Ma fille adorée,

Je te regarde pousser, et tu m'envahis de ta joie de vivre, de ton intensité, de ton ardeur, de tes rires, de ton intelligence et de ta craquouillerie permanente.

Il suffit que tu poses ta tête contre moi pour nos séances de câlins, nos "Oggy position" pour me sentir apaisée et bien à ma place dans le monde.

Les choses vont se compliquer, inéluctablement. Les frontières de ton monde vont s'éloigner, tes soucis, tes préoccupations changer, devenir plus lourds à porter, parfois.

Il y aura des moments où on va s'exaspérer, des moments où tu me diras que tu me détestes. Il y aura bien sûr encore des rires, de l'intense complicité.

Puis viendra le temps où tu seras adulte à ton tour, et pourtant, toujours mon enfant.

Ce que j'aimerais réussir, comme tes grands-parents l'ont fait avec moi, c'est cette possibilité de communication, de se dire, si on le choisit, ce qui nous allège comme ce qui nous pèse.

Que les jours de grosse peine, de choses trop lourdes à porter seule, tu puisses, comme je le peux avec mes parents, prendre ton téléphone et dire "j'ai mal à ma vie". Et que tu puisses entendre, comme moi, des "je t'aime" en pagaille, des "t'inquiètes pas ma vieille, on est là, on est pas loin". Et savoir que je serais pour toi plus qu'une mère, une maman, à vie, que tu ne te sentes jamais jugée et toujours épaulée, que tu te sentes libre de me dire ce que tu veux, quand tu le veux. Sans obligation, mais avec la certitude que tu seras entendue.

Comme je t'aime, ma fille. Comme j'espère que tes larmes ne seront jamais trop amères...