Consolante
Par Sacrip'Anne le vendredi 19 août 2011, 07:00 - La nursery de Cro-Mignon(ne) - Lien permanent
J'ai eu hier midi Mary Poppins (l'ex nounou de Cro-Mignonne) au téléphone.
Elle était en Iran cet été, notamment pour prendre soin de sa maman et la convaincre de venir se faire opérer en France. Sa maman, vieille mais pas tant, usée, surtout. Qui avait fini par accepter de venir, malgré la fatigue et un "plus envie" qui se faisait perceptible depuis quelques mois.
Et puis le jour du départ, elle s'est écroulée. Et n'a plus jamais touché le sol de ses pieds.
C'est insupportable, cette idée, pour moi. Faire "sans ma maman" (ou avec mais juste dans les souvenirs et le coeur). Et ça l'est pour Mary Poppins qui m'a appelée, donc, en sanglotant.
Je lui réponds comme je peux, il n'y a pas de mots, pour ça. Je lui dis qu'il faut du temps. Qu'au moins elle était près d'elle. Des conneries. Rien qui puisse l'aider vraiment à part sentir que je l'aime fort et qu'elle n'est pas seule, enfin si, face à sa douleur, mais pas que, qu'il y a des bras pour la consoler, etc.
Et là elle me dit que là-bas, quand le chagrin était trop grand, elle prenait son téléphone et regardait des photos de Cro-Mi. Déjà un peu éprouvée par la contagion de son chagrin, ça m'a fait un truc de l'ordre du remuage de tripes, de savoir que mon petit bout de truc, du haut de ses 5 ans, était déjà capable de prodiguer consolation juste du fait de son existence et de ses liens avec autrui, à quelqu'un qui n'était pas de sa famille "de sang" (mais de cœur, oui, ô combien).
Promesse fut donc faite qu'aussitôt la petite rentrée, nous irions la visiter.
Et moi, ce soir, je crois que je vais faire une escale café de l'autre côté du square, histoire de serrer Mary-Poppins dans mes bras. Elle a consolé tant de chagrins, de la petite et de la grande, qu'elle mérite bien de recevoir ce qui est possible en retour...
Commentaires
Comme je te l'ai déjà dit, j'imagine ô combien ta fierté et ce que ça doit faire de s'entendre dire que sa propre fille, par sa simple présence, peut consoler autrui..Et puis je sais, pour te connaître un peu, combien toi-même tu sais bien consoler, même en ayant l'impression que tes paroles sont vaines. Elles ne le sont pas, même si elles te paraissent plates, c'est toujours bon à entendre...
Je t'embrasse, ainsi que ta Cro-Mignonne. Tu partageras avec la nounou, et haut les coeurs.. :heart:
il n'y a pas de mots, pour ça
Et pourtant il faut les dire, parce que même si on est convaincu qu'ils ne servent à rien, ils sont importants pour l'autre et donc pas si inutiles que ça.
Des mots pour survivre, c'est ce que vous allez échanger ce soir.
Ce sont des mots, ce que tu nous offres, là : une histoire inutile pour ceux qui te lisons ? Sans doute pas.
Floh, alors là c'est curieux, je viens de finir notre premier mail du matin en finissant par "haut les coeurs" !!! Merci. Du fond du coeur. Et le message sera transmis. Bisous.
Pablo, tu connais mon obsession textuelle, de toute façon. Je crois au pouvoir des mots. Je crois au tissage de lien et de sens par les mots. Mais parfois on voudrait juste pouvoir faire de la magie, n'est-ce pas ? Merci en tout cas. C'est... émouvant.
Toi et ta Cro-Mi êtes de belles personnes et votre Mary Poppins semble aussi avoir beaucoup de coeur et d'humanité ; c'est bien que vous soyez proches (physiquement et moralement).Une bonne nounou reste toute la vie un repère, un appui.
charlottine, j'ai souvent dit, ici, ailleurs, à elle, qu'elle était pour moi comme une tante à qui je confiais une partie de l'éducation de mon enfant. C'est quelqu'un qui m'a fait grandir autant que ma fille, sans doute, et les liens que nous partageons ne s'arrêtent pas à la porte de l'école. On l'aime, en vrai. Et merci.
J'ai la chance d'avoir trouvé une nounou pour la merveille qui reste dans notre vie. C'est un peu la grand mère manquante de La merveille et comme tu le dis si bien, elle m'a fait grandir autant que ma fille et c'est une personne que j'aime beaucoup.
Je confirme, tu es une bonne consolante, mais avant les mots c'est l'intention que tu y mets, c'est ta sincérité qui les porte, les mots les plus fades deviennent très beaux quand ils sont dits ainsi.
Ma luce, pas assez dormi, et quand je ne dors pas assez, j'ai les larmes près du bord, alors arrête d'essayer de me faire pleurer devant tout le monde, ok ?
Merci. Mais j'en ai autant à ton service. :heart:
Famille de cœur, comme ça prend du sens avec cet exemple ... La chance réciproque que vous avez toutes les trois à vous connaître et vous (re)connaître. Trois belles personnes. Je vous embrasse !
Le plus important c'est que tu sois là pour elle et qu'elle le sache (ce qui est le cas)... après peu importe les mots.
zelda, elle, Cro-Mi et moi ça a été un coup de coeur immédiat qui ne s'est jamais démenti. Et oui, la chance, la chaaaannnnce !! Merci. Bisous de nous aussi.
Pappo-Stef, le plus important même c'est que dans moins de dix jours elle fera un gros câlin à son petit Prozac à poils longs et d'ici là, vais faire ce que je peux pour adoucir. :)
Pauvre Mary Poppins, cela me fait de la peine pour elle... mais elle était près de sa mère quand cela a eu lieu, c'est une consolation.
Sa remarque sur Cro-Mi "consolatrice" elle aussi s'inscrit pour moi dans le cours de la vie et des générations où chacun prend sa place. Ta petite si vive et si sautillante incarne une belle promesse d'avenir, lumineuse. Et c'est si bon à prendre !
samantdi, c'est ce que je lui ai dit aussi. Que ça ne changeait rien sauf sa façon à elle de faire son deuil, de pouvoir se dire : j'étais là.
Oui, hein, il y a des jolis maillons dans la chaîne de la vie. Merci pour elle. :-*
Pour avoir vécu ses moment là, l'importance, ce n'est pas tant les mots, que la présences d'être chers, alors oui, va la prendre dans tes bras, parce qu'elle en a besoin...
Gilsoub, t'inquiète, j'ai pas besoin qu'on m'y force ;)
Oui.
J'arrive comme un cheveu sur la soupe pour réagir à cette nouvelle alors qu j'ignore tout des protagonistes, et donc ne suis pas sensée éprouver quoique ce soit, mais je ne puis m'empêcher de trouver cette fin symbolique. Cette dame n'avait plus envie de se battre, et elle l'a prouvé avec une force qui ne lasse pas de me surprendre.
K, oui, hein ?
'Tuski, moi aussi. Et souvent, les fins de vies du même acabit : très remplie, trop usé(e)s, on baisse les bras et on dit "merde, c'est fini pour moi", en somme, et hop. Ca me frappe d'autant que pour les deux ou trois fois où je l'ai vue, elle avait un rire très beau et très "vivant" (le seul truc que je comprenais, elle ne parlait que des langues inconnues pour moi). Alors je me dis que si ça, elle n'en avait plus envie, c'était l'heure.
comme toi, l'idée de ne plus avoir ma mère m'est douloureuse, j'espère que je pourrai comme ta Mary Poppins, être là ce jour là. Car même si pour l'instant la douleur est trop forte pour en être apaisée, avoir pu accompagner sa maman sera un vrai réconfort dans l'avenir.
Valérie, c'est ce qu'on s'est dit, entre autres...