C'était pourtant un moment charmant...

Enfin sortis des courses effrénées, de la foule agressive, les bras chargés de cadeaux, le sapin enfin décoré.

Allez savoir pourquoi, depuis quelques années, je suis l'emballeuse officielle de la famille.

Tous les ans à la même époque, me voila donc, papier cadeau, ciseaux, ruban adhésif à la main. Le stylo pas trop loin pour identifier les paquets. Dans les grandes années, le bolduc à friser (mais là, non pas cette fois).

On touchait à la fin. A part un violent arrachage de squams sur ma lèvre inférieure grâce à un morceau de scotch particulièrement rebelle (ça fait TRES mal), tout se passait bien.

L'Amoureux me réclamait les ciseaux toutes les deux minutes, en échange je lui piquais le marqueur.

Et puis d'un coup c'est venu. Les larmes en torrent, comme une enfant qui ne peut plus s'arrêter.

Parce que pour la toute première année, il n'y avait pas de cadeau à emballer pour ma grand-mère.

Elle dont on se demandait tous les ans quelle horreur elle allait nous offrir (cette année, c'est moins de 10 euros et moins de 100 grammes par personne !), horreur dont nous faisions les chroniques familiales pendant plusieurs années, donc finalement pas si inutiles.

Pas de cadeau, plus jamais, pour ma grand-mère. Ni pour mes grands-pères. Ni pour mes oncles. Pour tous ces gens qui, avec mes parents, m'ont fait les plus beaux Noëls du monde, la plus belle enfance du monde aussi.

Les coup de blues ça fait partie de la vie. Il ne faut pas les craindre, il ne faut pas les laisser nous bouffer.

Et pourtant, ce matin, en vous racontant ça... je comprends bien que Noël a un bien triste goût de sel pour moi maintenant. Et aussi le goût sucré des merveilleux souvenirs.