Compulsions
Par Sacrip'Anne le mardi 11 octobre 2011, 00:32 - All about Chiboum - Lien permanent
Des échanges de début de semaine avec Anita me donnent envie d'effleurer le sujet, et de lire ce que vous avez à dire dessus.
Nous nous congratulions donc, mutuellement, avec Anita, sur nos arrêts de tabac. Elle tentait de me faire croire que pour moi c'était plus dur que pour elle, rapport que son cerveau s'était moins rhabitué que le mien, et qu'il avait plus de mal à lui faire croire que la clope, ça lui était vital.
Sauf que, je me sens honteusement et injustement félicitée: j'ai à peu près oublié que j'avais fumé, ça ne me manque pas, je bouffe moins de bonbecs parce que je n'aimais pas le goût et qu'il fallait le masquer, et en plus, j'ai arrêté le sucre dans le café (en plus du thé), la plupart du temps.
Quel rapport ?
Que je me suis un peu replongée dans la philosophie Zermatienne. Savez, l'olibrius qui prétend qu'il suffit d'arrêter de manger quand on a plus faim pour ne pas grossir, et même pour maigrir quand on est en surpoids parce que justement, on mange au delà de sa faim (et non pas : trop de chocolat).
Ca a l'air simple et ça ne l'est pas tant que ça : notre cerveau est conditionné depuis vraiment petit petit à développer des réponses affectives face à la nourriture.
Et j'aimerais, j'aimerais bon sang de bois, que l'interrupteur de la satiété soit aussi facile à trouver ET utiliser (ok j'ai plus faim, je ne finis pas mon assiette : ça a vraiment l'air con, hein ? Ca ne l'est pas.) que celui qui a fait dire à mon cerveau : oué en fait, fumer, j'aime pas ça, on arrête ?
Que l'ennui, par exemple, ne nécessite pas pour se dissoudre d'aller voir dans le frigo si un truc...
Et toutes ces sortes de choses.
D'un certain côté, c'est passionnant, de s'observer, d'observer les autres, d'essayer de comprendre comment tout ceci fonctionne.
De l'autre, c'est passablement frustrant de se dire que ça n'est pas parce qu'on a compris la théorie que la pratique va de soi. Qu'on a "perdu" tant de temps en croyances alimentaires aussi diverses que néfastes.
J'essaie du coup d'éviter de transmettre certaines croyances à Cro-Mi, et quand je m'entends lui parler parfois je me dis que c'est loin d'être gagné (mais au moins : j'en ai conscience, tenté-je de me consoler).
Bref. Tout ça pour dire que la mécanique de la compulsion, qu'elle qu'elle soit, est bien compliquée et obéit à bien des choses qu'on aimerait parfois ne pas trop avoir à regarder en face.
Ceci dit.
J'ai de la chance.
Il me suffit, ces derniers temps, de fermer les yeux pour faire affleurer une "image refuge" qui me satisfait bien plus que toutes les clopes du monde, et même que tous les tiers-cuits au chocolat. Et même d'ailleurs, sans fermer les yeux... :-)
Du coup, il me semble que c'est un bon moment pour regarder des choses en face et voir ce qu'on peut faire avec.
Commentaires
La phrase-clé : "quand l'appétit va, tout va".
Le choc des cultures : certaines traditions considèrent qu'il ne rien laisser de comestible dans l'assiette (sinon : ah ? c'était pas bon ?) et d'autres qu'il faut en laisser un peu (sinon : ah ? il n'a pas eu assez ?)
J'aime beaucoup l'idée d'une « image refuge », quel que soit l'usage d'ailleurs !
Moi je veux bien t'écrire à ce sujet, mais t'as déjà tout dit et tout compris :) A partir de cette étape de compréhension entière de la théorie, l'assimilation, ce qui se passe dans la tête et dans le corps de chacun, est entièrement personnelle et je ne sais pas si le déclic est identique pour les uns et les autres ;) C'est comme pour le tabac sans doute, certain(e)s ont besoin d'ultra conscientiser pour arriver à arrêter, pour d'autres (toi?) ben ça se fait comme ça d'un coup un jour où...
Mais j'ai confiance en toi et je suis certaine que tu auras ce déclic aussi, tôt ou tard :)
Plein de bises :heart:
mirovinben, oui, bien sûr. Des contextes aussi : la génération de mes parents (donc la tienne, je pense) a été élevée à coups de "finis ton assiette, on voit que t'as pas vécu la guerre" qui résulte de choses que je n'ai pas pu connaître dans mon estomac. Et puis des pans d'histoire personnelle, pour chacun (en ce qui me concerne, une réponse affective évidente sur le "regarde, je mange, je vais bien").
Mais ça ne répond pas à ma question technique : pourquoi m'est-il bien plus simple d'arrêter de fumer du jour au lendemain, comme si je n'avais jamais fumé, alors que la compulsion qui peut m'amener à manger, même une bouchée de trop, est parfois bien plus difficile à désamorcer ?
Franck, j'en expliquais le principe à Cro-Mi ce matin, en lui disant que ça sert quand on est triste, angoissé, en colère, etc... C'est utile, n'est-ce pas ? :)
Floh, et si je ne l'ai pas ça ne sera pas un drame, mais juste, j'aimerais bien :-D
La différence, je pense, c'est que physiologiquement, le tabac, au bout de quelques jours d'arrêt, le corps n'en a plus besoin.
Alors que bouffer, d'un point de vue physiologique, c'est moins facile de s'en passer...
Pour abonder dans le sens de sleabo, manger est un besoin vital contrairement à la cigarette.
Si tu trouves une piste à ta réflexion, fais moi signe car je n'ai jamais compris pourquoi j'avais le réflexe de combler mes besoins affectifs par la nourriture... alors certes, je me sens toujours bien mais avec une balance qui indique quand même + ou - 10kg en fonction des périodes ><
sleabo, je ne crois pas que ça aussi simple que ça. L'idée, notamment celle de Zermati, mais qui tient du bon sens, est qu'il ne faut surtout pas se passer de gourmandise, de plaisir, et ne surtout pas s'affamer au sens se sous nourrir. C'est donc théoriquement moins difficile de se dire : je vais manger de tout ce que j'aime, mais simplement à hauteur de ma faim, que d'arrêter complètement quelque chose.
jOe, lis ses bouquins, ça se trouve en poche, c'est éclairant. Mais ça veut dire aussi se regarder en face très très lucidement, et même ça, ça ne suffit pas :D
C'est surtout que manger est un sacré plaisir ! Mon truc (qui marche avec moi en tout cas), rigidité au moment des courses, étant une grignoteuse incontrôlable et une feignasse de cuisinière, tout ce qui peut se grignoter est prohibé... Plus facile de résister au moment de l'achat que lorsque le paquet de bonbons est dans le placard.
Ensuite, une idée comme ça, pourquoi ne te sers-tu pas des petites quantités ? Avec possibilité de te resservir mais au moins, tu n'as pas ce problème de ne pas finir ton assiette.
Ce que je voulais dire, et il me semble qu'on pense la même chose, au fond, c'est que fumer est physiologiquement inutile, alors que manger non.
Arrêter de fumer, une fois passés les caps des besoins physio puis psychologique, le corps n'a pas de nécessite de nicotine.
Réduire sa nourriture, même si on mange de tout, c'est pernicieux, puisqu'on continue à avoir la relation avec ce qu'on voudrait diminuer. Biologiquement, on a besoin de manger, quoiqu'on fasse, il faudra continuer.
Arrêter, l'objectif est clair et net : plus de lien. Réduire, c'est être continument confronté à l'envie ou tout au moins la possibilité de consommer trop. Quand on parle de nourriture, la difficulté, comme tu l'as déjà dit, c'est de trouver l'indicateur du trop.
Pappo-Stef, en fait, tout l'intérêt de l'approche du dit Dr Z est que c'est le lien à la compulsion, sa raison, la façon de gérer ses émotions qui est remise à plat, afin que justement, ça ne soit pas ce qu'on a dans nos placards, la question, mais la relation qu'on a à la bouffe.
Et je me rends bien compte que je suis "chanceuse" : pas grignotteuse, pas du genre à tomber dans un pot de Nutella, juste du "un peu trop" qui s'est accumulé au long cours.
yes sleabo, et du coup tout l'intérêt de se comprendre dans le fonctionnement "hors besoin vital" est d'avoir un comportement alimentaire "sensé" sans avoir être dans une sensation de rationnement, mais juste de "j'ai eu ce dont j'ai besoin, la prochaine fois la suite", en somme :-D
Anne, merci du tuyau !
Et t'as raison de le souligner sur le fait de se regarder lucidement. Et je dirais même plus, pas facile d'être honnête avec soi-même parfois. En chacun de nous, grouillent des paradoxes, un véritable bordel interne :-D
"Mais ça ne répond pas à ma question technique (...)" Forcément, vu que je n'ai pas le réponse, que ça fait au moins 30 ans que je n'ai pas fumé mais que je suis très gourmand voir goinfre.
Désolé...
Ce n'était pas un reproche, voyons, mirovinben ! Juste une façon de dire que je suis d'accord avec toi, et cependant, que j'aimerais aller plus loin que ça !
jOe, oué. C'est ça. Bien résumé.
Ce serait bien de ne pas faire les courses et de ne pas préparer les repas ! Dans mon cas ça m'aiderait à faire attention mais j'aime trop cuisiner :p
C'est marrant que tu fasses ce rapprochement, parce que justement moi j'ai arrêté de fumer du jour au lendemain, sans frustration ni manque. Juste parce qu'un jour j'ai écrasé une clope et qu'après des mois de réflexion, je me suis dit "c'est terminé, je n'ai plus envie de fumer". Depuis je n'ai pas rallumé de clope, même pas une. J'ai eu parfois envie, le soir, à des moments où ça me réconfortait, mais je suis jamais passée à l'acte, et je n'ai pas eu besoin de me faire violence. Tout allait bien, je gérais. Maintenant je sais que jamais je ne re-fumerai.
Ca m'encourage beaucoup à me dire que je vais être capable de saisir le déclic de la même façon pour apaiser mon rapport à la nourriture. Je suis sûre que le mécanisme est le même au fond.
Courage, on va y arriver !! :-*
Madeleine, ben justement, toute l'idée est de ne pas renoncer au plaisir et surtout pas à la gourmandises qui sont d'excellent indicateurs. Rien à voir donc avec la compulsion, la vraie !
Snana, je viens d'écrire à Floh qui m'a conseillé ton billet "tiens, j'aurais une jumelle ?" :D Courage, donc, courage !! :-*
Haaa mais merci Floh !! :heart:
Tu gères.
Snana, oui hein, merci Floh ! Et Florence ! Et tout Toulouse ! Et tout ça !
Wedontcare, du mal à lire ton "tu gères". Constat général ? Du type : face à la compulsion, tu gères ? Ou tes yeux sur ce que je vous donne à lire ? La bise parisienne, en tout cas.
Pour la clope, pour l'article, pour la protection de ta fille, c'était un "tu gères" général, quoi. :)
Merci pour la précision, wedontcare ! :-*
J'essaie, en tout cas. Un jour après l'autre, un pas après l'autre, toussa ! Mais plutôt en sifflotant, en ce moment (ça aide). Ca aide, le grand âge, la vieillerie, tu verras :-D
Ah la bouffe, faire les achats, la préparer...
J'en ai essayé des feintes afin de déjouer l'addiction à l'assiette surtout à son contenu ! :sick:
A force de face à face avec mon "moi" l'enfance et tout ça... :sick:
Je sais à peu près reconnaitre les situations dangereuses, ben , ça ne règle pas tout, mais c'est mieux... :mute:
Je ne peux toutes les éviter.
Aussi, pour la gourmandise, à moi les préparations sans ci et sans ça, juste la douceur dans le bec que ce soit salé ou sucré. :p
Alors la prochaine fin de semaine, ce sera la fête des papilles avec mon ami Feuille d'automne, la la la ! :-D
Hélas...on ne mange pas seulement parce qu'on a faim. ça serait si simple si ce n'était que ça...
Moi quand j'ai un coup de mou et que je suis tentée de grignoter, je me fais les ongles, c'est très efficace :-D
Je n'ai de problèmes que si je tente de me priver, ou parce qu'il faut se caler socialement. Les heures, la composition des repas à l'extérieur, le bon ou le mauvais... j'ai l'impression que ce sont de petites pressions répétées qui nous déconnectent de nôtre instinct. Peut-être ? 8-)
mume, justement, toute l'idée développée par le docteur Z n'est pas d'être dans l'évitement d'un danger mais d'un assainissement du rapport global à l'alimentation, d'une régulation. Intéressant. En fait la notion de régime et de restriction est mise à mal. Tu devrais le lire !
heidi, va falloir que je trouve autre chose !!!
Minium, sans doute, même. Très certainement. Ce qui me permet de hurler : les courgettes c'est le MAAAAALLL !!! :-D (Bienvenue par ici !)
Pour ce qui est de l'alimentation, je peux juste apporter ma propre expérience : 7 kilos de plus en quelques mois-années au début de ma vie de couple, une période assez complexe avec beaucoup de temps consacré à celui qui est devenu mon mari, beaucoup de stress et des repas assez déconnectés de mon appétit. Même si tous les soucis n'ont pas disparu, la situation s'est simplifiée et les kilos se sont envolés l'an passé, en même temps que ceux de ma deuxième grossesse, sans régime particulier, juste en prêtant davantage attention à mon appétit.
Pralines et Canelés, oué oué oué, ça se confirme, hein ?
Oui... mais cela ne règle pas tout : reste encore à savoir comment limiter le stress afin de pouvoir être attentif à son appétit ! Au quotidien, avec deux jeunes enfants à table, j'ai parfois du mal :-)
Pralines et Canelés, oué oué oué, je vois bien...