Notre cher dériveur, donc, nous remplissait de joie pendant la période estivale, mais pas que.

Car nous avions souvent des invités.

Et ces messieurs aimaient prétendre ne pas aimer faire bronzette sur la plage pour venir avec nous dans de folles aventures maritimes. Enfin presque.

Ainsi mon parrain.

Mon parrain a été surnommé Pacha par sa propre mère, c'est vous donner une idée du personnage. Et pourtant, en bonne mère juive, elle a certaines indulgences pour ses fils, hein !

Bref, Pacha Parrain, ami de Papa depuis qu'ils se sont usé les fonds de culotte sur les bancs de la sixième, ça date, voulait absolument jouer les marins d'un jour.

Sauf qu'il est un peu plus habitué aux bateaux "promène-couillon" où on ne fait que regarder le paysage qu'à notre frêle mais néanmoins tonique embarcation.

Déjà, moi, douze ou treize ans, 45 kilos toute mouillée (pas la peine de me faire remarquer que ça a changé depuis, je suis au courant), face à deux quadra bedonnants, autant vous dire que pour des questions d'équilibre, c'était moyennement drôle. Et donc qu'il était dévolu à mon cher parrain, pour évite une gite disproportionnée, le rôle d'équpier, j'en étais réduite à celui, honni, de passagère.

Sauf que mon pacha parrain, il aurait préféré se la couler douce et bronzer tranquillou, dans une petite brise de fin de journée. Chose un peu difficile en la circonstance.

D'où engueulade monumentale entre pacha parrain et papa.

Moi me faisant aussi petite que possible, dans un bateau qui, je vous le rappelle, ne mesure que 4 mètres 20. Dans un endroit où en été, il vaut mieux faire attention aux guignols en bateaux à moteur, qui se foutent bien de la priorité aux engins à voiles...

Et mon parrain de lâcher "De toute façon je ne remettrai jamais les pieds sur ton bateau de merde" (ouh d'abord il était à moi, pas à mon père, et c'était un fier navire, pas du tout ce qu'il avait dit).

Nous fîmes donc escale sur la plage de la Ponche, à Saint Tropez, le temps de reprendre nos esprits et quelques épines d'oursins dans la plante des pieds.

Pour information, nous étions à exactement 3 kilomètres de notre point de départ (et de retour) par la mer. Ce qui est un peu long à la nage pour un quadra bedonnant. Et environ 12 kilomètres à pieds.

En maillot de bain, t-shirt, pas un rond. Pas de chaussures, non plus, pour affronter le goudron bouillant.

Et là mon père, finaud, machiavélique, immonde, mais boudiou que j'ai ri, d'asséner la phrase qui tue à parrain pacha : "bon ben tu rentres à pieds où je demande à ta femme de venir te chercher en voiture ?".

Il est rentré avec nous, en faisant l'équipier modèle.

Et a remis les pieds sur le bateau, quand même.

Mais il continue à préférer les plus gros, où on peut bronzer peinard sans avoir à faire trop d'efforts.

Et nous, avec Papa, à chaque fois qu'on repense à cette histoire, on rit, mais on rit !! Lui prétend ne pas se souvenir de cet épisode...