On se dit qu'une fois qu'on a trouvé le temps pour aller chez le coiffeur et une place à proximité, le plus dur est fait...

Las ! Depuis le temps que je n'y avais pas mis les pieds, j'avais oublié les questions pointues auxquelles il faut savoir répondre, sous peine de passer pour la paysanne du coin (déjà que vu la tronche de mes tifs, c'était pas gagné pour leur faire croire que j'étais au top de la tendance...).

Rien que le vocabulaire, déjà... Un p'tit balayage ? Et là on imagine de suite la coiffeuse s'armer de son balai O'Cedar, mais non, mais non. Elle s'approche de vous, vous saisit les cheveux d'un air dubitatif et vous demande "Qu'est-ce que vous attendez de votre balayage ?"

Hein ?? Ben j'en attends d'avoir des mèches plus claires que des autres, cette bonne question ! Naïveté que de croire que c'était la bonne réponse. Non, il faut dire déjà si on compte "l'entretenir" (traduction : venir tous les mois dépenser une fortune pour relier les pointes aux racines), si on veut un aspect naturel (comme si ça pouvait être vraiment naturel), si on veut du blond blond, du blond jaune, du blond doré, genre la nuance subtile.

Tout d'un coup, froncement de nez limite dégoûté. "Et vous faites des soins, chez vous ?" (Ouf, j'ai cru un instant qu'elle allait m'annoncer que j'avais des poux).

Là je me retiens de lui faire le coup du "je me lave les cheveux avec du shampooing pour cheveux sales" cher à Gad Elmaleh, j'ai bien compris que mon cas était désespéré et que ce n'est pas le moment de faire la maline.

Limite si elle ne me fout pas dehors parce que je ne fais pas de soins à mes cheveux et que j'ose arriver dans ce temple de la beauté capillaire avec le cheveu sec et cassant. Bon, je case quand même que c'est justement pour ça que je suis là, hein, qu'on s'occupe de mes tifs.

Bref, me voilà quelques minutes plus tard avec la tête dans du papier cellophane, je me prendrais presque pour un reste soigneusement emballé dans le frigo. Et une bouteille dans chaque main, sommée de prendre connaissance des vertus de deux soins sans rinçage, tout particulièrment inventés par Franck P. pour des pauvres filles dans mon genre, incapables de prendre deux heures par jour pour cultiver le champ de cheveux qui leur pousse sur la tête.

Pause. Longue.

Shampooing. Massage qui va bien (mais qu'elle se taiiiiiiise, la technicienne du cuir chevelu au dessus de moi, que je profite enfin un peu de ce moment de détente...).

Changement de mains et passage entre celles de la dame qui coupe.

"Alors, qu'est-ce qu'on fait (ma p'tite dame) ?"

"Ben on coupe", n'est pas non plus une réponse acceptable.

Il faut disserter volume, dégradé, sens du mouvement et effilage de la mèche.

Autant vous dire que malgré de longues études et un sens aigu de l'organisation, je ne me sens jamais aussi bête que chez le coiffeur.

Et à ma grande surprise, malgré ces réponses hésitantes, vraiment pas la fille dans le coup, je ressors de là deux heures après avec une coupe plutôt chouette, des mèches plus claires pour excuser ma blonditude neuronale, et délestée de l'équivalent du PIB de la Somalie.

Et sommée de revenir plus tôt si je ne veux pas courir de nouveau à la catastrophe.

Epuisant, je trouve...