J'insiste, persiste, et signe
Par Sacrip'Anne le vendredi 21 octobre 2011, 08:33 - Si on refaisait le monde ? - Lien permanent
Quitte à subir avec des sentiments mêlés la disparition de l'ensemble de mes mots dans le silence, que dis-je, dans une forme de trou noir, je vais m'obstiner sur des choses qui intéressent peu.
Mes camarades grévistes, par exemple (je dis "mes", je ne les connais pas, mais notre croisement deux fois par jour fait que je compatis et m'intéresse tout particulièrement à leur sort.
Ils étaient donc là, encore, ce matin. Des 15 secondes où je peux regarder; le tout en faisant gaffe à la route, ils m'ont paru plus calmes, mais aussi plus organisés.
Comme si l'élan de colère, de ras-le-bol qu'il avait fallu pour les pousser là se canalisait. Maintenant il faut s'organiser. Prévoir que ça pourrait durer. J'imagine.
Du coin de l’œil je vois une pancarte. Avec dessus un mot que je lis plus vite que les autres.
Insalubrité.
INSALUBRITE.
Je ne vois pas comment ne pas réagir avec une colère énorme. Ca vous paraît acceptable,à vous, même vous là qui n'osez pas dire que les grèves ça vous indiffère, ça vous fait chier, c'est sale, que dans des tas de pays on ne fait pas grève et que c'est mieux qu'ici, ça vous paraît acceptable qu'on envoie des gens bosser dans des lieux insalubres, ici et maintenant, en région parisienne, automne 2011 ?
Que les mecs aillent pointer et se prendre leur dose de je ne sais ? Moisissures ? Escaliers qui menacent de s'effondrer ?
Bref, qu'ils mettent de côté leur santé, leur sécurité, et même leur goût du travail bien fait parce que la seule chose qu'on doit leur répondre c'est "on a pas le budget" (qui doit se trouver être payé par les fonds public. C'est vrai que les frais de bouche de la mafia du 9-2 doit être prioritaire).
Et s'ils insistent un peu, parce que vraiment, c'est plus tenable, qu'ils bossent pour le bien public et qu'on leur offre Germinal, "oh ben si t'es pas content, y en a 500 qui attendent ta place".
Vous la mesurez, la violence de ce monde du travail ? Ca ne vous fait rien à vous ?
Oué. Je sais. Not in my backyard. Ce qu'on ne voit pas ne fait pas mal.
Mais cette situation, ce crachage à la gueule permanent, c'est nous tous qui l'avons fait. Nous tous avec nos "mais moi, alors ?", notre tendance à faire passer notre intérêt juste un peu devant l'intérêt général.
Du coup, pas trop regarder le voisin, des fois que sa merde à lui soit plus embarrassante que la nôtre. Si on ne sait pas, on peut faire comme si, et se plaindre un peu.Ne pas se sentir un peu obligé de lui tendre la main. Ca serait inconfortable de ne pas le faire. Reste de morale...
Et à coups d'yeux fermés sur ce qui ne nous arrange pas et de moi d'abord, on l'a fabriqué ce monde où des tas de gens ont su flatteur nos "mais moi, alors ?", nous faire croire qu'ils allaient bien s'en occuper, de nos petits nombrils individuels. Pour nous la mettre bien profond une fois qu'on leur avait donné le pouvoir de le faire.
Alors vous savez quoi ? Cette grève dans une usine que la plupart d'entre vous ne verront jamais, c'est ma faute, un peu, la vôtre, aussi, celle de nos parents, et ceux qui sont "contre la grève", je les emmerde.
En fait je nous emmerde tous. Je me dis qu'on est vraiment une espèce à la con, l'humain. Qu'il y a eu quelques moments de génie mais qu'on est tous une bande de connards soucieux de leurs petits "oui mais moi...".
Merde.
Colère je suis.
Commentaires
Les petites lâchetés insignifiantes de la vie quotidienne qui restent en apparence sans importance jusqu'au jour où...
je crois que je t'aime encore plus (si c'est possible) après ce billet. Rien à ajouter, tout est dit. Bravo.
Ah ben je fais bien de dire des gros mots sur le nainternet, ça fait réagir mon papounet (huhu). Jusqu'au jour où, oui, et le pire, pour beaucoup, pour chacun d'entre nous, jusqu'au jour où enfin on se sent concerné mais tard...
Stefirst, merci. :-*
Alors ne commence pas à lire les quelques sites qui rendent compte de toutes les petitesses que doivent subir ceux qui "ont la chance d'avoir un travail". Là tu ne serais plus Indelur, mais vraiment indignée ! :sick:
Minium, c'est un peu mon job, d'ausculter le monde du travail, par le prisme de ceux qui tendent à ne pas le trouver très sain tel que, en fait... Et l'un n'empêche pas l'autre (je veux dire, entre indigne et indignée).
J'aime bien les colères qui pousse à sortir de l'égocentrisme ;)
Même si je crois que l'on est surtout qu'on est surtout une "espèce" capable du pire comme du meilleur mais qui a quand même une grande capacité d'évolution ( dont on se servira ou pas ) ;)
Je t'embrasse :)
Un peu de spéculidou pour la douceur ?;)
Trop de choses à dire pour un commentaire, en fait.
Limite on pourrait en faire un blog !
Et sinon la prochaine fois, je commenterai sans faute et répétition ;)
Florence, oué, du spéculidou. Des mots doux, aussi. En fait j'aimerais mieux qu'on ne soit pas obligés de se mettre en colère pour sortir de l'égocentrisme.
Pappo, ben oui mais comme on ne va pas le faire, feel free de faire un long commentaire, et toc et paf.
Ton billet d'hier, comme celui d'aujourd'hui, est typiquement le genre de billet que "j'aime" à lire mais auquel je ne réponds pas.
Pour dire quoi ? "Pas contente non plus - Bien d'accord" ?
M'indigner cinq minutes avec toi (d'une indignation vraie et juste, je ne remets pas ça en question, ni pour toi ni pour moi, ni pour les autres)
Et après ?
Ce n’est pas l'indifférence ou l'agacement à mon avis qui crée le silence (ceux qui sont agacés savent bien le dire, j'ai publié quelques billets pro-grève pour le savoir), mais le sentiment d'impuissance.
Des bises.
zelda, à l'impuissance j'essaie d'opposer, chaque fois que je peux, des micro-gestes humains. Saluer les gens, rendre service si on peut, des choses infimes mais qui font qu'au moins, je me dis qu'un peu de contagion peut ensuite survenir, et redonner le goût du "ensemble".
Puisque tu parles d'ausculter le monde du travail, ajoutons une petite pensée pour les travailleurs (ça y est, j'ai subi le surnom au collège et je me mets à parler comme elle) d'un pays pas si éloigné dans lequel on vote la suppression des conventions collectives pour niveler tranquillement vers le bas le droit du travail.
En ce moment, c'est plus difficile de ne pas être indigné que l'inverse…
Effectivement, on se préoccupe de son petit nombril parce qu'on a peur. Mais la peur n'empêche pas que ça arrive, et un jour on sera tous dans la merde, et ce sera un peu tard pour réagir, mais on n'aura plus rien à perdre.
Comme Zelda, si je ne réponds, réagis souvent pas à ce genre de messages, en grande partie parce que j'ai l’impression d'avoir passé des années à m'indigner dans mon salon (ou à l'apéro avec les potes) et que je veux m'interdire de parler sans agir. Ma manière d'agir aujourd'hui, en dehors d'une maigre activité de militante ps c'est de ne pas accepter, même si je le paye cher, ce genre de conditions de travail pour moi-même ou de complicité à leurs mises en œuvre. Pour l'HommeTendre cela implique de refuser de jouer sans salaire correct (de nombreuses salles payent pas ou très peu les artistes qui le sont soit aux entrées, soit à la gloriole) et sans conditions décentes. Cela à l'air évident mais je te promet que c'est un combat! Et pour moi par des choix de métiers, le refus d'accepter n'importe quoi à n'importe quel prix, et bien sur le refus d'être complice de systèmes ou de pratiques que je désapprouve. Cette forme d'engagement nous vaut de vivre avec un salaire pour deux depuis 12 ans, et le sentiment(peut-être issu de ma parano mais je suis pas si sure) que nous passons pour des feignants ou des "looseurs".
Tu klaxonnes en passant devant les grévistes? tu les salue en sortant le bras par la fenêtre? tous signes d'encouragements doit faire un peu chaud au cœur je pense.
Fabrice, oh je n'y aurais pas pensé, au surnom. Et oui, j'y pense, et tous les jours (parfois : contrainte et forcée). Tu fais bien de le dire.
Snana, la peur n'évite pas le danger, je dirais même qu'elle le rapproche.
L'impatiente, comme je suis assez peu sensible au "passer pour", je vous donne toute ma sympathie.
J'ai longtemps pensé qu'endurer des conditions de travail compliquées, dans mon cas, était une forme de loyauté à l'entreprise qui me nourrissait. Brave connerie.
(Et non, je ne klaxonne pas, je passe sur un pont au moment où je les vois, du coup, de mon surplomb, je ne suis pas sûre qu'ils distinguent les signes sont, ni même qu'ils sont POUR eux et pas CONTRE eux ! J'écris sur mon blog à la place);
Si, si on devrait en faire un blog, après les indignes, les indignées, moi ça me va.
Je ne suis pas une militante, j'ai essayé de l'être, pour différentes causes qui me touchent, m'indignent, etc, mais je n'ai jamais réussi à durer. En fait je supporte mal les militants (quelque soit leur cause) parce que leur combats leur donne l'impression qu'ils ont le droit de juger les autres (ceux que j'ai côtoyé et je le comprend parce que ils en chient tellement qu'ils sont en colères contre tout ceux qui ne bougent pas). Mais moi, je ne peux pas adhérer à la culpabilisation. Je ne peux pas adhérer au mépris qui en découle.
Je ne crois pas que l'indifférence, soit responsable de notre situation actuelle, je veux dire que je ne crois pas qu'il y en ait plus aujourd'hui qu'avant. Ce qui nous pousse c'est la nécessité, et le chemin que nous choisissons c'est la facilité, depuis la nuit des temps. Ce qu'il y a c'est qu'on a trouvé une astuce du tonnerre pour combler cette nécessité par un chemin hyper facile, c'est la consommation. Nous sommes des êtres empli d'angoisse soignés à la consommation.
Par ailleurs, notre génération a été élevé par des personnes qui ont crus à la révolution, "mai 68" et qui se sont planté grave. Leur déception nous a été transmise dans ce sentiment d'impuissance, de fatalité qui décrit si bien le discours de nos politiques actuels. La révolution ça marche pas, voilà ce qu'ils nous ont transmis. Alors nous sommes là avec nos colères, nos indignations, nos peurs d'être manipulé, récupéré, notre sentiment de "ça sert à rien" et nous nous concentrons sur ce petit monde sur lequel nous avons prise, nous même et nos proches. Mais ça ne change pas le monde, non, ça ne suffit pas à changer le monde, ça suffit juste à le supporter.
La génération d'après se retrouve dans la merde et peut être qu'elle porte en elle l'espoir d'un vrai changement, je lui souhaite.
Aujourd'hui nous manquons d'imagination, de créativité pour inventer le monde autrement que tel que nous le connaissons. Trop formaté que nous sommes, c'est pour cela aussi que nos colères n'aboutissent pas, vers ou aller ? J'entrevois ici et là des petits points lumineux qui me donnent de l'espoir. Ici et maintenant nous sommes encore dans la décadence au sens historique du terme, mais après la mort il y a la renaissance, J'ai foi en cette renaissance, elle viendra de là ou nous ne regardons pas.
En attendant, le droit de grève est une arme de défense, un outil d'expression de cette colère légitime.
Ce serait bien que tu dises le nom de l'usine et/ou sa situation géographique (coordonnées latitude-longitude, ou adresse, qu'on (je) puisse situer sur g-maps) : quelque chose de concret, s'il te plaît, pour qu'on (je) puisse m'intéresser de façon concrète, qu'on (je) voie leurs revendications, leurs problèmes ... ; ils en parlent aussi peut-être sur un site... Sinon ce ne seront que des mots, juste des mots qu'emportera le vent, juste des mots d'indignation : mais il faut réagir, soutenir, agir.
(Ici c'était d'abord "Indignez-vous !", mais ensuite un ouvrage qui s'appelle "Réagissez !", une conséquence logique de l'opuscule de Hessel, qui a fait naître le mouvement du 15 mai / los indignados. Parce qu'en particulier il y a d'autres moyens de faire de l'économie, au-delà des diktats du FMI (et ses doctrines officielles) et des "marchés" (ah, les marchés, dont on parle comme si c'était une force divine et inéluctable) : n'allaient-ils pas le "refonder" le capitalisme, qu'ils avaient dit, Sarkozy et Merkel ? Et j'entends encore l'autre jour, avant-hier même, à la radio française, sans aucune conscience critique, sans aucun commentaire de la part de personne (journalistes, "experts", politicien(ne)s ... ) qu'on porte encore toute la confiance en Moody's et les agences de rating (celles mêmes qui avaient donné leurs meilleures qualifications à la banque Lehman Brothers juste avant qu'elle ne s'écroule) lorsqu'elles se permettent de dire qu'elles mettent (la dette publique de) la France surveillance et qu'ils baissent la note de (la dette publique de) l' Espagne (comme si ce que dit Moody's c'était parole de dieu) ; et j'entends aussi de la part du gouvernement français ou des Hautes Hinstitutions Heuropéenes (hutiliser le h comme de la péniciline) que l'UE doit recapitaliser (sic) les banques, comme si les banques n'étaient pas à l'origine de cette crise (et toutes les autres) : encore de l'argent public pour les banques... : c'est ça, on socialise les pertes (qu'on paye entre nous tous) et on privatise les bénéfices (il y en a tout le temps, d'ailleurs, même aujourd'hui ; c'est toujours une poignée, les mêmes toujours, qui gagnent). Ah, oui, et quand on parle de sauver l'économie grecque, on parle en fait des banques, toujours les banques, les banques françaises et allemandes notamment ; et toutes ces mesures de privatisation d'une partie des secteurs publics grecs, portugais, espagnols... toutes ces réductions des dépenses publiques, de la santé publique, de l'éducation publique, du secteur public... est-ce que quelqu'un croit vraiment que ça va calmer les "marchés" (ou plutôt apaiser leur gourmandise), que ça va arranger l'économie - grecque, française, européenne, mondiale... - ? bien sûr que non... ; donc oui, il faut soutenir les grèves, oui, aussi les grèves en Grèce et dans d'autres pays "éloignés" comme dit Fabrice plus haut dans les commentaires, et ne pas les appeler des faignasses (les ouvriers de cette usine ou les fonctionnaires de ce pays éloigné) : parce que les grecs les italiens les espagnols les portugais et tutti quanti c'est des faignasses et s'il faut sauver leurs économies c'est de leur faute : non, ce n'est pas la première fois que j'entends ça et ce ne sera pas la dernière ... mais il faut se rappeller que les agences de rating (encore elles, je ne me souviens plus si c'était Moody's ou une autre) avaient donné des conseils au gouvernement grec pour fausser les comptes et faire semblant que la dette publique était plus petite, ça devait convenir aux banques en ce moment-là... ah, les banques, toujours les banques... Et je ne parle pas du gouvernement socialiste espagnol qui a renoncé honteusement à tous ses principes socialistes pour plaire aux champions du néolibéralisme, y compris Sarkozy, Merkel et le FMI (ça ne m'étonne pas qu'en anglais on les appelle des néo-cons) parce que ça ferait cette parenthèse encore plus longue (et même si vous ne voyez pas le rapport de tout ça avec la grève de cette usine concrète, il en existe sans doute un, pour moi c'est évident même sans en connaître les circonstances spécifiques, et c'est en partie pour cela que je veux les connaître) ; en fait je vous prie de m'en excuser : et pour la parenthèse et pour la longueur - et je m'arrête là).
Et sinon, des commenatires comme ceux que je lis ci-dessus, tellement longs, c'est de ta faute, hein, t'as dit à Pappo-Stef "feel free de faire un long commentaire, et toc et paf", comme Luce ou d'autres j'ai pris ça pour moi et tu en vois maintenant les conséquences :p
Rire, le com le plus court, je voulais faire un lien mais j'ai pas réussi.
http://www.facebook.com/photo.php?f...
Luce, alors faut pas juste faire un blog, faut se rapprocher des indignés français, voir ce qui existe, comment contribuer, tout ça. J'aime quand tes commentaires valent un billet à eux entiers :)
Pablo, pas encore reçu de mail comminatoire de mon hébergeur alors j'assume les terribles conséquences !
Et donc : merci de ton terriblement long commentaire.
Tiens, ici, la présentation est tellement loin de... bref.
Et luce, excellente la photo, ça valait le hoquet !
Oh, merci beaucoup, Anne (à en lire la note de la CGT sur cette grève, je suppose que la prime qu'ils réclament est une prime d'insalubrité, d'où les pancartes ; effectivement, l'assainissement des eaux ne doit pas être, par définition, une activité très salubre en soi...).
J'ai noté il y peu, avec l'idée d'un futur billet, l'expression "les yeux ouverts soigneusement fermés " pour évoquer des situations telles que tu les décris. A suivre...
J'aime ta colère et celle de tous ceux qui commentent .... J'ai encore très envie d'AGIR aussi mais bien souvent j'ai du mal à me remuer encore. Mon homme et moi on a déjà lourdement payé dans une période où peu de gens agissaient ; Mon homme a fait partie de ceux qui dans les années 1986 - 1995 se sont battus pour le maintien de la construction navale à La Ciotat . Il a fait partie des 105 IRREDUCTIBLES que l'on appelait "les chevaliers de la lumière " - qui ont résisté , résisté, occupé ce site industriel (je devrais en faire plusieurs billets de cette histoire qui m'a valu , suite à un passage de gauche à droite à la Mairie, de perdre mon poste comme 24 autres fonctionnaires territoriaux titulaires : mais heureusement on a gagné au TA) ; bref nous nous sommes battus et plutôt qu'une "marina" le site est resté industriel, transformé en réparation de bateaux de luxe ... petit gain, mais gain quand même : quand notre dernier est rentré sur le site comme charpentier de marine pour restaurer des voiliers - mon homme, le dur, avait les larmes aux yeux.
Tout cela, Anne, Luciole, Pablo et les autres, pour dire que je crois toujours à l'importance de l'action et de la résistance et que je n'en peux plus d'entendre "les marchés financiers"etc....
Ce qui me fait mal aussi c'est ce sentiment de responsabilité que j'ai devant les plus jeunes. Je me souviens avoir dit, sur un ton un peu sévère, à mon beau père qui critiquait les jeunes et la société (donc mes enfants) : "Oh! Papy, cette société ce n'est pas eux qui l'ont faite mais vous et nous " Ok, c'est une phrase un peu facile ... et j'aimerais tant arriver à changer ce monde !
je tente d'y voir un espoir, non ce n,est pas vrai que tous sont tournés vers un "mais Moi.." je pense simplement que ce discours n,est jamais ou si peu relayé que nous avons l,impression d,un repli général sur le "je". je pense au contraire que le grand cri des indignés de partout nous redonne un peu la parole. "Nous" avons raison, il faut juste le faire entendre un peu plus fort.
Bien tu voies bien qu’il ni a pas d’indifférence ! Je suis d’accord avec touts les autres commentaires. Puis je viens d’en apprendre plus depuis ton billet sur les personnalités de tes lecteurs et très agréablement surpris. Toi aussi tu ma surpris. Bonne soirée et weekend !
Chiboum, je t'aime.
Pablo, ça me paraît finement analysé en effet. :-D
K, hâte de lire, viens nous dire quand ça sera en ligne.
charlottine, oh oui, il faut que tu écrives ça, s'il te plait !
Moukmouk, alors haussons le ton...
julio, et bien si c'est une bonne surprise, tant mieux.
Voyelle, moi aussi, mon p'tit, moi aussi :-*
Au fait ! Et si le 2 on établissait un rétroplanning de notre révolution à nous qu'on ferait ? Hein ? Dis ?
Des bisous.
Ca marche, dom ! :)
Je ne suis pas une militante pure et dure mais j'ai souvent battu le pavé ! La manif qui m'a le plus marquée, car quelques jours après il y avait un résultat positif, est celle organisée par RESF pour empêcher la reconduite à la frontière d'une famille de kosovars. Il y avait tellement d'émotion dans cette chaîne humaine ...
De toute façon, il va se passer quelque chose à un moment donné, on ne peut continuer comme ça indéfiniment sans se poser de questions, sans réagir !
Non.
La colère, l'indignation, peut-être. La culpabilisation, certainement pas. Pourquoi devrais-je me sentir coupable des conditions de travail des grévistes que tu croises? Pourquoi devrais-je me faire écharper dans tes mots au motif que, de près ou de loin, je suis un peu cause de celles-ci?
Ton billet est juste tant qu'il s'efforce de raconter à tous ce que tu vois, pour que nous le voyions aussi, et Pablo a raison de te demander qui que quoi dont où. Mais je en me sens pas responsable des causes de leur mal-vivre et de leur mal-travail.
Je n'ai jamais jeté la moindre pierre au moindre gréviste, et je sais à quel extrémité il faut être arrivé pour faire grève. Pour autant, je ne vais pas prendre mon écharpe et aller me geler devant leur grille pour faire nombre, je me crois plus utile en philosophant. J'ai eu mon lot de combat, de défaites immenses et de victoires minuscules, et je me suis souvent trouvé seul à parler dans le porte-voix, comme un con au milieu de la rue. Maintenant je suis vieux, et le remue-ménage est pour les plus jeunes, il me reste à réfléchir au vivre ensemble, à la liberté, à la cité, à l'individu dans le collectif, au strict nécessaire et au superflu parfois plus important encore, et à mettre noir sur blanc les choses qui me viennent, et qui ont pris leurs racines dans ma mémoire et mes ratés.
Mais n'essaie plus jamais de dire que c'est ma très grande faute, sinon je sévis.
Nonmého.
Il y a quelques temps, je lisais un livre d'un boudhiste tibétain qui disait que le plus grand défaut de l'humanité, c'était son égoïsme. Et, c'est vrai que si on analyse les actions que l'on fait au quotidien (même les plus insigniantes), on se rend compte qu'elles sont souvent mues par notre égoïsme. Et à grande échelle, ça donne la société dans laquelle on vit.
Comme Andrem, je n'ai pas envie de battre ma coulpe. Depuis toujours j'essaie de respecter l'autre, de faire en sorte de lui rendre la vie plus belle. En ce moment j'ai juste envie d'être considérer comme un être humain par les clients de ma boite, mais même cela semble tout à fait utopiste. Je n'ai pas voté sarkozy, je me suis battue depuis mon plus jeune âge pour que le monde soit meilleur. Je suis aussi indignée lorsque j'entends et vois la façon dont on traite les travailleurs, mais comme Andrem, il m'est difficile de réagir après un billet comme celui d'hier, parce que j'ai honte de gueuler en restant ensuite dans mon train-train.
Chiboum, :heart: .
Merci de l'ouvrir !
Et de nous les garder ouverts, les yeux !
J'ai tendance pour ma part et de façon identique à ce qui a été dit plus haut à taire mes révoltes si elles ne sont pas suivies d'une action... je trouve ca tellement facile de vitupérer si je reste dans le même temps assise le cul sur ma chaise... d'où mon silence face à tes mots, qui ne signifie pas mon indifférence... Merci de gueuler, Anne, merci de dire, de continuer à dire ! :heart:
Il me semble que certains ou certaines d'entre vous ont une petite tendance à confondre responsabilité et culpabilité. Pour ma part, quand je dis que je me sens responsable d'une situation c'est que je sais que mes choix de vie, mes décisions, l'exemple que je donne à mes enfants (l'exemple est pour moi plus important que les leçons) peuvent influer, et doivent donc être conformes à un certain idéal de vie que j'ai délibérément choisi parce qu'il me paraît le plus juste et le plus humain.
Se sentir responsable c'est agir de telle manière que l'on reste fidèle à ses convictions . Etre coupable n'est pas être "responsable", c'est agir à l'encontre de ses convictions et surtout à l'encontre de ce que l'on sait être bien; alors quand je dis que je me sens responsable vis à vis des plus jeunes, je ne culpabilise pas, simplement je continue à agir, à vivre conformément à mon idéal, à croire que le monde peut encore s'améliorer, à ne pas baisser les bras. Alors ne croyez pas que cela passe par une manifestation quotidienne "banderole" en tête, j'ai passé l'âge ... Il suffit parfois d'oser dire à des copains, des collègues, que l'on n'est pas d'accord avec leurs positions , leurs allégations, qu'elles soient racistes, "petites bourgeoises",oser dire , comme Anne, que faire grève ce n'est pas une solution de facilité, c'est parfois le seul moyen que l'on nous laisse de défendre notre dignité, de défendre des droits que nos parents ont chèrement acquis...Il n'y a aucune honte à avoir Valérie "à gueuler en restant ensuite dan son train-train" : on ne peut manifester seul tous les jours, mais on a maintes occasions d'agir : ne pas les laisser passer celles là. Et je crois, Valérie (je suis ton blog, même si je commente peu) que dans ton travail et ta façon d'agir et de vivre et de témoigner, tu n'as aucune raison de culpabiliser.
Bon, assez pour aujourd'hui, Anne , je crois que tu as lancé un sujet qui m'a réveillée, peut-être un jour j'écrirai sur les combats que mon homme et moi avons vécus...
Suis occupée ailleurs mais je voulais répondre à Andrem : la culpabilité est en toi, ce n'est pas moi qui t'accable avec.
Et puis charlottine a merveilleusement résumé ma pensée :-)
Un peu facile, la pirouette, Anne. dans ton billet, je lis ce que je lis, je ne vais pas le chercher en moi.
''"vous là qui n'osez pas dire que les grèves ça vous indiffère";
"Vous la mesurez, la violence de ce monde du travail ? Ça ne vous fait rien à vous ?"
"Mais cette situation, ce crachage à la gueule permanent, c'est nous tous qui l'avons fait. Nous tous avec nos "mais moi, alors ?", notre tendance à faire passer notre intérêt juste un peu devant l'intérêt général."
''
Je peux continuer dans le copié-collé. En tant que lecteur, je suis interpellé, ton écriture est faite pour cela et avec quelle vigueur, et c'est ce qui ne me convient pas. Non par rapport à moi, je ne culpabilise pas et j'ai fait mon boulot en son temps, mais je n'aime pas qu'on dise du mal de l'homme. Je veux dire que je n'aime pas cela d'un point de vue philosophique, je ne suis pas totalement stupide et je vois bien les horreurs dont l'homme est capable.
Il n'empêche. Je suis un individu de cette espèce, et rien de ce qui est humain ne m'est étranger par le seul fait que je suis humain moi-même. C'est même la seule chose qui compte en dernier ressort. Nous ne sommes pas une espèce à la con, nous sommes juste une espèce, ni supérieure ni inférieure et dont la particularité majuscule, c'est la seule que je lui reconnais, est que c'est notre espèce à nous et qu'il n'y a pas de solution de rechange, un point c'est tout, alors faut faire avec.
Au lieu de brandir des invectives, il vaudrait mieux trouver des façons de vivre ensemble, et de se battre pour elles.
Pour cela, on a inventé la politique, les syndicats, l'écriture, la liberté de penser et de dire la pensée, les livres, l'imprimerie, le porte-voix, la grève, le blogue. Plein d'autres choses encore.
Qui ne s'usent que si l'on ne s'en sert pas.
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andrem,
C'est bien ce qui me fout en rogne. Qu'il y en ait pour se sentir humains à côté des autres et pas au milieu, comme tu le fais. Des pour qui ça indiffère, des pour qui tant que ça ne les touche pas eux ne se sentent pas concernés.
Tu me diras que par effet d'affinités, ce sont justement ceux que ça touche de la même façon que moi qui lisent, réagissent ici, et que du coup, ça perd son effet. Mais l'invective dans ma colère n'a d'autre effet que de rappeler : tous même galère. Dans nos côtés les plus médiocres comme dans les traits de génie.
D'où, le fait que tu le prennes si personnellement, justement, me saute aux yeux, car je ne te crois pas capable de ne pas t'émouvoir du sort de ceux qui seraient injustement traités, ici ou ailleurs. :)
Tiens, justement, puisqu'on en parle, je vais aller me faire voir chez les grecs.
Syntagma et Trapézoï sont dans un bateau.
andrem, fais comme tu sens, mais j'ai la sensation que tu sur réagis et que c'est un point à toi que ça touche, pas tant ce que je dis ou comment...