J'aime mon quartier. Plus j'y vis, plus je l'aime.

Pourtant ça n'est ni un centre-ville, ni le coeur de Paris.

Pourtant les immeubles sont moches et c'est plein de béton partout.

Mais que voulez-vous...

Un concert gratuit sous mes fenêtres pour la fête de la musique, j'aime ça.

Entendre les rires et les cris des enfants dans les cours de récré de la maternelle et de la primaire sous les mêmes fenêtres, j'aime ça.

Doubler le temps des courses parce qu'on papote avec les inconnus séduits par notre Cro-Mignonne et les connus avec lesquels il faut échanger les dernières nouvelles, j'aime ça.

Sortir l'après-midi au square et voir une sorte de tribu Benetton s'ébattre sans se battre, me faire alpaguer par une beurette haute comme trois pommes qui a envie de caresser les pieds tous doux de ma fille, papoter un peu avec les mamans et regarder les plus grands se prendre pour Zidane, Henry ou Makelele (bizarrement aucun ne veux faire Cissé, ils le trouvent sans doute un peu fragile), j'aime ça.

Trouver une super nounou toute gentille dès le premier rendez-vous sans le moindre mal, dans l'immeuble face au notre, j'aime ça.

Mettre le nez à la fenêtre au coup de sifflet à la fin du match et voir les sauvageons sortir en hurlant de bonheur, en riant et chantant et improviser une fête endiablée dans le fameux square, j'aime ça. J'aime les voir enthousiastes, motivées. J'aime voir qu'ils n'ont pas besoin d'un cynisme de bon aloi qui leur fait dire que les bleus sont foutus avant de commencer à y croire : depuis le début, on vibre aux "Zidane Président", dans le quartier, parce que le rêve il ne faut pas le prendre du bout des lèvres avec eux. J'aime vraiment ça. Même si ça fait du bruit la nuit.

Bien sûr j'aimerais qu'à côté du grand commerce il y ait un peu plus de petits commerces. J'aimerais ne pas devoir aller jusqu'au centre-ville pour un vrai marché. J'aimerais encore plus de vert. J'aimerais moins de bouchons pour aller ailleurs. Mais au fond, je m'en fous un peu. Enfin c'est moins important que le reste, en tout cas.

On rigolait l'autre jour avec L'Amoureux parce qu'il y a quelques appartements à vendre dans notre quartier (forcément, c'est un des seuls endroits à moins de dix kilomètres de Paris où on peut encore acheter à un prix "normal", alors ça tourne, ça tourne...), on se disait qu'il faudrait convaincre nos copains de venir s'installer pour faire une sorte de Friends géant.

Et puis on ferait des pique-nique la nuit dans le square, parce qu'après tout, il n'y a pas que les minots qui ont le droit de s'amuser, dans ma cité.