Je vous parlais plus tôt cet été des héros de papiers qui m'ont élevée, un peu.
A parler l'autre jour et explorer des territoires littéraires d'enfance communs avec un qui m'est cher, je me suis souvenue que je n'avais pas (re)parlé du Petit Prince, dans ce billet.
Pas faute de l'avoir fait tout au long de ces années, il m'accompagne depuis l'âge le plus tendre et il se passe rarement plus d'un trimestre sans que je replonge dedans. [1]
Sans doute, pour ça, entre autres, en dehors d'un terrain favorable, que finalement le héros de fiction auquel je ressemble le plus (dans l'idée que j'ai de moi, en tout cas), c'est le Renard.
Le Petit Prince est joli mais un peu volage, il passe son temps à quitter les gens. L'aviateur veut rentrer chez lui avant tout, même s'il goûte le plaisir de l'inattendu.
Le renard est là. Disponible à la rencontre. Ici et maintenant. Il livre d'entrée de jeu les clés de l'apprivoisement. Il ne se protège pas tellement, et quand le Petit Prince suggère qu'il pourrait en souffrir, il répond simplement "J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur des blés".
Je crois que sa simplicité à être lucide sur ses sentiments, à être d'accord pour les laisser s'épanouir, et à savoir, finalement, qu'on est jamais autant vivant que quand on créé des liens particuliers, quoi qu'il puisse nous arriver, est la chose qui se trouve être l'une des plus essentielles de ma vie.
Le plus dur, au fond, c'est de rencontrer ensuite ceux qui sont d'accord pour se laisser apprivoiser de même. Mais quand ça arrive et qu'on se laisse faire mutuellement, que cela peut-être beau.
Notes
[1] J'en profite pour signaler que l'histoire lue par Gérard Philipe, mythe de jeunesse pour nombre d'entre nous, a été rééditée en CD, pour ceux qui souhaiteraient faire perdurer de belles traditions familiales...