Pour les curieux qui se poseraient la question après ce billet, P. et moi avons repris contact il y a quelques années et avons décidé d'oublier notre dernière conversation.

L'Amoureux a fait connaissance avec sa femme lors d'un voyage en France, une accorte blonde très gentille (et je n'aime pas dire du mal des gens, pourtant). Elle a aussi la particularité étrange pour une scandinave de parler l'anglais avec un solide accent irlandais.

Je parle parfois avec P., sur MSN (et d'autres fois, quand je le vois je reste cachée "hors ligne"), la dernière fois le jour où vous avez lu ce premier épisode. On s'est dit que c'était bizarre de penser que nous nous connaissons depuis plus de dix ans. Que c'est inimaginable à quel point nos vies ont changé depuis. Qu'eux, au bout de 6 ans de mariage, n'ont pas de projet de bébé, juste le chien... (et je me marre d'imaginer son rire et ses sarcasmes anglais -il l'est, anglais - et il se fout de mes fautes en idiome shakespearien, certaines choses changent et d'autres pas).

Donc pour en revenir à nos moutons, cinq ans après m'être fait ravager, piétiner avec des chaussures à clous, piler le coeur en petits morceaux, j'ai rencontré "en vrai" L'Amoureux, avec qui j'échangeais des mails depuis quelques années. Quand, à l'époque, il s'étonnait que je résiste à le rencontrer, je pense tout simplement qu'en dehors de tous les prétextes invoqués, ça n'était pas le moment. Même si bien sûr, j'étais loin de me douter de ce qui allait se passer.

C'est vrai que j'étais une abonnée aux formats "grand ours" à l'époque (ah Moukmouk !!!) - peut-être pas aussi poilus, et les gens plus âgés que moi, en règle général. Alors ce petit jeunot taillé comme un cure-dent, je n'y pensais du tout, mais alors pas du tout comme à un amoureux potentiel.

Et pourtant c'est bien ce qu'il est devenu. Et peut-être parce qu'il ressemblait si peu à cette idée que je me faisais de l'Ours Charmant, ça s'est tout de suite bien passé. Cette espèce d'évidence qui fait que vous avancez, confiant, en vous étonnant de ne plus trop vous poser de question, vous voyez ?

Mes amis s'étaient envolés aux quatre coins de la France, voire du monde, nos premières années avec L'Amoureux, un peu beaucoup fusionnelles, ont fait en sorte que je ne souffre pas trop de leur absence relative.

Petit à petit et doucement, j'ai recommencé à trouver que l'humain avait des choses à offrir et j'ai posé là, sans me retourner pour la regretter, mon armure de cynisme désabusé.

(A suivre)