DU CONFORT - ECHO A SAMANTDI
Par Chiboum le mercredi 26 septembre 2007, 08:00 - All about Chiboum - Lien permanent
C'est drôle comme on retrouve parfois dans les billets de ceux dont on se sent proche des préoccupations ou des questions très synchrones avec les nôtres, comme si la boucle de nos réflexions suivait un chemin parallèle.
L'autre soir, je lisais ce billet de Samantdi qui disait qu'elle tournait un peu autour d'une note, alors même que je tentais d'apprivoiser les mots d'une qui serait cousine.
Samantdi s'interroge sur le confort matériel, moral, se demande s'ils vont de pair, si les adeptes du confort moral seraient suspects de quelque chose.
Je voyais justement les choses de l'autre bout de la lorgnette. J'ai de la chance, dans la vie. J'ai toujours vécu dans un environnement confortable, au sens où l'essentiel était assuré et laissait suffisamment de temps, de moyens pour se consacrer au superflu. Rendre une maison agréable, recevoir des amis autour de bonnes tablées, voir des spectacles, voyager, ne pas se priver.
Malgré les récriminations que je peux faire parfois aussi sur la façon d'exprimer l'amour que nous nous portons, en famille entre autres, et ce que ça a généré de névroses chez moi, il est évident que j'ai toujours senti autour de moi tout l'amour et la confiance possibles et que sans nul doute, cette certitude m'a largement aidée à me construire, à avancer.
Comme je suis d'un naturel plutôt adaptable, je me dis que je pourrais, oui, s'il le fallait, vivre moins confortablement, manger des pâtes et des patates tous les jours, sacrifier du confort moderne pour boucler les budgets. Mais ce confort qui m'entoure est agréable, me donne envie de le partager, d'en faire profiter par rayonnement ceux qui me sont chers. S'offrir une pause bien-être avec des gens heureux, c'est un bon remède à beaucoup de choses, dans la vie, en tout cas c'est comme ça que je l'ai vécu et que je tente tant que je peux de faire fonctionner la contagion.
Mais, car il y a un mais, tout ce confort, matériel (on a deux boulots, un appartement qui nous plaît, en ce qui me concerne plus de sous en fins de mois sans que ça ne soit non plus une plongée dans un gouffre abyssal et angoissant) et moral (on est un couple heureux, avec une petite fille merveilleuse) n'est qu'un... comment dire ça... un équilibre provisoire, bien sûr. Parfois une planche de salut.
Car on sait vite, dans la vie, et je l'ai su très tôt, qu'il y a des plongées dans un monde d'inconfort. Quand des gens qu'on aime meurent, par exemple. Ou quand des liens se défont.
Je ne sais pas bien comment l'exprimer, mais dans tous ces conforts, il m'est évident que tout ceci ne dispense pas, ne dispensera pas, de souffrances déjà vécues, et forcément répétées. Aujourd'hui tout va plutôt bien, mais demain qui sera malade, qui aura un accident ? L'inéluctable est là : notre passage sur Terre est provisoire. Il est vain de tenter de deviner qui se fera la malle en premier, mais je SAIS qu'il y aura des moments atrocement douloureux. Qu'on ne pourra rien faire ou si peu pour les éviter. Qu'il faudra s'armer de tous les courages pour les surmonter.
Et sans doute que je n'en goûte le confort de ma vie qu'en sachant à quel point il est provisoire, friable, délicat, fragile. Sur le mode "so far, so good'. Et qu'il m'est d'autant plus appréciable de le partager avec ceux qui comptent, parce que justement, on ne sait pas pour combien de temps on est bien ensemble. Profitons tant que ça dure.
(Tout ceci ne répondant en aucune façon à la question de Samantdi, mais les interrogations, les sensations, les morceaux de réponses de chacun, mis bout à bout, finissent souvent par ouvrir des pistes de nouvelles réflexions !).
Commentaires
Tant que tu arrives à profiter de ton "confort", sans te laisser bouffer par tous ces petits grains de sable qui tentent de le rendre moins agréable… C'est gagné !
On a tellement tendance à ne voir que les petits soucis qu'on oublie cette chance.
Fabrice, c'est un exercice de tous les jours, ça, de ne pas se laisser envahir par des grains de sables qui formeraient dune, à force...
Je suis à ranger dans la catégorie "saute-brousaille" décrite par samantdi. Je m'interesse fort peu au confort matériel... Mais en "vieillissant" cela devient plus dual.
D'un côté, la bohème à l'approche des 40 ans, ça fatigue, j'ai envie de me poser, d'avoir un peu de sécurité, une maison plus confortable. D'un autre côté, ma conscience "politique" s'aiguisant, je veille à ne pas me laisser prendre au piège de la consommation,je pense décroissance.
Et puis il y a une une constante très puissante qui vient de mon enfance : Ma mère est resté 40 ans avec un homme qui nous a fait souffrir parce qu'elle avait peur de ne pas pouvoir assurer son confort et le notre. Alors j'ai toujours présent à l'esprit que je peux vivre sans, que je peux faire autrement, et que mon bien être, a fortiori celui de notre fille ne doivent pas dépendre de ce confort matériel.
D'ailleurs c'est quoi la limite entre confort et luxe, c'est très subjectif cette notion... (k)
Tu as raison luciole, c'est une notion subjective et personnelle ! Profiter du confort sans se laisser endormir... une vraie bataille. Ceci dit, le confort, ça peut être juste avoir un toit sur la tête et de quoi manger, aussi. (k)
Est ce que tu veux dire que tu prends ces moments heureux (confortables) comme une sorte d'avance remboursables sur les emmerdements qui viendront un jour (fatalement) ?
J'avoue ne pas avoir envisagé les choses sous cet angle, mais plutôt dans le sens inverse, des moments qui viennent en racheter d'autres dont je veux me sentir libérés.
Dans le 1er cas, une sorte de "jusque là ça va" et dans l'autre "à partir de maintenant ça ira". Dans les deux, on se raconte quand même un peu des histoires pour conjurer le mauvais sort. Mais il faut garder sa part de rêve non ?
:)
Certes le confort est une notion fluctuante , ce qui est strict nécessaire pour les uns est déjà luxe pour d'autres, qu'on parle de confort matériel ou moral.
Il y a toujours mieux, il y a toujours pire. Le confort a vite fait de faire "petit bourgeois" parce qu'il a tendance à endormir l'esprit. Il est pourtant indispensable à celui ci. On ne philosophe pas le ventre vide !
Pour moi la notion de confort s'attache à celle de l'espace. Espace naturel, espace entre la foule et les miens, espace de liberté, possibilité de distanciation (par l'humour ou à défaut par la fuite) face ce(ux) qui me nuie/nuisent.
Ceci étant dit, mon confort vient d'être gravement compromis par les 12 semaines de délai de livraison de la Déroute ! :-E
Dans ce sens ou dans l'autre, ça part en fait de la même mécanique. Faire des réserves en prévision de la pénurie ou bien se rattraper après les privations, au fond, c'est la marque laissée par le manque qui est au volant.
Et puis c'est peut-être juste une question de moment dans la vie. Aujourd'hui les blessures d'hier sont assez loin pour que je puisse les considérer sans souffrance excessive, du coup en le mettant en mots, j'anticipe sur l'avenir, mais au fond, j'aurais pu, en changeant juste quelques tournures, en faire une autre version quand j'en sortais tout juste assez pour reprendre goût à la vie.
La pensée magique, quoi qu'il en soit, oui un peu. Pas seulement. Aussi profiter du réel, vraiment, de ce qu'il offre de beau et qu'on a qu'à se baisser pour ramasser. Ce qui conduit sans doute à se raconter un peu des histoires pour faire durer, le mieux qu'on peut, pour ne pas voir que tout n'est pas rose au moment où ça nous arrange, d'une certaine manière.
Mais la part de rêve... d'ordinaire, j'aurais tendance à te dire que oui, bien sûr, faut la garder, LaVitaNuda. En ce moment, ma part de rêve, j'ai un peu la sensation de me la prendre dans la gueule violemment, alors... faut pas fermer les yeux trop longtemps, mettons. Mais ça passera. J'imagine.
heidi, huhu, tu ne serais pas un peu énervée par ce contretemps, non ? Voilà une belle occasion pour explorer le concept d'espace-temps !
J'ai un peu le sentiment que d'avoir le temps de se poser ces questions et d'en discuter sur le net c'est déjà disposer d'un certain confort. Certes pas forcément d'un confort de grand luxe, mais d'un confort largement supérieur à celui de la moyenne. Ca ne rend bien sûr pas le questionnement illégitime, mais il est déjà un luxe.
Il me semble aussi, Gilles Aitte ! C'est pour ça, d'une certaine façon, que certains qui se revendiquent du camps des "je ne m'endors pas dans mon confort bourgeois" me font parfois rire. ^^
Je suis bien d'accord avec toi Anne. Encore que, ils ne me font pas tant rire que ça, car c'est le genre de personnes qui vont dire qu'ils ne supportent plus la ville et vont s'installer à la campagne tout en conservant un mode de vie urbain et contribuent plus qu'un citadin à la pollution globale...
Gilles Aitte, ils ne sont pas TOUS comme ça, quand même ! Heureusement, loin s'en faut.
Il faut garder les pieds sur terre et le coeur bien acccroché parfois, la vie n'est pas toujours drôle c'est sûr. Mais on les connait tous les règles de la vie : La maladie, la mort, la déception, la tromperie, la vieillesse et j'en passe. Tous ces maux qui nous font peur font parti de la vie comme tout ce qui est lié à l'amour et au bonheur. La vie n'est pas un long fleuve tranquille parfois les chutes ne sont pas loin. Respires, tu sens le souffle à l'intérieur de ton corp et bien c'est ça la vie et c'est bon.
"Respire, tu sens le souffle à l'intérieur de ton corps et bien c'est ça la vie et c'est bon".
J'adore ! c'est aware, tu sens les molécules de l'air qui font piapiapia dans ton ventre et même dans ton cerveau ? et si tu les sens pas, il faut te concentrer mieux Chiboum, tu dois réussir à ressentir ton body qui move tout seul à l'intérieur. Sinon l'hiver arrive, et tu vois il fait froid, les molécules elles aiment pas, alors tu auras une gastro et tu boiras du coca. C'est bon le coca. You know that ? No, you know rien du tout. Mais je suis là. Je t'aide, me remercie pas. Je t'apprends les trucs comme l'automne pour pas que tu sois surprise que les feuilles tombent autour de toi. A demain en suédois.
Tiens, c'est vraiment très bizarre, je pense beaucoup aux coups durs de la vie ces temps-ci. J'ai tendance à angoisser sur la perte de l'être aimeé. Et ça me donne un bon coup de déprime. On a beau se dire "profitons tant que ça dure", j'ai l'impression qu'on n'arrive jamais à en profiter au max. Enfin, que je n'y arrive pas. Peut-être que d'autres y arrivent très bien. En tous cas, j'espère que ça ne te fiche pas trop le blues... :-|
Il y a un côté très karmiste et punitif dans ce que tu décris, et que nous portons tous en nous à mon avis, à plus ou moins haut degré. A savoir: si je souffre, j'aurai forcément pour me rattraper un moment meilleur, ou l'inverse: si je vis du trop beau, il y aura fatalement un retour de bâton. Je sais de quoi je parle hein, je tente désespérément (non après tout, pas vraiment désespérément) de m'en débarasser :-P
Pourquoi ne pas imaginer simplement le grand cercle de la Vie? Il y a du bon, du moins bon, du franchement horrible. Et ça coule, et tout dépend de l'importance qu'on laisse aux choses, même si c'est loin d'être facile hein. Je crois beacoup, pour les expérimenter particulièrement ces temps, aux cercles vertueux, et ceux qui nous font dire "je file vraiment du mauvais coton". Je crois vraiment que la force de notre esprit nous permet soit d'atténuer les choses, soit de leur donner une grande ampleur, quelle que soit leur nature.
Et pour le confort, comme beaucoup le disent ici, la notion est tellement aléatoire d'une personne à l'autre. Pareil, il n'y a pas de raison de se "punir" et de se refuser une aisance plus matérielle si on peut se le permettre. Sans oublier que c'est une chance, et qu'il peut y avoir des adaptations nécessaires au fil de la vie...
ouf, ça fait sérieux tout ça ;-) Bises à toi et ta petite famille :)
missy, je crois que tu es un peu trop aware pour moi, là, dès le matin...
JCVD, Van Damme, sort de ce corps, tu as une mission D&co à accomplir !!! (Et puis non, reste encore un peu, pour parler en suédois, ça va t'être utile !! :-E )
Stéphanie, j'essaie de profiter et de ne pas me rendre malade à l'idée que peut-être je pourrais encore un peu plus. Tu sais, faut que je me méfie des idées noires, mon bureau est très haut :-P
Floh, mais je ne renie pas mon héritage judéo-torturé-coupable commise d'office ! Disons que j'apprends doucement à faire avec pour ne pas souffrir du côté "karmiste", comme tu dis si bien !
Idées noires, oui, mais j'espère, dans ton intérêt, que tu es un peu trop trouillarde pour sauter! ;-)
Au fait, ou travailles-tu? Est-ce secret? J'aime bien m'imaginer que c'est en haut de la tour Eiffel.Quoique...Y a-t-il de la place pour des bureaux là-haut...?
Je crois que si l'on peut, on aime bien plutôt s'entourer de beauté - pas du confortable... du beau! Et si l'on pouvait, on ne mettrait que de choses belles chez soi! ^^
Un coucou pas désintéressé (je déteste pourtant toujours autant ce mot-là) Echo parce que je me trouve encore en manque d'attentions sur le confort matériel, le "cocooning" où je pêche tant par défaut que vos notes me remettent en mémoire le bonheur du CONFORT. Entre se battre tous les jours pour manger, dormir au chaud et au propre, en sécurité, et juste se lever pour taffer sans aucune autre préoccupation que ça : ramener du fric à dépenser avec parcimonie , j'ai perdu en route le CONFORT, je m'oublie, et j'oublie tout le monde ... Ah, je suis si heureuse de vous lire ...
Stéphanie, non pas la Tour Eiffel mais je la vois de là où je suis, à un tiers de sa hauteur ! Ca n'est pas un secret mais je ne le dis pas nominativement... tu peux chercher un peu, ou sinon, envoie moi un mail !
fdb, justement c'est étonnant, il y a des gens qui se foutent de la notion de beau. Dingue, non ?! :-E
Buch la lacheuse, NOTRE buch ?? Moi aussi je suis heureuse de te lire... et j'aimerais tellement savoir, malgré tes silences, que ça va, pas si mal... pfff. Y a rien qu'on puisse faire ? (k)