Quand je n'aime pas franchement...
Par Sacrip'Anne le lundi 6 juillet 2009, 08:11 - A lire, à écouter... - Lien permanent
Il y en a une qui va tempêter à la lecture de ce billet, et à vrai dire, j'ai hâte de lire ce qu'elle va y répondre.
J'avais "bien" aimé "Ensemble, c'est tout", d'Anna Gavalda.
Je serais tentée de dire "sans plus". Parce que finalement, ce que j'en avais retenu, c'était des tombereaux de bons sentiments et un happy end. Une jolie recherche de personnages, surtout pour les "plus secondaires". Et pis voilà.
Un truc à lire vite, qui fait passer un moment plutôt agréable, mais assez vite oublié aussi.
J'avais acheté son suivant, "La consolante", en espérant un pas en avant, un étoffement de l'auteure en herbe.
Las.
A la première lecture, je n'ai "pas trop" aimé.
Certes, pas de quoi détester non plus. Mais les recettes de petits bonheurs qui font les grands, croyez-le ou non (!!), mais en littérature, il me faut que ça soit sublimement bien traité pour que j'adhère. Sinon, ça fait déjà vu, je trouve.
Je suis en train de le relire, plusieurs mois plus tard, en me disant que j'avais dû procéder la première fois lors d'une phase de mauvaise humeur évidente, ou que sais-je encore.
Le problème c'est que j'aime encore moins.
Mais j'ai mis le doigt dessus.
En littérature, et surtout en matière d'écriture, quelle que soit la personnalité du style, si j'ose dire, j'apprécie que ce dernier soit mis au service du récit. Et non pas le récit pour se plier aux jeux de styles de l'auteur.
Or, "La Consolante", c'est ça. C'est des pages de :
S'est essuyé le front. Trouvait qu'il faisait déjà bien chaud et ne voyait pas comment supporter ça en plus. Se trouvait très con (ad lib).
Bref, ça me donne l'impression gros comme une maison que l'auteure se regarde écrire (et se trouve bien belle en ce miroir).
Du coup, ça me gonfle, alors ça ajouté à la psychanalyse de comptoir des héros et aux (toujours très) bons sentiments...
Pfff.
Y a tellement mieux à faire d'une histoire, me semble-t-il.
Commentaires
Est ce pour ça que chez Gavalda je préfère les nouvelles ? 8-)
Elle se regarde moins écrire les nouvelles, Heidi ? Ou bien parce que ça passe encore plus vite ? LOL
Oui, c'est l'idée LOL Disons que je me dis que la forme nouvelle par sa brièveté, la nécessicité de la chute etc impose une certaine efficacité de l'écriture qui évite les effets de manche "je me fais un style" (ce que tu appelles à juste titre "se regarder écrire"). :-(
Comme Heidi, j'apprécie beaucoup les nouvelles d'Anna Gavalda, et je les fais lire à mes 2ndes qui aiment beaucoup ; pour les 11-12 ans "35 kilos d'espoir" est un bijou qui donne envie de lire (et de survivre même quand on est mauvais élève)
Il y a chez Anna Gavalda une vraie humanité et je ne suis pas sûre qu'elle se "regarde écrire".
Cependant, je ne peux pas lire ces gros pavés, "Ensemble, c'est tout" j'ai arrêté page 15. Elle adore les dialogues sans fin, que je déteste (et qui sont une facilité) et ses personnages, je te l'accorde, qui m'émeuvent dans des récits courts et percutants me paraissent culcul la praline dans de longues histoires.
J'émets aussi une hypothèse : elle est très "bancable", elle fait vendre et il est possible que son éditeur lui souffle de publier souvent, et qu'elle livre donc des romans qui ne sont pas très bien ficelés, genre : "ouh ouh, deux ans sans publier, ma petite dame, va falloir nous pondre quelque chose, là..."
Ouich, moua j'avais bien aime le premier livre de nouvelles, puis je me suis laissee prendre a "Je l'aimais", et pis apres plus jamais? Apres le degoulinage de bons sentiments et la psychologie a 2 sous m'a ecoeuree. "Je l'aimais" est surement pas different, juste c'etait le premier.
Heidi, il faudrait donc que je lise ses nouvelles !
Samantdi, il faut dire, j'avais été aussi attirée que repoussée par une formule qu'elle avait eue en interview, quelque chose du genre "j'écris pour les gens qui n'aiment pas lire" (ou "qui ne lisent pas" ??)... ça explique sans doute mon paradoxe ! Oui tu as raison, il y a peut-être de la pression...
drenka, je sais que j'ai lu "Je l'aimais", mais je n'en ai aucun souvenir. C'est mauvais signe !
Un peu comme tout le monde, j'avais lu ces premiers que j'avais bien aimé, comme j'aime de temps un temps un Amélie Nothomb, sans plus et même pour être franche, j'avoue que je ne m'en souviens pas bien. A part la nouvelle avec la véto... bref, Ensemble c'est tout, je ne l'ai pas lu, trop gros (huhu!!) et je craignais l'indigestion. Alors mon hypothèse à moi, c'est qu'elle s'est enfermée dans le style qui l'a fait connaître, la formule marche alors pourquoi en changer? Au risque de lasser.
Sinon je l'ai rencontrée au moment de la sortie d'Ensemble c'est tout, et ouais 8-)
Mince, je viens de lire ton commentaire, toi aussi tu t'en souviens pas, c'est mauvais signe en effet. C'est en quelque sorte de la lecture récréative. On passe un bon moment en le lisant et ça s'arrête là, mais c'est déjà bien, non?
Idem. J'ai beaucoup aimé "Je voudrais...'', beaucoup moins "Je l'aimais" et pas du totu accroché à "Ensemble c'est tout" (personnages trop caricaturaux, trop de bons sentiments). Je n'ai rein lu depuis.
Les nouvelles étaient vraiment belles.Mais quand elle les a écrite, elle n'était pas encore connue, et se laissait sans doute moins aller à la popularité et à ce qu'elle imagine de ses lecteurs. Et puis elle avait plein de choses à prouver.
Ensemble c'est tout, j'avais bien aimé comme on aime les films de filles : des bons sentiments, ça fait du bien et les personnages étaient bien ficelés. A par quelques pages, je me suis beaucoup ennuyée avec La Consolante. Et ce que j'ai préféré, malgré tout, ce sont ses nouvelles, très fortes. Où les personnages sont ficelés avec soin, très humains. Sauf la dernière où elle se met en scène et qui n'a aucun intérêt et ou on trouve, en germe, ce qui m'a déplu dans ses romans ultérieurs. Ce côté "je me regarde écrire" finalement.
Cela dit, je ne crois pas que son éditeur la pousse à publier à tord et à travers. Le Dilettante est une maison d'édition qui a lancé beaucoup de jeunes talents qui sont ensuite partis vers des maisons plus connues. Gavalda leur est restée fidèle. Je les connais un peu. Et ils n'essaient pas d'être commerciaux. C'est une maison jeune et qui sait encore prendre le risque de lancer de parfaits inconnus. Et ils laissent leur temps aux auteurs. Les font travailler. Ça cadre pas avec le côté mercantile décrit par Samantdi.
Pappolène, oui c'est déjà bien (quand on passe un bon moment !!).
Dis donc, t'as fini de frimer avec tous les auteurs que tu rencontres !!!
Jenny, bon, moi qui croyais que j'allais lancer une polémique auprès de défenseurs enragés d'Anna Gavalda, nous voici en plein constat de decrescendo !
Akynou, me voilà bonne pour lire ses premières nouvelles, du coup. LOL
Moi aussi je me suis ennuyée, mais ennuyée en lisant La Consolante... Je soupirais dans le métro, pfff...
Les nouvelles en revanche, c'était bien.
J'attends la réaction de qui tu sais.
Oui, assez d'accord avec toi. J'aime ses personnages, en général, tout au moins dans ensemble c'est tout. J'aime bien les nouvelles, mais j'ai toujours pensé que c'était des romans de vacances. J'aime bien, sans enthousiasme. Et dans ma mégalomanie fantasmagorique je me plais à penser que je pourrais faire aussi bien LOL
Bon, mais il arrive quand, qui tu sais ? Qu'on voit un peu de sang dans les commentaires... ;-)
Fauvette, j'ai averti qui tu sais qu'il risquait d'y avoir une réaction de sa part !!
luciole, je suis sûre que tu pourrais !
sLeAbo, c'est une qui tu sais !!! LOL
Hmmm... moi je n'ai lu que les premières nouvelles, l'été dernier en me disant que ça accompagnerait bien 2 ou 3 jours de mes vacances... eh bien je ne suis même pas allé au bout tellement j'ai trouvé ça gnangnan et fadasse !!
Donc même en roman de vacances, je ne la lis pas !!
Sur la politique éditoriale, je me vois confortée dans mes hypothèses par cet article :
comment recycler ses vieux textes un peu brouillons
"ensemble c'est tout", ensuite les nouvelles :kiss ,"la consolante"
Ben ne m'a pas consolée du tout!
Je reste avec l'agréable souvenir de lecture de "ensemble..."même que je l'ai offert à un monsieur qui me draguait 8-) et il a persévéré :p !
Si c'était moi que j'étais censée tempêter, non. En revanche pas d'accord sur le fait que le style ne soit pas au service du récit, au contraire c'est là tout son défaut et son charme. Anna part en courant après ses personnages, elle en oublie la syntaxe, mais n'empêche si on a l'état d'esprit pour on se retrouve auprès d'eux, et si on peste par moment, on se retrouve (souvent) embarqué(e)s. Bref, à mes yeux, personne n'écrit aussi mal aussi bien.
Et ma foi ça me laisse augurer d'un bon secours pour l'hiver d'avoir bon espoir que "L'échappée belle" sorte en novembre.
Ce que j'aime aussi chez elle, c'est l'humour, toujours présent l'air de rien - humour dont l'absence m'a rendue étrangère aux "Déferlantes" de Claudie Gallay qui par ailleurs jouaient un brin dans la même catégorie -.
Et puis d'abord, je donnerais n'importe quoi pour que dans la vraie vie ça se termine parfois comme dans "Ensemble" ou "La Consolante", une fois qu'on en a accompli les 2/3 de l'histoire soupir ...
PS @Samantdi : "Il y a chez Anna Gavalda une vraie humanité et je ne suis pas sûre qu'elle se "regarde écrire"" : je confirme et l'humanité et le non regardage.
J'en ai lu du Gavalda, plusieurs il me semble. C'est tout de même un cran au dessus que Levy et consort. Mais "la consolante" non, le titre, je ne sais pourquoi, me rebute totalement !
Je préfère lire Amélie Nothomb. Il y a nettement plus d'échardes sur son parquet.
Moi j'ai fait une allergie aux verbes sans sujet... Je me souviens même m'être passablement énervée un soir, en lisant. Alors, j'ai fermé le bouquin et ne l'ai jamais réouvert ! Je lis pour me détendre, pas pour m'agacer... Et dommage, car j'avais beaucoup aimé "je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" et "je l'aimais". Déjà, "ensemble c'est tout", j'avais trouvé ça cousu de fil blanc...
C'est pour toutes les raisons évoquées dans les commentaires que je suis une inconditionnelle de la littérature anglo-saxonne.
Leeloolène, au moins, c'est dit !
samantdi, il faudra songer à monter un "bestiaire" des maisons d'édition !!
gilda, c'est étonnant comme c'est vraiment l'inverse que je perçois à la lecture, sans être du tout au fait de son "projet" littéraire quand elle écrit... Ceci dit, j'entends bien volontiers !
Valérie, ah oui, pour le cran au dessus, y a pas photo !
andrem, pour le coup, Amélie, elle, elle se regarde écrire franchement !!
RdT, c'est vrai que l'accumulation, sur le dernier, se faisait au détriment du récit. En tout cas c'est ce qui m'a frappée aux deux lectures !
mab, tu crois que le fait qu'ils soient anglosaxons fait la différence ? Je pense qu'il y a des auteurs et des styles qui nous plaisent, d'autres moins, et ce parmi l'ensemble des auteurs du monde entier, non ?
Je ne vais pas faire avancer le débat, j'avoue que j'avais presque oublié Ensemble c'est tout, mais je me souviens très bien avoir passé de très bons moments à le lire. Alors les bons moments, c'est toujours ça de pris, même s'ils ne laissent pas de souvenirs impérissables...
En effet, quand tu n'aimes pas, tu n'aimes pas... LOL
D'accord avec toi au sujet d'Amélie Nothomb depuis un bon paquet de ses livres : elle semble coincée entre un fan-club qu'elle craint de décevoir et un éditeur qui dans ce qu'elle produit choisi à tous les coups le produit "conforme". Sachant qu'elle écrit beaucoup et qu'elle a un réel talent (si, si), je suis persuadée qu'elle détient des fonds de tiroirs qui valent beaucoup mieux que ce qui est commercialisé. Et ça ne m'étonnerait pas qu'il y ait quelques pépites poétiques. Peut-être qu'un jour enfin, on saura.
Ce qu'elle publie souffre aussi d'une sorte de refus du "livre nécessaire" mais peut-être qu'elle s'en abstient pour préserver ses proches. Il subsiste chez elle un verrou qui la maintient "en dessous". Et je le regrette d'autant plus que c'est quelqu'un que j'aime bien.
swahili, tu as raison, c'est là l'essentiel !
Véro, ah ben le pire c'est que "je n'aime pas ... trop" ! Mais on en est pas à la détestation !!
Gilda, j'ai le même sentiment sur Amélie Nothomb, en effet. Et pourtant, que ses premiers romans publiés étaient hors normes et envoûtants !
La mise au point de Gilda me convient bien. Il y a longtemps que je n'ai pas lu de l'Amélie, et je n'ai pas traversé sa traversée du désert.
Vivement qu'elle retrouve son chemin, alors, avec les échardes.
J'ai aimé Gavalda, Ensemble et Consolante compris... paraît que c'est de la mauvaise littérature, je ne sais pas... Dans Ensemble c'est tout, ce sont justement ces bons sentiments qui m'ont plu, une sorte d'Amélie Poulain en livre quoi. Côté style, rien d'impérissable je suppose, puisque je ne m'en souviens plus. La Consolante, c'est autre chose. J'ai du me forcer pour avancer, il ne se passait rien, et puis l'arrivée dans la "maison"... j'ai adoré la description, j'aurais aimé y aller, j'ai même un peu pleuré à un moment... ohlala, je suis trop bon public j'ai un peu honte :-)
(il est vrai que ses nouvelles sont très bien, aussi)
Demain je me mets à Marc Levy et consorts LOL
(là je suis en train de lire le dernier Pancol, paraît que c'est du même tonneau, je sais pas, mais après un policier assez sanglant, j'aime assez j'avoue).
andrem, oui, elle a encore du temps devant elle pour s'écharder.
Crazy Cat Lady (huhu, quel pseudo !), je mets Anna Gavalda très au dessus de Marc Levy et de je ne sais plus comment Pancol, quand même. Mais de toute façon, ce qui compte, ce n'est pas que ça soit "académiquement" bon ou pas, c'est le plaisir qu'on y prend !