Les grosses
Par Chiboum le lundi 19 avril 2004, 18:45 - Si on refaisait le monde ? - Lien permanent
Je parlais ici de Marianne James il y a quelques jours. L'une de ses chansons m'a marquÉe, au delÀ de sa musique et de ses paroles.
La chanson s'appelle 3.14, le texte est de Laurence Boccolini (qui a fait des tas de choses bien avant le Maillon Faible, pour ceux qui ne le sauraient pas...). 3.14, rapport À la circonfÉrence, au tour de taille pour les plus obtus.
Voyez-vous, depuis qu'on se connaÎt pour les plus "anciens", j'ai perdu 17 kilos. Pas par diktat de la mode, parce que j'Étais plutÔt dans la catÉgorie "grosse qui s'assume trÈs bien". PlutÔt parce que le premier bÉbÉ devient un projet sÉrieux, et en future meilleure mÈre possible, je voulais avoir autre chose À penser, quand il serait lÀ , que les x kilos de grossesse + les x miens d'avant qui m'empÊchent de faire trois pas avec le rejeton dans les bras sans respirer comme un phoque.
Bonne conscience, quoi.
CelÀ Étant, n'allez pas m'imaginer svelte, leste et gracile, je reste une fille digne des sculptures qui nous viennent de la nuit des temps, avec des seins, des fesses, du ventre,... arrÊtons la liste. Mais disons que depuis, je peux m'acheter des vÊtements qui me plaisent dans des boutiques "tous publics" ;)
Bref, tout Ça pour dire que cette chanson m'a Émue. Parce que notre bon politiquement correct nous fait dire que ce qui compte, c'est d'Être bien dans sa peau. Qu'on peut Être grosse et belle (ce que je trouve, dans le cas de Marianne James en particulier !).
Mais que celles qui n'ont jamais senti une boule d'angoisse en essayant un pantalon, pourtant largement taillÉ, et en n'arrivant pas À le fermer, retournent À leurs revues fÉminines : elles ne pourront pas comprendre.
La chanson dit, en raccourci : "3.1416 c'est mon chiffre 13, la mise est minable et les jeux sont faits".
Et lÀ j'ai envie de pleurer en me disant que mÊme tout le talent, ou toute l'intelligence du monde, n'Épargneront pas ces bouffÉes de mal-Être, À cause d'un regard en trop...
Triste non ? Je disais À RaphaÀ«l l'autre jour : "l'essentiel est invisible pour les yeux"... douce illusion sans doute, mais dans mon monde idÉal, personne n'aurait À se souvenir de cette phrase pour y adhÉrer.
A bon entendeur...
Bonne journÉe quand mÊme !
Anne
Commentaires
Je suis entièrement d'accord avec toi; Bien que j'ai eu la chance de n'avoir jamais souffert de mon physique, je sais néanmoins ce que signifie "porter une différence et supporter le regard que les gens jettent négligeamment dessus avant même de vous connaitre." Cette chanson je l'ai entendue il y a déja un an ou Marianne James la chantait pour la premiere fois, et depuis ce jour, je n'ai eu de cesse de la chercher car meme si ce probleme n'est pas le mien, ces paroles m'ont immédiatement et violemment touché au plus proffond de moi. Je suis heureux qu'aujourd'hui elle sorte enfin du placard ou elle était rangée et qu'on puisse enfin la découvrir. Probablement que beaucoup de monde n'en percevra pas le sens, mais peu importe, l'essentiel est que des personnes concernées, elles, le comprennent et sachent que ce qu'elles ressentent au font d'elles, d'autres aussi le ressentent et le respectent. La premiere chanson sur ce "theme" qui m'ait tiré les larmes, c'est une chanson de Jewel, une chanteuse américaine, dont le titre un peu brut mais chargé de beaucoup de tendresse est "fat boy", et dont les paroles sont d'une justesse et d'une force remarquable (le probleme est qu'il faut parler anglais, mais j'entreprendrai peut etre d'en faire la traduction...) En tout cas, je souhaite bon courage a quiconque lutte (pour lui ou pour les autres) contre cette mise sous plastique de l'être humain et qui revendiquent à juste titre la place de tous dans ce monde. (k)