C'est drôle comme on retrouve parfois dans les billets de ceux dont on se sent proche des préoccupations ou des questions très synchrones avec les nôtres, comme si la boucle de nos réflexions suivait un chemin parallèle.

L'autre soir, je lisais ce billet de Samantdi qui disait qu'elle tournait un peu autour d'une note, alors même que je tentais d'apprivoiser les mots d'une qui serait cousine.

Samantdi s'interroge sur le confort matériel, moral, se demande s'ils vont de pair, si les adeptes du confort moral seraient suspects de quelque chose.

Je voyais justement les choses de l'autre bout de la lorgnette. J'ai de la chance, dans la vie. J'ai toujours vécu dans un environnement confortable, au sens où l'essentiel était assuré et laissait suffisamment de temps, de moyens pour se consacrer au superflu. Rendre une maison agréable, recevoir des amis autour de bonnes tablées, voir des spectacles, voyager, ne pas se priver.

Malgré les récriminations que je peux faire parfois aussi sur la façon d'exprimer l'amour que nous nous portons, en famille entre autres, et ce que ça a généré de névroses chez moi, il est évident que j'ai toujours senti autour de moi tout l'amour et la confiance possibles et que sans nul doute, cette certitude m'a largement aidée à me construire, à avancer.

Comme je suis d'un naturel plutôt adaptable, je me dis que je pourrais, oui, s'il le fallait, vivre moins confortablement, manger des pâtes et des patates tous les jours, sacrifier du confort moderne pour boucler les budgets. Mais ce confort qui m'entoure est agréable, me donne envie de le partager, d'en faire profiter par rayonnement ceux qui me sont chers. S'offrir une pause bien-être avec des gens heureux, c'est un bon remède à beaucoup de choses, dans la vie, en tout cas c'est comme ça que je l'ai vécu et que je tente tant que je peux de faire fonctionner la contagion.

Mais, car il y a un mais, tout ce confort, matériel (on a deux boulots, un appartement qui nous plaît, en ce qui me concerne plus de sous en fins de mois sans que ça ne soit non plus une plongée dans un gouffre abyssal et angoissant) et moral (on est un couple heureux, avec une petite fille merveilleuse) n'est qu'un... comment dire ça... un équilibre provisoire, bien sûr. Parfois une planche de salut.

Car on sait vite, dans la vie, et je l'ai su très tôt, qu'il y a des plongées dans un monde d'inconfort. Quand des gens qu'on aime meurent, par exemple. Ou quand des liens se défont.

Je ne sais pas bien comment l'exprimer, mais dans tous ces conforts, il m'est évident que tout ceci ne dispense pas, ne dispensera pas, de souffrances déjà vécues, et forcément répétées. Aujourd'hui tout va plutôt bien, mais demain qui sera malade, qui aura un accident ? L'inéluctable est là : notre passage sur Terre est provisoire. Il est vain de tenter de deviner qui se fera la malle en premier, mais je SAIS qu'il y aura des moments atrocement douloureux. Qu'on ne pourra rien faire ou si peu pour les éviter. Qu'il faudra s'armer de tous les courages pour les surmonter.

Et sans doute que je n'en goûte le confort de ma vie qu'en sachant à quel point il est provisoire, friable, délicat, fragile. Sur le mode "so far, so good'. Et qu'il m'est d'autant plus appréciable de le partager avec ceux qui comptent, parce que justement, on ne sait pas pour combien de temps on est bien ensemble. Profitons tant que ça dure.

(Tout ceci ne répondant en aucune façon à la question de Samantdi, mais les interrogations, les sensations, les morceaux de réponses de chacun, mis bout à bout, finissent souvent par ouvrir des pistes de nouvelles réflexions !).