Yves Duel, que j'aime bien lire notamment parce qu'il me donne l'impression d'être plus intelligente que je ne suis (qui plus est, un homme qui aime Bach et les "Histoires comme ça" ne peut être que fondamentalement fréquentable) écrivait l'autre jour en conclusion d'un billet cette phrase qui me donne du grain à moudre :

L'information, c'est un truc simple. Dans lequels interviennent, ce qui n'est pas courant dans l'univers du business, des critères de la morale. Par exemple dans le fait de chercher la vérité. Et aussi dans le fait s'assumer ses responsabilités.

Pour une qui, comme moi, à le sens du "moral" maladivement chevillé au corps, forcément, ça fait écho.

Et cette phrase qui devrait sembler une évidence pour les pourvoyeurs d'informations me laisse ébahie devant le fait que justement, ça n'en est pas une.

Ces derniers temps, entre la presse qui a viré sa cutie d'adoratrice présidentielle et brûle allègrement ce qu'elle a adoré, "l'affaire" Elkabbach (qui doit trouver que Sevran vaut bien une messe, hinhinhin), ou plus loin, les bourdes de Pujadas concernant la décision de Juppé de se retirer de la vie politique (temporairement, rappelez-vous, c'était hier), j'ai souvent le sentiment de me trouver au cœur d'une surenchère permanente de tout, sauf d'information.

Du détail qui tue, de la rapidité avec laquelle on me le délivre, du ton catastrophiste avec lequel on dit ou écrit la chose.

Mais de recherche de vérité ? Certes, la vérité en elle-même est un concept fluctuant, mais sa recherche, elle, est une noble quête. Dans ces informations pressées, on balance du scoop, de l'inédit, mais où est le temps de la réflexion, de l'investigation, de la mise en perspective ? Il faut aller vite, pour vendre plus, préserver l'audience, nourrir la ménagère ou le lecteur, mais à quel prix, pour la matière même de ce qui doit être annoncé ?

Les responsabilités ? Quand on dérape, c'est la faute aux autres, et il faut vraiment être pris la main dans le pot de confiture jusqu'au coude pour les prendre, ses responsabilités.

J'aimerais, quand je lis les journaux, quand j'écoute la radio, quand je regarde la télévision, ressentir un peu de cette "noblesse intellectuelle" qui fait que l'on se fasse un point d'honneur d'avoir étudié un peu son sujet, d'avoir cherché, démêlé, décodé, pour me donner une information à la fois compréhensible et étayée, argumentée, si je puis dire.

J'aimerais aussi que l'impunité des journalistes ne soit pas qu'affaire de protections, mais avant tout de professionnalisme.

J'aimerais que l'information ne soit ni show ni business, juste de l'information.

(On me souffle dans l'oreillette : tu rêves debout, ma vieille).

EDIT : Bon sang de bois, Pascal Sevran est re mort aujourd'hui, mais pour de vrai.