Je n'ai pas de problèmes
Par Sacrip'Anne le jeudi 18 novembre 2010, 07:00 - Si on refaisait le monde ? - Lien permanent
J'ai déjà raconté, plusieurs fois, pourquoi et comment j'en étais venue à vivre ma vie "ici et maintenant" plutôt que de me laisser entraîner dans d'interminables déprimes.
En gros, la perte précoce et qui laisse un vide abyssal de mes grands-pères, oncles, et de ma grand-mère paternelle.
Que ces deuils, ces creux, m'ont forgé l'envie de profiter de chaque instant de joie, même s'il est profondément englué dans une journée pas terrible. Voire pire.
Il y a autre chose.
Mon année de maîtrise, je l'ai passée dans la littérature concentrationnaire.
Avant, bien sûr, je savais qu'il y avait eu des guerres, des massacres, des choses barbares tout au long de l'histoire. Mais là je suis passée du côté de ceux qui ont survécu. Et raconté.
Si je dois me souvenir d'une chose et d'une seule (et c'est impossible, mais c'est celle que je veux raconter aujourd'hui), c'est que je n'ai pas de problèmes.
Je n'ai jamais eu faim plus de quelques heures. Personne ne m'a jamais maltraitée au point de mettre ma vie en danger. Mon existence d'humaine n'a jamais été niée, au contraire, elle a été favorisée, mise en avant, par des gens aimants. Il n'y a pas un jour de ma vie où je n'ai été aimée, d'une façon ou d'une autre. Je n'ai pas eu à construire la suite de ma vie sur une tragédie.
Alors quand les emmerdements sont un peu lourds, qu'il faut compter trois sous, se débattre dans les papiers, se dire qu'on se sent parfois un peu seule, ça me revient, automatiquement. Ces mots, ces écrits. Et cette phrase : je n'ai pas de problème vital. Que des soucis, auxquels il faut accorder le droit de pourrir un peu la vie, mais pas plus.
Toute la douleur que j'ai pu ressentir jusqu'à présent n'est que celle d'une vie humaine banale. Aussi fort peut-on aimer et en souffrir, aussi fort puisse-t-on être déçu ou contrarié, il n'y a rien là qui me donne le droit de passer à côté de ma vie. D'en gâcher de précieuses journées.
Ca ne veut pas dire qu'il n'y a jamais de larmes, de mal au bide, ou de souffrance.
Ca veut juste dire que je n'ai pas de vrai problème. Rien qui me mette en danger et que je ne puisse combattre en ouvrant les bras et en accueillant ce qui est bon.
Nat King Cole pour illustrer en musique...
Commentaires
Vivre à la fois la joie d'avoir les chances qu'on a effectivement et les chagrins qu'on traverse et qui sont tout aussi vrai est un exercice délicat (et parfois, pour ma part, complètement déstabilisant : vivre en même temps ma plus grande joie et ma plus grande douleur)
Le penchant pervers serait de se flageller de ne pas être heureux alors qu'il y a des humains vraiment malheureux. Mais je sais que ce n'est pas ce que tu dis.
Zelda, oui, c'est parfois compliqué de laisser une vraie place à chacun de ses sentiments, pour pouvoir les vivre vraiment, mais sans perdre de vue l'essentiel... Et puis après, chacun sa façon, chacun son histoire. Mais disons que pour moi, ça compte !
Juste merci, ma belle... :kiss
Ah ben juste je t'en prie, ma belle Floh. C'est un billet éminemment recyclable à plein de situations. :kiss
Si on était sur le réseau social qu'on partage, j'aurais juste cliqué sur "j'aime" - un commentaire serait superflu
namfarang, :kiss Des bisous énormes.
;-) Comme tu le dis, rien que des agacements, après septembre 1992.
Tout le reste :-F :-F :-F :-F
Mais quand même .................. :-C
J'aime aussi ;-)
Mais sincèrement, si j'essaye de faire comme toi, j'ai parfois du mal à ne pas me laisser submerger par les petits soucis quotidiens. Surtout quand ils se donnent le mot et arrivent tous en même temps! C'est une très belle façon de voir la vie en tout cas ...
Mume, c'est pour ça que je me dis qu'il ne faut pas non plus trop refouler les emmerdes. Mais juste, les prendre pour ce qu'elles sont.
Raphaëlle, ah mais attends, ça m'arrive aussi. Mais je fais en sorte que ça ne dure pas.
J'aime et je plussoie ce que tu dis si bien dans cette note.
Et merci pour les images de Chaplin. Revoir ce grand "petit bonhomme" aura été un des petits bonheurs de ma journée :) !
Loulou, ça marche à tous les coups, Chaplin !
Je te conseille ici, aussi, la vidéo du jour fonctionne bien !!
C'est une raison qui m'aide beaucoup, moi aussi, à relativiser les pépins de la vie de tous les jours, pour la mémoire de mon grand-père résistant mort dans les camps, et des survivants que j'ai eu l'habitude de côtoyer durant mon enfance, et que je continue à rencontrer de temps en temps...
Ah oui, en effet, ça fonctionne super bien aussi :D !
swahili, oui, hein, ça relativise quand même beaucoup de choses (ça et d'autres expériences qui coupent la vie court et en la traitant mal...)
Loulou, je confirme, ça m'a fait effet pendant 4 jours, cette scène !
Mon commentaire sur ce sujet serait aussi long qu'un billet, alors quand j'aurai le temps et l'énergie j'en ferais un ;-) :kiss
Voilà ...
(qui rejoint pas mal d'éléments de ma PPP) !
J'aime beaucoup .... et en fait, c'est aussi ma façon de voir ou plutôt de "VIVRE" les choses et surtout ne pas se laisser dépasser, attrister, déprimer par des petits soucis, des petites "emm....." . Merci pour le sourire de Chaplin !
J'ai aussi cette philosophie qui fait que du coup, les geignard(e)s me sont insupportables. Je ne dis pas que je ne me plains jamais, que je ne rale pas, non, non, mais ça ne dure pas. Mon frère a fait de nombreux voyages en afrique, et il m'a toujours répété que quoi qu'on vive, nous occidentaux, il y a toujours quelqu'un qui rêverait d'avoir notre place; pour pouvoir se déplacer sans risquer sa vie, manger à sa faim ou ne pas voir mourir ses enfants d'une maladie éradiquée ailleurs depuis longtemps. Et puis pour d'autres raisons, perso cette fois, je te rejoins sur cette période de l'histoire qui tord les tripes et fait relativiser rapidement toutes les emmerdes que l'on peut avoir. La vie est courte, elle peut s'arrêter brutalement, alors autant essayer de sourire (en plus c'est communicatif, souvent!) Des bises ;-)
luce, ah ben j'ai hâte, alors !!
K, Petite Philosophie Personnelle ?
charlottine, ah ben on a quand même le droit d'être triste, parfois. Mais il faut raison garder, disons !
Brige, cette période, et d'autres. Je me disais dans la voiture que dans un autre monde, avant ou ailleurs, j'aurais déjà dû mourir deux fois (au moins) de choses tellement banales pour nos yeux d'occidentaux gâtés. Bon. Voilà. Je suis là. Profitons. BIses !
Tu sais que tu es terriblement humaine Anne ?!
Je t'embrasse fort.
Madeleine, ni plus ni moins que chaque humain sur terre, tu sais ? Moi aussi je t'embrasse, fort fort fort !
C'est bien de le dire aussi...
C'est aussi ma façon de voir les choses et même si je suis coléreuse et impatiente, j'oublie toujours très vite les agacements et les petits soucis de tous les jours.
Des bises à toi, comme je t'ai trouvée jolie avec ta nouvelle coiffure sur la photo de l'autre jour, tes 35 ans te vont bien !
Et je rajouterai aussi que l'on ne sait jamais si ce que l'on vit à l'instant n'est pas le dernier que l'on vivra et tant qu'à le vivre vivons le bien :)
Ma-gni-fi-que, je tentais de dire la même chose à une grande amie, tu le fais mieux que moi. Merci beaucoup.
... portative :)
Anne, et même de l'écrire LOL
samantdi, oui, j'aime ça qui nous relie, le tempérament bouillonnant, mais ça ne dure jamais bien bien longtemps. Merci beaucoup ! Je suis flattée !
Valérie, peux pas dire mieux.
Merci Moukmouk. Tu sais, toi aussi tu dis bellement des choses que je n'arrive pas à exprimer !
K, huhu !
Il y a une chanson d'Akhenation qui s'appelle "je ne suis pas à plaindre"... qui me revient parfois en tête quand je suis en mode couinement.
C'est l'une des premières sur lesquelles ma fille a accroché quand j'ai mis le CD sur la platine, un jour. Je trouve ça bien, elle a compris le sens des paroles.
isadora, laissons-nous guider vers la vie par nos enfants...
En yiddish, on appelle des tsourèss, tu viens d'en donner la définition exacte !!
Otir, merci pour ce mot !!! Tu vois, ça doit être l'âme de mon arrière-grand oncle qui m'a soufflé le sens de ce mot yiddish :-)