DE L'HOMME
Par Chiboum le jeudi 15 novembre 2007, 08:00 - Si on refaisait le monde ? - Lien permanent
J'ai eu il y a peu l'occasion de relire ce texte dont nous connaissons tous le début.
Première pensée : c'est beau, c'est humain, c'est fort. Deuxième pensée : le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions. Troisième pensée : que de sang versé pour en arriver là, et depuis. Pour les défendre ou pour les nier. Conclusion provisoire en forme de vœu pieux : et si la vie en société pouvait être simplement ça...
Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789
Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que leurs actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.
En conséquence, l'Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'Homme et du Citoyen.
Art. 1er. -
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Art. 2. -
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.
Art. 3. -
Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.
Art. 4. -
La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Art. 5. -
La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
Art. 6. -
La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Art. 7. -
Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance.
Art. 8. -
La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.
Art. 9. -
Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.
Art. 10. -
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.
Art. 11. -
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
Art. 12. -
La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.
Art. 13. -
Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.
Art. 14. -
Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée.
Art. 15. -
La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.
Art. 16. -
Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.
Art. 17. -
La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.
Commentaires
Bonjour de bon matin. Jamais je ne me suis levé de bonne heure (sauf grèves).
La Déclaration de l'Homme et du Citoyen, dans quel tourbillon tu nous jettes sans prévenir et avant que j'ai bu mon café!
Une heure plus tard. J'ai bu mon café mais le tourbillon est pareil. En le relisant attentivement, je me rends compte qu'elle contient nombre d'imperfections, cette déclaration, comme quoi ce qu'on croit trop connaître devait être régulièrement révisé et réappris.
J'y découvre ainsi des zones d'ombre trop larges pour ne pas permettre sous couvert de la Loi de la réduire à néant sans avoir l'air de la remettre en cause.
A commencer par le rôle donné à la Loi, justement, dans cette déclaration. Elle contribue (la déclaration) à donner un blanc-seing au législateur, car elle ne définit pas les bornes de l'action de la Loi, ni surtout les obligations de moyens qui doivent contraindre la Société à bien assurer les arbitrages indispensables entre intérêts contraires.
Il suffit d'une justice impuissante et débordée, et d'un corpus de Loi embrouillé à souhaits, pour rendre totalement inaudible et impraticable cette belle déclaration, et rouvrir la voie de la domination du faible par le fort. Nul besoin de coup d'état, de dictature, de chars dans les rues et de bruits de bottes, juste un lent étranglement par absence d'ordinateurs, de locaux et de juges, et par inflation caricaturale de textes plus ou moins contradictoires entre eux mais pas trop, pour que la liberté meure et avec elle la société qui tentait de se construire.
Nous y sommes. Aujourd'hui, là, maintenant.
Et pourtant, il n'y a pas d'autres chemins que cette déclaration des droits de l'Homme et du citoyen.
Andrem, je partage ton sentiment ambivalent sur le sujet. A la relire, que de portes ouvertes ! Mais sans doute à l'époque se disait-on "plus jamais comme avant", sans doute pensait-on que ces imperfections étaient tellement mieux que ce qui pré existait. Et pourtant, comme tu dis, il n'est pas d'autres chemins (en tout cas je crois).
Tu m'as donné envie d'un deuxième café, tiens !
Les ambivalences laissent la place - en principe (je pèse mes mots) - à l'humain. PAs parfait certes, mais pas si mal, non ?
K, mieux que pas si mal, je trouve. Indispensable.
Il va falloir reparler de la déclaration des droits de l'homme un jour où il n'y a pas grève !
Parce que oui il est bon de relire ces mots et de se rendre compte qu'il y a encore du pain sur la planche :-(
Indispensable, oui, mon "pas si mal" était une litote. Ceci dit, le sujet d'aujourd'hui a "glacé" tes lecteurs on dirait !!
Bon je vais utiliser des termes qui ne sont pas beaux aux oreilles, mais franchement, comment penser à la dernière loi sur l'immigration, lire ensuite la déclaration des droits de l'homme et ne pas avoir la gerbe? J'ai parfois comme un arrière goût amer dans la bouche.
Madeleine, cent fois sur le métier nous remettrons notre ouvrage...
K., à moins que ça ne soit un effet des grèves ?!
raskal, c'est bien pour ça que, nez-à-nez avec la déclaration des droits de l'Homme, je me suis dit qu'un petit retour aux fondamentaux ferait du bien, à cause de cet arrière-goût amer.
Voui, je te trouve un peu optimiste de publier un tel billet un jour de grève ! Pour le soir, au chaud chez soi, c'est bien en revanche. Cela lave un peu le cerveau !
Perso je suis hors service. Je passais juste faire coucou (k)
Fauvette, il y a des choses qu'on a envie d'exprimer à un instant précis, tant pis si elles tombent un jour de grève... on y reviendra !
heidi, coucou alors ! (k)
Le seul vrai grand problème est à l'Article II et rend tout le reste futile, mettre à égalité la liberté et la propriété et il n'y a plus ni fraternité, ni égalité possible.
Il faut remettre ça dans le contexte de l'époque, aussi, Moukmouk. En France à la fin du 18ème siècle, très peu de gens possédaient absolument tout...
La gloire des nations est comme la gloire des familles le plus faible doit être servie le premier !