J'ai eu hier midi Mary Poppins (l'ex nounou de Cro-Mignonne) au téléphone.

Elle était en Iran cet été, notamment pour prendre soin de sa maman et la convaincre de venir se faire opérer en France. Sa maman, vieille mais pas tant, usée, surtout. Qui avait fini par accepter de venir, malgré la fatigue et un "plus envie" qui se faisait perceptible depuis quelques mois.

Et puis le jour du départ, elle s'est écroulée. Et n'a plus jamais touché le sol de ses pieds.

C'est insupportable, cette idée, pour moi. Faire "sans ma maman" (ou avec mais juste dans les souvenirs et le coeur). Et ça l'est pour Mary Poppins qui m'a appelée, donc, en sanglotant.

Je lui réponds comme je peux, il n'y a pas de mots, pour ça. Je lui dis qu'il faut du temps. Qu'au moins elle était près d'elle. Des conneries. Rien qui puisse l'aider vraiment à part sentir que je l'aime fort et qu'elle n'est pas seule, enfin si, face à sa douleur, mais pas que, qu'il y a des bras pour la consoler, etc.

Et là elle me dit que là-bas, quand le chagrin était trop grand, elle prenait son téléphone et regardait des photos de Cro-Mi. Déjà un peu éprouvée par la contagion de son chagrin, ça m'a fait un truc de l'ordre du remuage de tripes, de savoir que mon petit bout de truc, du haut de ses 5 ans, était déjà capable de prodiguer consolation juste du fait de son existence et de ses liens avec autrui, à quelqu'un qui n'était pas de sa famille "de sang" (mais de cœur, oui, ô combien).

Promesse fut donc faite qu'aussitôt la petite rentrée, nous irions la visiter.

Et moi, ce soir, je crois que je vais faire une escale café de l'autre côté du square, histoire de serrer Mary-Poppins dans mes bras. Elle a consolé tant de chagrins, de la petite et de la grande, qu'elle mérite bien de recevoir ce qui est possible en retour...