Je lisais hier midi Libé de la veille que des bouchons, le bébé, le dîner, la fatigue m'avaient fait négliger.

En dernière page un portrait de Dominique Sanda me projette quelques années en arrière.

Je me souviens d'une VHS, un film enregistré par mes parents. "Le voyage en douce", un film de Deville.

C'était comme ça à la maison, rien n'était vraiment hors de portée des enfants puis adolescents. Je crois qu'ils nous faisaient confiance pour choisir nos livres, nos films en fonction des questions du moment, de nos évolutions. Mettons que la hauteur des étagères aurait pu être un critère d'accès à certaines choses, tout au plus.

Enfin je dis rien, peut-être qu'il y avait une cachette, justement, de ce qui aurait pu nous abîmer. Mais ils nous faisaient confiance pour piocher, reposer, interroger.

J'étais sans doute adolescente, une quinzaine d'années.

J'ai vu ce film, cette fugue provençale de quelques jours de deux femmes en quête d'elles-mêmes. Des Thelma et Louise qui seraient rentrées sagement auprès de leurs maris. Dominique Sanda, sa blonde candeur pas si innocente et Géraldine Chaplin rieuse et triste (on échappe pas à ses gènes...).

J'ai un souvenir de chaleur touffue de pays chaud, de désir éveillé, d'envie de siestes ombrageuses.

Un souvenir de langueur d'après-midi au soleil, où on fermerait les yeux et où l'on ne saurait plus si celui qui apparaît en écho à notre désir est rêve ou réalité.

Une sensation un peu coupable de regarder un film pas tout à fait sage.

Tout cela m'est revenu d'un coup en découvrant la dernière page de mon journal.

Je me demande si j'ai envie de revoir ce film ou pas, s'il doit rester dans sa cage aux transgressions adolescentes ?

Parce que ça colle bien à l'ambiance (merci CharlElie) :