J'aime peu la poésie, ou plutôt, je suis trop paresseuse pour la lire comme il se doit, donc ça revient presque au même.

L'autre jour je faisais des recherches sur des poètes engagés (politiquement) pour le boulot, dans l'idée d'un projet pour plus tard, et ça tombe bien parce que mes poètes préférés sont souvent des hommes engagés (Desnos, j'en ai déjà parlé ici).

Et en tombant sur ces mots, je me suis souvenue comme j'ai eu du plaisir à lire Louis Aragon, le fabuleux amoureux.

Alors je partage :

Les mains d'Elsa

Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé

Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fuit de partout dans mes mains à moi

Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tressailli

Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet des sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots

Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu

Donne-moi tes mains que mon cœur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.

C'est beau hein ? C'est cadeau.