Depuis le six mai, si j'en crois ce que je vois à la télé, le président de la République a du accomplir en courant lors de ses fameux joggings à peu près trois fois la distance Terre-Lune aller-retour.

Grand bien lui fasse au demeurant, qu'il court ou pas, je dois dire que ça n'est pas le sujet qui m'intéresse le plus.

Mais pourquoi cette soif médiatique du mollet présidentiel ? Qu'est-ce que cet exercice apporte à l'information ?

Voudrait-on me tendre, à moi citoyenne ébahie, l'image d'un président jeune, sportif, bien dans sa tête et bien dans son corps, qui ne néglige pas l'un au profit de l'autre ?

Cette image de saine santé, si j'ose dire, ne serait-elle pas le suremballage à jolies couleurs dans lequel on emballe un produit qu'on aurait pas acheté sans ?

Pourquoi vouloir à tout prix mettre l'accent sur ce côté nouveau d'un président qui prend soin de son corps ? Qu'est-ce que ça m'apporte à moi ?

Moi, les suremballages, ils me gavent. Ca ne passe pas dans le vide-ordure, il faut les descendre dans les poubelles idoines, l'une pour le plastique, l'autre pour le papier. Ca consomme des ressources, de l'énergie, et ça m'empêche d'accéder tout de suite à ce dont j'ai besoin : le contenu.

Pareil pour le président. Il y a suffisamment de jeux du cirque dans les médias pour distraire ma faible pensée du contenu crucial qui devrait l'occuper.

Pourtant, je suis presque sûre que ces joggings matinaux ne sont pas étrangers à une côte de popularité annoncée comme fantastique.

Ca me gène, ça me gratte, ça me perturbe.

Je crois de plus en plus n'être pas tellement bien programmée pour cette société qui s'extasie devant un emballage plutôt que pour ce qu'il contient...