C'EST PARTI TOUT SEUL
Par Chiboum le mercredi 26 mars 2008, 08:00 - Sur une idée de... - Lien permanent
Ma chère Junko me demande ce que, du haut de mon statut de jeune maman, je pense des châtiments corporels.
Sujet épineux s'il en est qui entre dans la catégorie du "avant j'avais des principes, maintenant j'ai des enfants".
Pour re situer le débat, j'ai souvenir d'une fessée et d'une gifle dans ma carrière d'enfant. La fessée complètement imméritée, la gifle partie toute seule sur un phénomène notoirement connu d'épuisement d'un parent par un adolescent pas forcément complètement en tort, mais bien agaçant.
Je m'en souviens sans doute parce que ça a été rare, et que je n'ai pas grandi dans un environnement violent, ni en gestes, ni en paroles.
Alors bien sûr, aujourd'hui, j'ai envie de tendre vers le zéro geste de trop.
D'abord parce que, vis-à-vis d'un enfant (mais aussi d'un adulte), taper, ça veut dire n'avoir pas trouvé les mots. Ce n'est pas ce que j'ai envie d'apprendre à ma fille, ce n'est pas non plus mon tempérament d'avoir la main leste. Ce n'est pas le mode de communication que je souhaite d'elle à moi, même exceptionnellement. Je n'ai pas non plus envie de perdre sa confiance, ou de fausser sa vision du monde sur un geste de ce genre.
Alors certes, parfois on a envie de balancer ses enfants par la fenêtre, parfois on est envahi par une colère ou une fatigue qui semble insurmontable. Et j'imagine très facilement que devant la énième crise de "je me hurle par terre en hurlant" (on est un peu en plein dedans, d'ailleurs, cette enfant fait montre d'un caractère certain, ces jours-ci. Il paraît que c'est signe de bonne santé, au demeurant...), il arrive qu'on dérape.
Tout est dans ce "il arrive". Si c'est deux fois dans une vie d'enfant, ça n'est pas bien, il faut tout remettre à plat ensuite, expliquer qu'on est pas infaillibles, donner à l'enfant le temps de reconstruire sa confiance, sans peur. Mais ça se gère.
Ce qui m'effraie par dessus tout, c'est que le "ça arrive" devient régulier, récurrent, mode de sanction immédiat.
Vous en voyez tous les jours, comme moi. Un gamin qui piaille dans une file de supermarché, dans la rue. Qui fait une bêtise, petit ou grosse. Et paf. La baffe, la fessée. Sans sommation. Combien dans la journée ? Sans parler de ceux pour qui ça ne se voit pas. Ca se passe une fois la porte refermée. Et ça n'en laisse pas moins des traces vivaces.
Ca me terrorise. Quels enfants fabrique-t-on, quels adultes deviendront-ils ? Et la frontière est très très mince entre le "ça arrive" et le "souvent".
Alors, après réflexion et exercices pratiques, j'essaie de faire en sorte que ma colère vis-à-vis des colères ou bêtises de ma fille ne prenne pas une proportion incompréhensible pour elle.
Autant je ne cède pas sur les chapitres essentiels, et elle commence à connaître la ritournelle du "je te laisse faire ta colère dans ta chambre, tu reviens me voir quand tu seras calmée", quitte à me blinder un peu (tout en gardant l'oreille attentive !) sur ses pleurs et ses tentatives de se faire vomir pour attirer ma pitié. Ca fonctionne, la plupart du temps, et permet à tout le monde de se calmer avant d'enchaîner sur une explication du pourquoi hurler ne sert à rien et apprendre à contrôler ses frustrations est important.
En espérant que jamais je ne passerai le cap où "c'est parti tout seul". Parce que ça serait pour moi un constat d'échec. Parce que je ne saurais plus regarder ma fille en face, ni moi, je pense, d'avoir prôné le dialogue sauf quand c'est trop dur pour moi.
Il me semble qu'autorité et violence, même occasionnelle ne sont pas synonymes du tout. La preuve, d'ailleurs, c'est que j'ai eu une éducation plutôt très autoritaire mais pas violente ! Et que ne pas considérer que la gifle ou la fessée sont inévitables ne sont pas une preuve de laxisme (bien que parfois, si, mais ça dépend des gens). On peut être ferme sur les prix sans lever la main, j'en ai la certitude.
La patience est, on ne le dira jamais assez, la plus grande vertu des parents.
(Je profite de cette requête pour embrasser très fort une de mes sorcières ordinaires à qui je pense tous les jours, ainsi qu'à ses princesses).
Commentaires
Tout à fait d'accord, la violence n'est jamais une bonne réponse. On entend parfois "il/elle ne comprend que ça", mais c'est parce que c'est la seule "langue" qu'on lui a appris. C'est parfois dur de ne pas y recourir car c'est une solution de facilité, mais qui ne règle rien et ne fait que différer les difficultés.
Gilles Aitte, c'est malheureusement faute d'en "parler d'autres" que les parents concernés n'arrivent pas à s'exprimer autrement...
Mon époux fuyait toute recherche de discipline 8-I ,ce que les enfants exploitaient A FOND :-E . Alors oui, les gifles voltigeaient,Dom savait parfaitement me mener à la rupture,aucun dialogue ne l'atteignait,le son de ma voix pas davantage alors que l'ainé sentait venir l'orage rapidement T-T Dans notre enfance mon frère et moi avons connu notre mère toujours avec la migraine,je ne bougeais pas, mon frère lui ,poussait à l'extrême l'endurance maternelle qui distribuait généreusement les baffes,étant l'ainée ma dose était plus "riche". J(
Je trouve cette note parfaite. Mesuree, tolerante, parfaite.
On va dire que sur ce chapitre, on doit se compléter car dans mon mode de fonctionnement, il y a des échelles et ça peut aller jusqu'à la fessée.
En gros, j'explique et je réexplique 3 fois si il le faut et de manière différente. Au bout de la quatrième, je commence à sanctionner (pas de tétine ou pas d'argent de pôche, ça dépend des âges lol) et si il y a récidive, je peux aller jusqu'à la fessée.
mume, autant de parents, d'enfants et de situations différentes que de dogmes, de toute façon, en matière d'éducation !
drenka, oui, enfin là c'est de la théorie, hein. Des fois je me fâche toute rouge quand même !
L'Amoureux, j'adore ton "pas de tétine ou pas d'argent de poche" ! En espérant qu'à 15 ans, si on la prive de tétine, ça la fera rire, au moins !
Il y a pas tant que ça, la fessée, la beigne, le martinet, ou les coups de ceinturon c'était encore considéré comme absolument normal. Comme il a été normal d'envoyer les enfants à la mine, dans les armées, ou de les vendre!
On est bien loin de tout ça, et c'est tant mieux.
N'empêche que quand l'épuisement ou le coup de sang nous prend, j'imagine qu'une beigne a 2 effets instantanés et opposés.
Ca soulage, et tout de suite on se sent coupable. :-o
Ceci dit, je crois que les enfants perçoivent très bien aussi "l'état d'esprit" du parent qui leur a collé une baffe. Ils identifient s'il y a abus de pouvoir, épuisement parental, ou punition en accord avec une sorte de grille des principes à ne pas transiger.
Je crois qu'il n'y a pas de bonne méthode, et qu'en plus de la vertu de patience, tous les parents doivent se préparer un jour à faire face aux reproches qu'ils se feront à eux-même.
Malheureusement, certains n'y arrivent pas, ils préfèrent s'en venger sur leurs gosses, ou leur chien. T-T
LaVitaNuda, tout est là : dans la notion de "se venger sur", je crois (je crains)...
J'ai réussi a passer à travers la formation de trois enfants sans avoir à donner de coup. J'ai toujours réussi à me contrôler. ouf! parfois ç'a été très juste! Frapper c'est manquer de mots. Tu as raison, et je ne connais pas de cas où c'est utile.
C'est comme la prison pour les adultes. On doit isoler certains malades qui sont trop dangereux. Mais punir par la prison ne fait que provoquer une nouvelle rupture avec le groupe d'humain, et de nouvelles catastrophes.
Nous sommes quand même de drôles d'animaux, Moukmouk, incapables de vivre sans les autres mais tous, à un moment ou à un autre de notre vie, presque tous confrontés à une grande difficulté à vivre avec eux...
Looooonnnng soupirs...
J'en ai reçu, j'en ai donné. Et plus du tout. Je suis farouchement contre. Il y a toujours une autre solution. Pourtant, parfois, c'est pas l'envie qui m'en manque. Mais quand je pense à tout ce que je vis et que ça entraîne, je me retiens. Et je trouve toujours une solution différente et aussi efficace.
Les gens confondent souvent deux choses, enfin plusieurs. On peut très bien être autoritaire sans donner de coups. on peut très bien donner des coups, sans être autoritaire. les enfants ont besoin de limites, pas de coups. Se faire aimer, ce n'est pas tout permettre. Tout permettre n'apporte pas l'amour des enfants, juste, plus tard, le mépris. Donner des coups n'est pas non plus se faire aimer. Juste plus tard, une désespérance de l'enfant, un comportement suicidaire, craintif. L'adulte qui fut un ancien enfant battu n'est pas un adulte équilibré, sauf s'il a fait le travail nécessaire.
Pour ce que j'en pense sur le fond, on peut se rapporter à mon blog, section mots dits maux.
Tiens, by the way, je viens de recevoir une assignation en justice de la part de mon cher mari qui ne demande rien de moins que le retour des enfants au domicile conjugal, la garde de ceux ci et évidemment de l'appartement. On croit rêver.
Akynou, oui, on se fait écho sur le "on peut très bien être autoritaire sans donner de coups" (et vice versa).
Je dois dire que ce billet résume mes principes d'avant, mais quand Junko m'a sollicitée dessus, le fait de le réfléchir et de forcément penser à toi et aux filles m'a encore confortée dans ces positions.
Quant au reste... oui on croit rêver. Enfin cauchemarder, plutôt. Comme quoi c'est pas le fait d'avoir reçu des baffes dans son enfance qui lui aura mis du plomb dans la cervelle, à ton cher mari.
En ayant de nombreuses fois fait l'expérience dans mon enfance (nan, c'est pô vré je suis toujours aussi têtu voir même plus) et bien que je n'en fasse pas partie, il est, parait-il, des terres brûlées.. rhâ zut c'est pô ça, des adeptes de la fessée et autres châtiments corporels. Trop ne mène à rien et peu suffit-il ? Bref chacun y va de son vécu et de son ressenti et ça participe de l'expérience... bonne ou mauvaise, mais la perfection existe-t-elle ?
La baffe ça aurait pas un petit goût de "transfert d'incompétence" ^^
dom, clairement, non ! D'une certaine manière, heureusement, ce sont aussi sur les failles que nous nous construisons ! Et pourtant, je ne dis pas ça parce qu'après avoir été une fille parfaite (ahem) je suis une mère parfaite (double ahem !).
K, boudiou, on a frisé le transfert d'incompétence, n'empêche, ce soir ! Je me demande de qui cette gamine haute comme trois pomme tient ce caractère... euh... comment dire ? Affirmé, voilà, on va dire ça...
Anne le billet a de l'écho... :-T Quand il m'a fallu chercher d'urgence un boulot après le décès de mon mari. J'ai trillé mes compétences et banni loin de moi un job auprès des enfants soit entre (1 et 12 ans!) 8-I Le tout petit frais du jour ça va et l'ado aussi :-x entre les deux j'évite. Dom et moi savons bien qu'en ce moment il y a auprès de nous un bonhomme qui l'agace autant que moi, et que des fois ...hein pas du tout c'est pas assez ! 8-I
Je suis opposée à la fessée et je n'ai pas encore eu à la pratiquer.
Je considère également que c'est un signe d'impuissance et que ça engendre de la peur en plus de justifier la loi du plus fort !
La fessée soulage (temporairement) la frustration de celui qui la donne mais n'a sans doute pas d'autre effet sur l'enfant que de le faire arrêter (et encore ! souvent, c'est le contraire qui se produit).
Personnellement, je n'ai rien appris des (rares) fessées de mon père si ce n'est une espèce de mépris (il abuse de sa supériorité physique) mêlée de peur et de haine. Je ne pense pas que c'était là le but recherché !
En passant, je me permets de conseiller la lecture de "Il n'y a pas de parent parfait" d'Isabelle Filliozat.
Je n'ai pas d'enfant propre (ni sale :-P )sur lequel exercer mon autorité naturelle mais fort expérimentée en matière de "bornes des limites à ne pas dépasser" je suis très entrainée au retiens-la-baffe!
Ceci étant dit, des quelques rares tartes reçues de mon père étant enfant, j'ai appris que ce dernier n'était ni infaillible ni parfait (et ça je le savais déjà ;-) ) Je crois qu'il ne faut pas exagérer non plus la portée du geste lorsqu'il est commis dans ce fameux "c'est parti tout seul". Ça arrive, oui c'est pas bien et y'a pas de quoi être fier, mais bon, y'a pas non plus de quoi en faire une tragédie grecque. Il y a aussi des parents qui font beaucoup de tort à leurs enfants en leur laissant faire tout et n'importe quoi par peur de faire acte d'autorité...
Et je finis en faisant un spécial bisou à Akynou (k)
mume, oui, des exemples de pas du tout c'est pas assez (ou encore trop), j'en vois quelques uns !
Jenny, comme toi il me reste de ces rares expériences quelque chose de... méprisant est fort, mais le souvenir d'avoir constaté une insuffisance à l'instant t, mettons ! Merci pour le conseil !
Heidi, ah mais il n'est pas question de ne pas faire preuve du tout d'autorité ! D'autant que dans notre cas, on parle d'un enfant de pas deux ans, qui n'a pas du tout les mêmes outils pour analyser les manques de nerfs de ses parents qu'un plus grand. Et dans tous les cas, je pense que quand c'est "quelques tartes", les parents concernés ont essayé plusieurs choses avant de craquer !
Je me découvre aussi bien autoritaire, plus qu'il ne me plait parfois mais je suis d'accord avec la notion de non-violence. Pour moi avec le cri commence l'échec, si je crie, je suis en faute, toujours garder son calme, pas facile lorsque l'on est fatiguée! IL m'est arrivée une ou deux fois de penser: "Ouf, là elle mériterai une gifle!!!" J'en ai moi même reçue plusieurs au cours de mon enfance mais comme toi, si j'en donnais une, je me sentirai bien mal! Je crois beaucoup en la communication et la compréhension de l'enfant. Chez nous, c'est la salle de bain comme punition. Mais la mienne ne fait pas grosses crises, elle fait de résistance passive, elle nous ignore quand elle est frustrée! Pour moi la clé est la constance, si les enfants sentent la constance, ils ne dépassent que rarement les bornes...
Etolane, je crois aussi qu'il faut se faire une raison : ça fait partie du mode de construction normal d'un enfant que d'essayer de les dépasser. Tout ceci à croiser avec leurs caractères propres et ceux des parents, bien sûr !
Mais je t'envie la résistance passive, ça vrille moins les oreilles !
Ce billet me rappelle un billet que j'ai en tête depuis fort longtemps. Répondre à ta si jolie note me prendrait trop de place - vais devoir mettre un coup à mon billet qui trotte dans ma tête. Un peu de patience et des bisous
Je patiente, alors, ma jolie namfarang !
Anecdote qu'on m'a raconté ce midi vécue par une des mes collègues.
Le jour où elle a fait pour la 1ere fois à sa fille d'à peine deux ans les gros yeux et dit d'une voix qui se voulait grosse et sévère "ça suffit maintenant hein !", la petite est partie dans un éclat de rire incroyable. Comme quoi, vraiment, c'est pas tous les jours faciles hein ;-)
(et pour l'autorité j'en doutais pas - en plus j'ai lu le comm' de l'Amoureux hein :)) )
:lol: je suis bien d'accord il faut accepter ces minis caractères qui sont nés de nos gènes! La résistance passive est moins bruyante mais tout aussi rude sur la patience! La mienne peut être aussi butée qu'une mule (bon c'est sur quand on connait les parents :lol:) du coup tu te répètes constamment et elle s'en fout comme de l'an quarante, j'ai souvent la subtile sensation de pisser dans un violon! Mais je pose les limites, elle les teste et je tiens ferme mon bout, c'est le seul moyen de ne pas me faire manger toute crue! :lol: Pis le truc qui tue c'est lorsque pour bien montrer son potentiel d'opposition elle s'amuse à m'appeler par mon prénom plus souvent que cela ne me plait!!! J'te jure! On a pas finit d'en voir! ;)
Etolane, oui, chacun à leur façon, ils trouveront de toute façon manière de nous signifier qu'ils sont des petites personnes bien individuelles et plus nos bébés fusionnels. Enfin, plus tout le temps ! Courage avec la tienne aussi, alors !