Il y a quelques matins, dans l’affolant ron-ron des voitures qui se poussent péniblement vers les-grandes-tours-pour-travailler-dedans, il y avait comme voisine de moi une nénette en Smart noire (et je hais les conducteurs/trices de Smart qui croient que le code de la route, c’est juste pour les autres, se garent à la « porte nawak » sous prétexte qu’ils ne prennent pas de place et arborent l’air auto-satisfait des fans de Delerm qui ont compris toutes les subtiles allusions du texte).

Bref, ma nouvelle voisine de voiture pour au moins 5 minutes vu le bouchon, elle avait tout l’attirail. Même à travers ma vitre, je pouvais voir que son tailleur lui avait coûté, approx’, un mois de mon salaire. Sa chemise blanche immaculée ne faisait pas un pli, col sorti (mais pas une pointe dedans, une dehors, version Pest@Couettes est de retour), manches élégamment retournées sur la veste.

Elle avait l’oreillette Dent Bleue* qui va bien, la Mûre** à la main parce que le temps, c’est de l’argent.

Elle était toute proprette dans sa Smart et moi j’écoutais ça bien fort.

Mais vraiment bien fort, hein.

Alors j’ai ouvert ma vitre pour lui en faire profiter, histoire de décoiffer un peu ses jolis cheveux blonds bien rangés. On ne sait jamais, peut-être était-il encore temps de la sauver ??

COMME ELLE VIENT – NOIR DESIR

En Public

A se changer en roi
A hurler à la lune
A traquer la fortune
Tout ça pour traîner son poids

Au risque de s'y plaire
Au moment de s'y croire
Sonnez les courants d'air
Faites donner l'exutoire
Il faudrait qu'on s'élève
Au fond il a d'la classe
Ou alors qu'on prenne la sève

Comme elle vient
Encore et encore

Tu la vois la belle bleue
Des feux de l'artifice
Et tu la sens même un peu mieux
A la faveur d'une éclipse
On voit du jour au lendemain
Que ça ne s'invente pas
Instantanément comme ça
Reprendre de volée d'aussi loin

Comme elle vient
Encore et encore

Comme elle vient
Comme on peut
C'est cruel et sans fard
Ça choisit pas, merci pour eux
Comme une flèche
Comme un pieux
C'est bon pour la mémoire
Ça vous fait quoi d'être au milieu ?
Hé camarade
Si les jeux sont faits
Au son des mascarades
On pourra toujours se marrer
Et tout le long des courants d'air
On voit des amoureux
Que savent encore changer leurs nerfs
En un bouquet délicieux
On en aura des saisons
Des torrides et des blêmes
Je peux encore garder ton nom
Je peux aussi dire que je l'aime

(*Ca m’amuse si je veux, les traductions des noms de marques.)

(** Idem)

(Avec une pensée pour M. à qui j’espère offrir un sourire complice si elle passe par là).