Depuis quelques semaines, certains facteurs de notre bonne ville sont en grève.

Ils n'ont pas communiqué sur le motif précis, mais je dois dire, malgré un léger agacement à trouver une fois par semaine une pile de Libé périmés dans la boîte et des tas de choses à aller chercher à la poste, je suis de tout coeur avec eux.

Comme avec tous ceux qui payent de leur personne (et de leur salaire) pour empêcher la machine à broyer de tourner rond. La machine de guerre du gouvernement aux pieds du type que 53% de mes concitoyens ont élu.

IL y a quelques années, on a commencé à parler des salariés comme "variable d'ajustement". Besoin de plus, besoin de moins, travailler plus, gagner moins, allez hop, on taille et on brode dans la masse salariale pour arranger les résultats des actionnaires.

Mais variable d'ajustement, nous le sommes aussi dans notre vie de citoyens. Réservoir de voix électorales, manne pour taxes et impôts, même les lois semblent parfois faites pour réguler le bon vouloir des chiffres politiquement communiqués. Par exemple, quand on commence à songer au raccourcissement du congé parental, on oublie que ce dernier a été créé non pas pour donner un choix à des femmes (qui devrait être un vrai choix et pas un truc payé une clopinette, au demeurant), mais parce qu'il y avait un manque cruel de places dans les structures d'accueil et aucune volonté d'en créer de nouvelles.

Avec un joli paquet cadeau, et la flatterie en prime, ça passe mieux.

C'est l'exemple qui me vient en tête, parce que dans un sens comme dans l'autre, en tant que citoyenne, mère et salariée, j'aurais aimé avoir un vrai choix, c'est-à-dire un qui ne se résoud pas par deux impasses et une seule possibilité, mais ne nous leurrons pas. Nous sommes juste de la matière à pognon et à approbation au scrutin.

D'ailleurs, j'imagine que pour beaucoup, la tentation de supprimer l'étape du scrutin est un joli rêve dont ils se demandent activement comment le réaliser.

Tout ça pour dire qu'à tout ceux qui mettent un pied dans la porte, un grain de sable dans l'engrenage, un coup de pied dans la fourmilière, et qui ralentissent un peu le rouleau compresseur pour nous aider à rappeler à ceux qui nous taillent à leur bon vouloir que nous sommes aussi des individus, humains, et pas juste une foule imprécise, et à nous battre pour que ça entre dans les têtes, je dis bravo. Et surtout merci.

(Et filez le billet d'Akynou sur les mouvements sociaux aux Antilles, ainsi que les commentaires qui suivent, c'est édifiant ET passionnant).