Je fais partie des archi matinaux du bureau. Arrivée vers 8h-8h15 max.

Ce n'est pas du tout pour le plaisir de contempler le jour naissant sur les riantes banlieues, c'est juste obligé : c'est le créneau qui me permet de déposer ma fille au centre de loisirs à l'ouverture et de pouvoir partir assez tôt (généralement peu avant 17h30) pour être à peu près certaine de l'y récupérer avant la fermeture.

Mais ça permet de goûter à un peu de temps serein sur l'open-space (encore que j'y ai un rabicoin bien à l'abri) encore désert.

Souvent on me demande : mais ce n'est pas trop flippant (oui, ils parlent comme ça, mes collègues) d'être toute seule au bureau ?

D'abord non, il y a d'autres matinaux.

Ensuite il y a la cohorte des invisibles.

Les coursiers que je croise dans le parking avec un rapide bonjour et un mot sur les bouchons du matin.

L'homme ou la femme de ménage du hall pour qui je fais des pitreries en évitant de marcher sur le marbre fraîchement lavé.

Le monsieur de la machine à café qui attend que j'ai fait mon thé ou mon chocolat du matin avant de se mettre à l'ouvrage (et qui m'a appris la fameuse réparation "à l'africaine" de la dite machine).

Eux et d'autres parfois, agents de maintenance, du PC de sécurité...

Je me suis longtemps demandé dans la vie si le fait de les connaître alors que les autres ignoraient leur existence était lié à des horaires du matin.

Mais non. Beaucoup ne les voient pas (sauf quand ça contrarie leur propre emploi). Pas un bonjour, pas un pardon, pas... rien.

Ca m'énerve. Du coup je fais justice sociale en allant leur tailler une bavette, parfois. Sans trop nuire à leur productivité, bien plus mesurée que la mienne.