Les pudeurs bizarrement placées
Par Sacrip'Anne le mercredi 13 juillet 2011, 00:00 - All about Chiboum - Lien permanent
J'ai raconté par bribes, je crois... mais il y a eu ces derniers temps des choses qui me ramenaient à "ça", un bout de moi qui surprend souvent et qui pourtant...
J'étais une petite fille qui a vite caché sa timidité par une forme de "grande gueule", avec un avis sur tout, et parfois ça m'a joué des tours.
Mais c'était aussi une façon d'aller à l'encontre de ma timidité. Qui existe toujours mais dont la plupart du temps, je considère qu'elle ne sert qu'à me bloquer. Sauf parfois où elle me bloque vraiment.
En CM1, j'étais dans une classe à double niveau, et je suis passée en CM2 après le premier trimestre. Ca n'était pas très gênant puisque nous étions tous mêlés.
Mais ensuite, au collège : 10 ans en sixième quand certains camarades en avaient 13 ou 14, l'écart se creuse. Et puis fille de prof. Apprentissage du tri ente les gens intéressés, les dédaigneux, et les copains pour de vrai. Mais j'étais toujours celle qui s'ajoutait à un groupe formé, je n'ai pas connu le côté "meilleure amie exclusive" qu'on peut avoir parfois à cet âge. Ma grande copine c'était celle de l'enfance, nous avions deux classes de différence, liens distendus...
Pareil au lycée. Les camarades sortaient parfois, moi j'avais 14 ans en seconde, 16 en terminale... et par un coup de pas de bol, quelques dents de lait tardives à tomber. Me voilà entrée dans les années un lycée avec un appareil dentaire alors que tous les autres venaient de s'en débarrasser. Et toujours une personnalité qui prend de l'espace mais qui ne plait pas beaucoup à cet âge de conformisme.
Quelques copines, toujours un peu "cinquième roue du carrosse". Des pas très bons souvenirs, une perception de qui j'étais qui commençait à puer de la gueule. Je me suis sentie très seule, souvent.
La fac, c'était vraiment génial. C'est là que j'ai rencontré ma grande amie O. Quelques personnes qui, dans ou hors les murs, ont compté ou comptent toujours. Un peu libérée de ce côté "fille de" (et le diable sait que même quand c'était mis à mon débit, je n'ai jamais été QUE fière d'être la fille de ma mère). Des gens qui comme moi, avaient envie de refaire le monde selon leurs rêves et pas selon des stéréotypes.
Puis j'ai travaillé pour mon père. Deux fois. Et j'ai appris il y a peu qu'il arrivait que dans des rassemblements festifs de collègues, je n'étais pas invitée parce que fille de (et le diable sait que même quand c'était mis à mon débit, je n'ai jamais été QUE fière d'être la fille de mon père).
Curieusement, le job d'après, ça s'est dénoué. J'étais réputée pour être celle qui mettait du lien entre les gens. Qui tout en étant une personnalité pas tout à fait "conforme", bossait bien et apportait quelque chose humainement.
Et maintenant que j'ai encore puis encore changé de boulot, ça me fait rire qu'on dise de moi que j'ai des copains partout (dans une boîte qui a fusionné récemment avec des cultures différentes, il y a ceux qui restent dans leur troupeau premier, et les électrons libres qui circulent et partent à l'aventure des autres). Ca n'est pas tout à fait exact mais c'est vrai que j'aime bien aller à la découverte des gens, que ceux qui ont des a priori, je me fais un plaisir de les amadouer sur la durée, d'un coup de sourire ou de blagues, de bêtises d'ascenseur ou de question sur leur métier.
Pourtant, de ce côté "pas conforme" et "pas forcément première sur la liste", j'ai gardé, très présent en moi, la crainte de gêner toujours. Qui ne m'atteint pas du tout dans la vie professionnelle, mais beaucoup plus dans la vie privée. Drôle de pudeur bizarrement placée...
Commentaires
Tu peux pas demander avant de raconter ma vie ? (à part que maman n'est pas prof, mais elle aurait pu)
Bon, on forme un club ? sauf le coté précoce à l'école, moi c'était plutôt le contraire !
Électron libre, j'étais la cinquième roue aussi. Aujourd'hui j'attiré les protons,comme tout bon électron. Pour autant, je n'ai pas beaucoup d'amis, ni même de copains... Peur de gêner... :blush:
jath, ben moi, tu ne me déranges pas, et même pas du tout, na !
Gilsoub, mais on a pas déjà fait une sorte de club, là, depuis quelques jours, tous les trois ??!! 0:-)
Erin, au fond je me dis : faut pas avoir peur. Mais quand même.
Tout pareil sauf pour le côté précoce, ma dyslexie m'a pas aidée au niveau scolaire et en plus j'ai eu longtemps des problèmes de prononciations alors... bref, dans les groupes, j'ai toujours été celle qui cimente (parce que pas trop d'ego?).
Par contre mon côté pas conforme qui sort des vannes pourries juste pour rigoler, m'a valu la réputation de celle qui n'a peur de rien alors que... bien au contraire!
Pappo-Stef, précoce, tout de suite, les grands mots !!! Oui le côté "peur de rien" aussi, en commun. Alors que. On sait bien que.
pareil que Jath ... sauf que c'est papa qu'était prof ... et maman au conseil de classe ... quoi double handicap ?! :gasp:
et je veux bien ma carte du club aussi 0:-)
Mel'O'Dye, j'ai raconté comment mon papa s'était fâché à mort avec ma prof de français collègue de ma maman, déjà ?
Je re, au cas où :
En troisième, elle nous collait des contrôles le vendredi après-midi et refusait qu'on fasse un intercours sous prétexte qu'on POURRAIT aller au CDI et tricher.
Et mon père de lui répondre en rv parent prof : "si en un quart d'heure ils ont le temps d'aller au CDI, de trouver l'info, de la mémoriser et de la restituer, c'est pas de la triche, c'est du talent".
C'était particulièrement mon héros ce jour-là :heart:
Dans le genre ma mère ce héros, mon prof d'anglais appelle un dimanche et lui dit: "votre fille a eu zéro"
ma mère: "Ma fille? zéro?? Impossible!!"
Fin de la discussion.
Anne > ton père est mon héro aussi depuis deux minutes ! Je la garde sous le coude, ça peut servir, on ne sais jamais !
Pappo-Stef classe et impérial !
jathenais, bah vous êtes un peu "pays", lui et toi, en plus !
Pfiuuuuuuu, je crois que je suis en train de prendre moi aussi mon adhésion à votre club !
J'ai envie de dire, et j'aimerai bien être plus originale mais c'est vraiment le cas: tout pareil ! sans toutefois la précocité extrême... bon j'étais de fin d'année alors ça décale un peu quand même.
Electron libre, fille "d'intellos", conscientisée, j'avais souvent un mot à dire, sans impertinence mais parce que j'étais vive, disait-on. Pas conforme, hein.
Vivante, bavarde, curieuse... j'avançais sans à priori, très perméable toutefois à mes ressentis, à l'hostilité, au rejet... souvent peur de gêner, comme toi.
Une croissance tardive, une formation physique tardive, un appareil jusqu'en première... bref des complexes physiques et psychologiques qui laissent encore un peu leurs traces...
Ta touche d'humanisme transparaît aussi dans ton blog :-). La peur de gêner est aussi une qualité je pense, même si pas agréable pour celui qui la vit, car c'est une forme de respect.
Moi,j'étais plutôt du genre à avoir une bonne copine et à m'y coller (même jusqu'à l'université), je ne me sens pas très à l'aise en groupe.
Alors Smily, un point de divergence, malheureusement, j'étais la plus jeune mais avec déjà un début de silhouette de jeune fille là où mes copines plus vieilles usaient de kleenex :-D J'en rigole maintenant, mais c'était extrêmement compliqué pour moi (à la fois une forme de truc flatteur et pas du tout raccord corps / états d'âme, je n'étais encore qu'un pur esprit et qu'un coeur qui bat, à l'époque. Comme quoi on change !!).
Mais oui, bien sûr que tu as ta place dans le club !
Solete, merci. J'aime mieux les petits comités en général, mais j'aime bien l'effet de "bande" avec ses cercles concentriques. Ca n'empêche pas d'avoir des relations individuelles aussi avec les uns et les autres. C'est pas le même rapport.
Il y a plusieurs phrases de ce post que j'aurais pu écrire et que j'ai sans doute pensé très forts à certains moments.
J'aime ta façon de l'exprimer, de parler d'une pudeur bizarrement placée. C'est tout à fait ça, les mots qui me manquaient pour vraiment le dire.
On ne se refait pas ! (même si on essaye quelquefois) En vieillissant on se raisonne mais telle que tu me vois là, je suis dans mes petits souliers car je vais bientôt rencontrer des gens qui m'intimident ! Comme toi, j'ai beaucoup plus d'assurance au travail.
Nous n'avons pas les mêmes pères :( Le mien m'a longtemps reproché d'avoir perdu mon année d'avance en redoublant ma seconde !
Ah ? de où ?
C'est où pour s'inscrire ?
La Voyelle, bienvenue dans les commentatrices du bloug \o/ !!! Ca me touche que ça vous touche, parce que c'est une clé de "qui je suis" assez importante, et qu'en même temps à vous lire dire "pareil", je me dis qu'on devait être nombreux(ses) et que du coup, voilà.
Madeleine, héhé, même dans quelques moments de glande ensemble j'ai un titre de gloire : la seule de ce côté à n'avoir jamais redoublé de tout mon cursus !!
Jath, ben on en a parlé, déjà !
gilda, inscription automatique, c'est fait (mais toi, je savais deviner, je pense !)
ah oui c'est vrai, st priest braquemart ! (petite annonce : mes neurones chéris se sont barrés, si vous les retrouvez, merci de me les ramener d'urgence)
Je te ferai la dentelle de la géo familiale quand on se verra, jath, mais en tout cas, y a du terroir. C'est pas moi qui ai tes neurones, ça se serait vu :-D
Bon je me joins au club "fille de..." mais je crois que j'ai eu du bol; le collège ou je suis allée était assez petit, et l'équipe de profs était alors la grosses bande de potes (dont faisait partie ma mère), du coup je connaissais tout le monde et je me sentais comme chez moi, un peu privilègiée. D'autant qu'on avait alors nous aussi notre bande de fils de profs (on etait 4 dans ma classe sans compter les frangins ou frangines dans les autres classes!)
C'est après au lycée et à la fac que je me suis sentie un peu paumée et seule du coup... Bon depuis ça va mieux ...et évidemment je suis prof! :)
Chiboum,
ce soir, par hasard, apres bien de mois d'absence de la blogosphere, je suis de retour chez toi et je lis avec delices plein de messages en remontant le temps. Generalement discrete, ne commentant pas trop (j'ai souvent de la peine a gerer ce grand ecart entre "tu ne me connais pas du tout" et " je sais plein de choses de ta vie"), mais en lisant ce billet, j'ai juste eprouve le besoin de te faire signe et l'envie de te dire "tout pareil!"... (desolee pour le manque d'accent, clavier anglais oblige :-( )
Nab, merci de ce mot. Ca me touche. Alors pareil. Du coup on peut papoter, maintenant ! :)