare une rencontre de quelqu'un dont vous vous rendez compte que vous aviez toujours eu envie de le ou la rencontrer. Sans être vraiment sûr qu'il ou elle existe, quelque part.

A l'époque et jusqu'il y a quelques mois, j'ai fait ce que j'ai pu. Comme j'ai pu. Pour vivre pleinement ce que cette rencontre m'apportait, ce que je pouvais lui apporter.

Je ne l'ai pas fait si justement, puisque le père de ma fille vous dirait que c'est l'origine de nos tourments. Et tout en étant pas vraiment d'accord avec lui, parce que je pense que nos trajectoires se seraient écartées de toute façon, qu'elles avaient déjà même commencé, insidieusement, je dois reconnaître que je n'ai pas fait d'autres concessions que de dire : cette rencontre m'est essentielle. Je ne fais rien de mal. Mais si on m'empêche de la vivre comme ça, je ne garantis pas ce qui pourrait se passer pour moi.

Bref. Nul ne peut réécrire l'histoire et prédire ce qui se serait passé dans un cas ou dans un autre.

Il y aura un an cet été, je me suis retrouvée seule de nouveau. Et évidemment pour moi ça a ouvert le champ des possibles. Et évidemment il fallait dire. Surtout par besoin que toutes les cartes soient honnêtement distribuées.

Mais si dans les belles histoires, tout se passe dans un ralenti avec une belle musique et des larmes de joie qui perlent pour les héros, dans la vraie vie, ça ne se passe pas toujours comme ça.

Alors avec celui-là, nous sommes un peu comme des courbes asymptotes. Qui s'approchent au plus près mais dont les tracés ne se confondront pas.

Pour autant c'est une belle histoire, aussi. C'est bon de continuer à être supris par l'autre. C'est bon de se dire que de toutes nos rencontres, nos moments partagés, il n'y en ait pas un qui m'ait semblé "moins bien", où il ne se soit passé quelque chose, même infinitésimal, qui soit au delà du commun, de l'ordinaire.

Et puis c'est aussi follement douloureux, certains moments. D'où les hauts et les bas qui se lisent ici, parfois.

Il y a six ans ma vie a changé. Elle est aujourd'hui à un stade où je ne sais pas ce qu'elle me réserve. Sans doute beaucoup de plaisirs partagés, encore.

Et puis du temps à passer avant d'être capable autre chose.

Il y a juste une chose que je sais : "en dessous" de cette évidence, de cette intensité, ça ne sera pas la peine. Et comme il m'a fallu un peu de temps avant de rencontrer cette évidence, que je sais qu'elle ne se trouve pas au coin de chaque rue, de chaque moment...

Bref. On s'en fout. Vivons ce qu'il y a à vivre. Un jour après l'autre.

(Et histoire de terminer sur quelques jolies notes, un de mes passages préférés d'un de mes films préférés).