J'ai raconté par bribes, je crois... mais il y a eu ces derniers temps des choses qui me ramenaient à "ça", un bout de moi qui surprend souvent et qui pourtant...

J'étais une petite fille qui a vite caché sa timidité par une forme de "grande gueule", avec un avis sur tout, et parfois ça m'a joué des tours.

Mais c'était aussi une façon d'aller à l'encontre de ma timidité. Qui existe toujours mais dont la plupart du temps, je considère qu'elle ne sert qu'à me bloquer. Sauf parfois où elle me bloque vraiment.

En CM1, j'étais dans une classe à double niveau, et je suis passée en CM2 après le premier trimestre. Ca n'était pas très gênant puisque nous étions tous mêlés.

Mais ensuite, au collège : 10 ans en sixième quand certains camarades en avaient 13 ou 14, l'écart se creuse. Et puis fille de prof. Apprentissage du tri ente les gens intéressés, les dédaigneux, et les copains pour de vrai. Mais j'étais toujours celle qui s'ajoutait à un groupe formé, je n'ai pas connu le côté "meilleure amie exclusive" qu'on peut avoir parfois à cet âge. Ma grande copine c'était celle de l'enfance, nous avions deux classes de différence, liens distendus...

Pareil au lycée. Les camarades sortaient parfois, moi j'avais 14 ans en seconde, 16 en terminale... et par un coup de pas de bol, quelques dents de lait tardives à tomber. Me voilà entrée dans les années un lycée avec un appareil dentaire alors que tous les autres venaient de s'en débarrasser. Et toujours une personnalité qui prend de l'espace mais qui ne plait pas beaucoup à cet âge de conformisme.

Quelques copines, toujours un peu "cinquième roue du carrosse". Des pas très bons souvenirs, une perception de qui j'étais qui commençait à puer de la gueule. Je me suis sentie très seule, souvent.

La fac, c'était vraiment génial. C'est là que j'ai rencontré ma grande amie O. Quelques personnes qui, dans ou hors les murs, ont compté ou comptent toujours. Un peu libérée de ce côté "fille de" (et le diable sait que même quand c'était mis à mon débit, je n'ai jamais été QUE fière d'être la fille de ma mère). Des gens qui comme moi, avaient envie de refaire le monde selon leurs rêves et pas selon des stéréotypes.

Puis j'ai travaillé pour mon père. Deux fois. Et j'ai appris il y a peu qu'il arrivait que dans des rassemblements festifs de collègues, je n'étais pas invitée parce que fille de (et le diable sait que même quand c'était mis à mon débit, je n'ai jamais été QUE fière d'être la fille de mon père).

Curieusement, le job d'après, ça s'est dénoué. J'étais réputée pour être celle qui mettait du lien entre les gens. Qui tout en étant une personnalité pas tout à fait "conforme", bossait bien et apportait quelque chose humainement.

Et maintenant que j'ai encore puis encore changé de boulot, ça me fait rire qu'on dise de moi que j'ai des copains partout (dans une boîte qui a fusionné récemment avec des cultures différentes, il y a ceux qui restent dans leur troupeau premier, et les électrons libres qui circulent et partent à l'aventure des autres). Ca n'est pas tout à fait exact mais c'est vrai que j'aime bien aller à la découverte des gens, que ceux qui ont des a priori, je me fais un plaisir de les amadouer sur la durée, d'un coup de sourire ou de blagues, de bêtises d'ascenseur ou de question sur leur métier.

Pourtant, de ce côté "pas conforme" et "pas forcément première sur la liste", j'ai gardé, très présent en moi, la crainte de gêner toujours. Qui ne m'atteint pas du tout dans la vie professionnelle, mais beaucoup plus dans la vie privée. Drôle de pudeur bizarrement placée...